Le ministre de la Justice interrogé sur le projet d'une deuxième prison par la députée Estelle Youssouffa

Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti
À l'occasion d'une séance publique sur la question à l'Assemblée nationale ce vendredi, la députée Estelle Youssouffa a interrogé le ministre de la Justice sur l'avancement du projet de deuxième centre pénitentiaire à Mayotte.

Une séance publique sur le thème de la politique pénitentiaire et des conditions de détention était organisée à l'Assemblée nationale ce vendredi 19 janvier. La députée Estelle Youssouffa en a profité pour interroger le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, sur le projet d'un deuxième centre pénitentiaire de 400 places à Mayotte. Celui de Majicavo connaissant actuellement un taux de remplissage de 234%, "soit 653 détenus pour 278 places" comme le rappelle le ministre.

Un centre de semi-liberté d'une vingtaine de places est également prévu. "Nous en avons sécurisé le financement de plusieurs centaines de millions d'euros, des recherches foncières préliminaires ont été conduites en mars 2023 et des sites potentiels ont été identifiés", indique Éric Dupond-Moretti. "L'agence pour l'immobilier de la justice, qui pilote désormais ce dossier, se rendra sur place début février."

Une nouvelle saluée, mais nuancée par le représentant CDFT du centre pénitentiaire de Majicavo. "Cette nouvelle prison sera théoriquement déjà remplie. C'est une très bonne nouvelle, mais pas avec si peu de places", explique le syndicaliste. "Cette surpopulation rend le travail difficile. Les organisations syndicales ne comprennent pas pourquoi nous ne sommes jamais consultés concernant ce nouvel établissement alors que nous sommes les premiers concernés."

Les gardiens mahorais victimes de racisme

Une annoncée saluée par la députée LIOT. "Ce centre permettrait aussi le retour au pays de nombreux gardiens pénitentiaires qui souhaitent participer à l'effort pour la sécurité de Mayotte", ajoute Estelle Youssouffa, qui dénonce le fait que"les gardiens mahorais qui sont dans l'Hexagone font l'objet de racisme de la part de certains collègues." Elle évoque les inscriptions à caractère raciste visant les Mahorais découverts dans les toilettes de la prison de Bois d'Arcy en novembre 2022 et à celle de Fleury Mérogis en 2020.

"Les tensions communautaires entre gardiens sont une triste réalité, les Mahorais sont les victimes d'intimidation et d'insultes, ils s'estiment discriminés dans leur progression de carrière", poursuit la députée qui demande notamment une inspection générale sur "le respect des règles, des valeurs et des principes de la fonction publique pénitentiaires envers les agents mahorais"

"A la suite des signalements, les services de la direction de l'administration pénitentiaire ont immédiatement porté plainte auprès des procureurs de la République compétents afin de rechercher les auteurs et de les sanctionner" assure le ministre de la Justice. Éric Dupond-Moretti énumère aussi les mesures mises en place depuis pour lutter contre les discriminations comme des sessions de sensibilisation ou le déploiement du dispositif de signalement Allodiscrim au sein du ministère de la Justice.

En préambule de son intervention, la députée a également adressé ses "voeux de prompt retablissement aux deux magistrates agressées Mayotte ce week-end et qui ont demandé leur mutation", avant de lister les messages reçus sur ses réseaux sociaux pour illustrer "la mansuétude des juges face à la violence hors norme que notre territoire subit." Des faits dénoncés également par le député Mansour Kamardine, qui dans un communiqué "exhorte le gouvernement à un renforcement majeur immédiat et prioritaire des forces de maintien de l’ordre, de la police judiciaire et des personnels de l’administration judiciaire et pénitentiaire."