La polémique sur le voile est relancée

Femmes voilées
Le débat autour du port du voile a ressurgi à l’occasion de cette campagne. Marine le Pen veut l’interdire, uniquement en métropole, « mais cela ne se fera pas au lendemain de l’élection » transige Jordan Bardella, le président intérimaire du Rassemblement National.

Cela fait 33 ans que l’affaire du voile occupe la vie politique française. Elle a commencé en 1989 quand le principal martiniquais d’un collège de Creil, dans le nord de Paris, a exclu deux élèves musulmanes qui refusaient de se découvrir la tête en classe.

Il a fallu 15 ans de débats pour aboutir à une première loi, votée en 2004, qui interdit le port des signes religieux à l’école, et une deuxième en 2010 qui interdit le port de la burqa ou du niqab dans l’espace public.

On se souvient du slogan : « la République se vit à visage découvert ». Emmanuel Macron ne veut plus y toucher. Le président sortant estime que ces lois, plus celle qu’il a faite voter contre le séparatisme religieux, suffisent.

Une interdiction… et des exceptions

Pour Marine le Pen, le voile n’est pas qu’un signe religieux, il est le symbole de la domination des hommes sur les femmes, et surtout une arme de l’islamisme politique. La candidate veut le faire interdire dans tout l’espace public, la rue, les commerces, les restaurants, les transports.

Marine Le Pen avait été chaleureusement accueillie à Mayotte lors de ces dernières visites.

Avec toutefois une exception en outremer où elle constate, à la Réunion et surtout à Mayotte, que le port du voile n’est pas une expression politique, mais culturelle et acceptée par la société.

Ce n’est pas la seule exception : le week-end dernier en campagne, Marine le Pen a croisé une dame qui lui a expliqué qu’elle portait le voile « depuis qu’elle est grand-mère ». La candidate a renvoyé à un futur débat au parlement. On imagine déjà la complexité du débat parlementaire : une exception pour l’outremer, une autre selon l’âge… ou le fait d’avoir des petits enfants ou pas.  

Pas seulement le voile, la barbe aussi

Selon le directeur adjoint de la campagne de Marine le Pen, Jean-Philippe Tanguy, la loi inclurait « l’interdiction des signes ostentatoires tels la barbe et la djellaba ».

Rédiger une telle loi ne va pas être simple :

  • à partir de quel critère on considérera qu’une barbe est islamique ?
  • Va-t-on légiférer sur la longueur des barbes ?
La barbe

Autant de questions qui laissent les juristes sceptiques. Beaucoup pensent qu’une telle loi ne passera jamais, elle serait contraire à la constitution. Pour Marine le Pen, c’est simple, « c’est comme l’obligation de la ceinture de sécurité en voiture », ou « l’obligation du masque pendant le Covid » dit-elle.

En cas de victoire de Marine le Pen,  la France deviendrait le seul pays au monde à interdire le voile… A l’image de deux pays qui le rendent au contraire obligatoire: l’Iran et l’Arabie Saoudite.