Elles se developpent depuis quelques années à Mayotte, que ce soit en handball, en rugby ou en football. Les sections sportives construisent des sportives mais surtout les femmes mahoraises de demain.
La section sportive ? "C'est un endroit où l'on s'épanouit en jouant au football."
Sur le terrain de football de Dembéni, elles sont quinze à avoir répondu présentes. Elles espèrent toutes intégrer la section sportive la saison prochaine. Pour le moment, en classe de 6e, elles évoluent en club à Antéou de Poroani, à Cavani ou encore à Bandrélé Foot. Elles ne le savent pas encore mais elles seront toutes acceptées et intégréront, si les familles acceptent, la sixième promotion de la section sportive football de Dembéni.
"Il y a de la place pour tout le monde, cette année, et chacune a le niveau", glisse Pierre Salomé, le responsable de la section sportive football au collège d’Iloni. D'ailleurs, il se dit agréablement " surpris, malgré l’année covid, le niveau bon." Samedi, il rencontrera les familles pour leur présenter le projet. Des familles, que le bouche à oreille est déjà venu vanter les bienfaits du dispositif pour leur progéniture. Le point positif, c'est que scolairement, les filles qui rejoingnent la section sont d'excellentes élèves du collège. "Globalement, toutes les jeunes filles tirent le meilleur potentiel de leur capacité. 80% d'entre elles ont de très bons résultats scolaires. Leur niveau se perfectionne pendant leur passage à la section sportive. Les autres joueuses, elles, sont en progression par apport à leurs résultats initiaux avant leur entrée dans la section", dévoile Philippe Chauvin, principal adjoint de l'établissement.
La section sportive du collège, Elda va la quitter en fin d'année. Élève de 3e, elle prendra la direction du lycée de Tsararano pour continuer son cursus scolaire et sportif. " C'est un endroit où l'on s'épanouit en jouant au football. L'école, ça nous motive car en travaillant bien, ça nous permet de continuer à jouer", déclare la défenseure de l'Olympique Sada. Ses semaines sont rythmées par trois entrainements en complément de sa scolarité. Elle a choisi d'intégrer l'internat, " les heures d'études, c'est bénéfique, ça nous permet de travailler, je ne regrette pas d'avoir intégrer l'internat." Pour le moment, elle ne sait pas trop quoi faire après ses études même si elle garde dans un coin de sa tête la possibilité " de jouer dans un club professionnel comme l'Olympique lyonnais."
Faire des joueuses d'aujourd'hui, des modèles pour les footballeuses de demain.
Elles sont rares, pour le moment, à avoir tiré leur épingle du jeu pour intégrer un pôle espoir ou un club de métropole. Marina est passée par la section, elle joue depuis deux ans sous les couleurs du FCE Mérignac Arlac, dont l'équipe fanion évolue en deuxiéme division nationale. "Pino", de M'tsapéré, s'est également exilée en métropole. Pour une section, qui n'a que cinq ans d'existence, c'est déjà une belle réussite. A cet âge là, c'est le moment où la fédération française de football perd le plus de licenciés. Pour y remedier, la ligue de football compte diversifier son projet football. "Il ne faut pas rester sur le technique, il faut aussi proposer des formations pour découvrir, par exemple, le métier d’éducatrice, celui d’arbitres voire proposer des cours du code de la route", souligne Guillaume Brouste, le directeur technique régional de la ligue. Dans le même sens, les éducateurs se sont rendu compte qu'il "fallait laisser le choix aux filles d'intégrer ou non l'internat". Même son de cloche, chez Pierre Salomé: "On doit trouver une formule plus souple pour satisfaire les filles."
On façonne "des futures femmes mahoraises qui restent ici avec leur compétence."
La section sportive du collège d'Iloni n'est pas la seule. On en retrouve également dans les établissements de Pamandzi, où elles sont 8, à Mtsamboro, 12 joueuses, et à Tsingoni, 24 joueuses. "Dès l'année prochaine, on va mettre en place un championnat UNSS pour permettre aux filles de jouer", annonce Guillaume Brouste. L'idée doit permettre de tirer le niveau général vers le haut " et selon les moyens, on pourrait récompenser la meilleure section et lui permettre d’aller se mesurer à La Réunion ou aux sections de l'hexagone", poursuit le cadre technique. La continuité, c'est de retrouver les meilleures de chaque section au lycée de Tsararano, à leur entrée en classe de seconde.
C'est à partir de ce moment là que les joueuses peuvent intégrer les pôles espoirs ou les clubs hexagonaux, par le biais de détection interligue U15. Autre axe de réflexion, scolariser les joueuses du Nord au lycée de Tsararano. "C'est trop loin, quelques unes ont testé mais ça ne s'est pas forcement bien passé", raconte Laurent Garcia, le responsable de la section sportive du collège de Mtsamboro. Ses joueuses continuent le football, à leur entrée en seconde, mais uniquement en club.
L'aspect football ne fait pas tout. Pierre Salomé souhaite avant tout "des futurs femmes épanouies, responsables, des futures femmes mahoraises qui restent ici avec leur compétence"; car le nombre d'élues à pouvoir vivre du football reste infime en France, aujourd'hui. "Tant mieux si elles percent dans le foot mais si elles deviennent profs d’EPS, avocates ou éducatrices, tant mieux ! C’est au dela du foot", conclue le responsable de la section d'Iloni.