Quatre jours après le début de la rentrée scolaire à Mayotte, Élisabeth Borne est venue faire le point sur la situation ce jeudi 30 janvier en visitant plusieurs établissements scolaires. La ministre de l'Éducation nationale s'est d'abord rendue à l'école primaire T17 à Dzaoudzi-Labattoir où elle s'est prêtée aux questions des élèves. "C'est quand qu'on va aller à l'école du matin à l'après-midi ?", demande une enfant, alors que de nombreux établissements organisent des cours par demi-journée, pour mutualiser les salles de classe. Un système déjà en place à Mayotte, mais qui s'est intensifié avec les dégâts causés par le cyclone Chido.
"Il faut qu'on puisse accueillir les enfants toute la journée et donc on va mener les travaux qu'il faut faire dans l'école et réparer l'autre école pour que chacun puisse avoir classe normalement", répond la ministre, accompagnée du maire de la commune, Mikidache Houmadi. "Vous allez réparer Mayotte comme elle l'était ?", ajoute un autre. "On va la réparer encore mieux", assure Élisabeth Borne. Un peu plus tard, Michel Rochel, le directeur de l'école lui confie : "les collègues ont beaucoup discuté avec les élèves, il y a trois éléments qui reviennent : on a faim, on a soif et on est fatigué. On a encore beaucoup d'élèves qui ne sont pas logés chez eux, c'est pour ça que c'est important qu'on fasse le maximum pour qu'on puisse les accueillir dans les meilleures conditions." A cela s'ajoute un poids psychologique supplémentaire, "à ce jour, on a 4 ou 5 élèves dont on est sans nouvelles, y compris de leurs camarades", ajoute-t-il.
Des distributions de kits de fournitures scolaires
Un enfant a également interpellé la ministre sur les fournitures scolaires qu'il a perdues durant le cyclone, comme de nombreux élèves. La ministre lui a répondu que des kits de fournitures seront bientôt distribués, comprenant un crayon, un stylo, de la colle et un cahier. "Vous allez pouvoir nous faire de beaux dessins", ajoute-t-elle. Élisabeth Borne a visité un peu plus tôt le pôle aéronautique où sont stockées environ 130 palettes de ces kits scolaires. Ils ont déjà été distribués en Petite-Terre et seront réunis sur trois sites en Grande-Terre où les écoles pourront les récupérer.
La ministre de l'Éducation s'est aussi rendue dans un établissement du second degré, notamment le lycée des Lumières à Mamoudzou. Pour y entrer, elle a croisé les 1.100 enseignants rassemblés à l'appel de l'intersyndicale pour demander une augmentation de l'indexation, la généralisation de la prime Chido et des garantis sur la sécurité des établissements. Une démonstration de force avant la rencontre prévue ce vendredi après-midi.
Une épicerie solidaire
À l’intérieur du lycée, l'ancienne Première ministre a pu constater qu'il n'avait pas été épargné : 18 salles de classes sont toujours condamnées. L'établissement accueille également deux classes du lycée Bamana, qui a perdu une quarantaine de salles, mais également une épicerie solidaire. Montée par les élèves du lycée, elle permet à leurs camarades d'acheter des packs de produits de première nécessité pour un euro. "Nous avons anticipé ces difficultés en leur préparant un kit de santé, un kit de nourriture et un kit de fournitures scolaires", détaille le proviseur Patrick Loval.
"Quand j'ai vu l'ouverture de la plateforme Parcoursup, je n'avais pas d'électricité, la plupart de l'île n'avait pas de réseau", raconte une élève de terminale à la ministre. Plus tard, elle confie à notre micro sa crainte, "d'avoir un retard par rapport à ceux de métropole et d'être freinée dans les études supérieures." Si les plus de 115.000 élèves à Mayotte ont raté deux semaines de cours, ce retard se poursuit pour les établissements qui n'ont toujours pas rouvert, comme le collège de Chiconi et le lycée du nord à cause des dégâts ou encore le collège de Kwalé qui abrite toujours des migrants.