Plus d’un an après, les pelleteuses ne sont pas toujours pas en chantier. Un comité de pilotage a été créé et la semaine dernière, les membres de ce comité se sont réunis pour la deuxième fois au conseil départemental.
L’association des usagers du transport aérien de Mayotte est la grande absente de cette rencontre. Cris Kordjee, sa présidente, demande une publication des comptes- rendus de ces rencontres, qu’elle suit de loin et elle se dit « vigilante »
2023, premiers coups de pelles?
A l’issu de la rencontre, Jean-François Colombet a annoncé « le début des travaux pour 2023 ».
Le préfet Colombet considère que les délais sont respectés, malgré la crise sanitaire: « nous n’avons perdu aucun délai sur le programme de réalisation de la piste longue, c’est une prouesse de la DGAC qui a su tenir les délais et qui a lancé aujourd’hui tous les marchés qui devaient être lancés. De sorte que conformément au planning annoncé en janvier, le profil de la piste sera arrêté définitivement en octobre prochain, les travaux préparatoires seront tous terminés, et nous pourrons pendant cette période poursuivre les consultations publiques » indique-t-il.
La piste longue sera bel et bien réalisée à Mayotte, les travaux pourront débuter au tout début de l’année 2023.
Le comité de pilotage a abordé aussi les enjeux techniques de ce projet comme l’orientation de la piste et sa longueur.
« Les études nous indiqueront si c’est 2500, 2600 ou 2800m, nous avons aussi abordé la question des matériaux, là aussi les études vont bon train pour identifier les gisements et les modes d’acheminement qui devront préserver les milieux naturels et la tranquillité des gens. » nous dit-on. « Ce sera très probablement la piste convergente » annonce le préfet.
Un modèle qui aura l’avantage de ne pas interrompre le trafic aérien pendant les mois, voire les années, que dureront les travaux. Le projet est estimé à quelques 250 millions d’euros, financé par l’Etat, le département et l’Europe. La participation du département s’élève à 80 millions d’euros.
Quels matériaux ?
Des scenarii reposent sur les gisements propres à Mayotte, soit à partir de carrières existantes, soit à partir de nouvelles carrières. Il peut s’agir aussi de déchets du BTP avec une approche environnementale, nous avons en effet besoin de remblais, de granulats, pour réaliser l’ouvrage dans sa totalité. Quoi qu’il en soit, d’ici deux mois nous aurons des solutions sur les matériaux et l’acheminement. Ce dernier devra être pensé de sorte à éviter une noria de camions.
La géologie et la géomorphologie, élément important
Les conditions météorologiques et le fait qu’on est sur un territoire cyclonique avec des conditions qui peuvent être difficiles sont à prendre en compte. La subsidence est aussi un sujet sérieux, à ne surtout pas omettre. Des études ont été faites, ces données sont intégrées dans le calcul final du rehaussement de la piste » note le préfet.
Le manque de connaissance géomorphologique et géologique sur la zone ne permettait pas de construire les fondations de l’aéroport, sans parler de la difficulté de trouver des matériaux suffisants pour le remblai nécessaire comme le confirme le professeur Bernard Thomassin.
Bernard Thomassin, membre du REVOSIMA (réseau de surveillance sismologique du volcan de Mayotte, auteur de plusieurs recherches sur Mayotte), quant à lui a proposé qu’une partie de cet aéroport soit construite sur des pylônes, à l’exemple de la nouvelle route du littoral à La Réunion. Pour lui, construire sur des pylônes a « plusieurs avantages, des avantages écologiques, d’environnement ».
Avec des pylônes, on n’aura pas à toucher le long de la côte ouest de la Petite-terre, depuis l’aéroport, jusqu’au rond-point du Four-à-Chaux et même la presqu’île de Dzaoudzi et le quai Ballou. Deuxième avantage, construire des pylônes, ça se fait avec du sable et du ciment, le ciment peut être importé facilement à Mayotte.
Pour le sable, Mayotte, n’en ayant que très peu, le professeur Thomassin, propose de prendre du sables dans le lagon, et il l’a déjà cartographié, même s’il reconnait qu’y toucher « serait dommageable pour l’environnement ». Une autre solution est proposée: l’importation du sable, notamment depuis Madagascar ou le Mozambique.