Le passeport provisoire comorien, polémique dans le football mahorais

Deux clubs ont sollicité la ligue mahoraise de football, chacun leur tour, sur le sujet. À chaque fois, ils ont été déboutés. Pourtant, le document, lui, n'est pas considéré comme une pièce d’identité valable par la préfecture.

Peut-on à Mayotte obtenir une licence sportive avec une photocopie d'un passeport provisoire comorien ? La question se pose suite aux évocations, sur le sujet, des clubs de Miracles du Sud de Bouéni et des Diables Noirs de Combani.

Ce dernier avait sollicité la ligue mahoraise de football le 25 septembre dernier, suite à sa défaite en coupe de France affirmant que dans l'équipe adverse "des licences ont été obtenues avec des documents déposés depuis les catégories jeunes, sans posséder de pieces officielles d'identité pour justifier leurs participations en équipe sénior." Parmi les joueurs concernés, l'un d'entre eux est accusé d'avoir utilisé la photocopie d'un passeport provisoire comorien, délivré par le consulat honoraire de l'Union des Comores à La Réunion. 

Bouéni, de son côté, a écrit à la Ligue, le 4 octobre dernier, ciblant le même joueur. Le club du Sud affirme que son adversaire "n'a pas respecté les réglements généraux et notamment l'annexe 1 qui stipule de fournir une photocopie d'une pièce officielle d'identité", sauf que selon Miracle du Sud, "la demande de licence du joueur est faite à partir d'une pièce provisoire d'identité."

En France, ce document peut être délivré à tous les ressortissants "en urgence pour un motif d'ordre médical ou humanitaire ou pour des raisons professionnelles. Les services préfectoraux décident de la délivrance en fonction de la situation. Ce passeport est valide seulement un an."

Un footballeur, vivant à Mayotte, nous a fait parvenir son passeport provisoire comorien. Il s'en est servi pour faire sa licence cette saison, le document, comme en France, a une durée d'un an. Pour l'obtenir, il confie avoir donné "80 euros et un extrait de son acte de naissance à une personne, à La Réunion, qui a fait la demande" à sa place avant de lui envoyer le document. On y retrouve une photo ou encore les coordonnées du joueur ainsi qu'un tampon pour justifier l'achat d'un timbre fiscal de 30 euros.

 

En bas du passeport provisoire, on peut lire que "le consulat honoraire de l'Union des Comores à La Réunion prie les Autorités de la Police de l'air et des frontières (...) de laisser passer librement le porteur de ce document jusqu'à la délivrance d'un nouveau passeport." Contactée, la préfecture de Mayotte précise que "Les passeports provisoires remis ne peuvent servir qu'à voyager vers l'Union des Comores en vue de la délivrance d'un passeport définitif." Ajoutant que "la remise de passeport par courrier ne permet pas de vérifier et de garantir l'identité du bénéficiaire du titre. Ainsi, la préfecture ne peut recevoir ce document comme une pièce d’identité valable."

Le passeport provisoire comorien est également refusé par les ligues de handball et de basketball de Mayotte. " Ça fait dix ans que c'est comme ça au basket. Pour les étrangers, seuls les documents venants de la prefecture de Mayotte sont acceptés pour les demandes de licence" nous glisse le président de la comission sportive da la ligue de basket.

La Ligue mahoraise de football donne tort aux clubs requérants

Les deux clubs, suite à ce litige, demandent à la Ligue, via son comité de direction, de déclarer match perdu par pénalité pour l'équipe du joueur concerné. "Je les ai senti paniqué, ils ne voulaient pas que j'examine le document qu'on pointait du doigt. On avait demandé à voir l'original, on nous a ramené une copie." témoigne un dirigeant d'un des clubs plaignants suite à la comission.

Par procès-verbal, le comité de Direction de la ligue mahoraise de football maintient dans les deux cas le résultat acquis sur le terrain. "Considérant qu'après vérification, il ressort que la licence du joueur ne souffre d'aucune irrégularité et par conséquent le club n'a pas enfreint les statuts et réglements de la ligue mahoraise de football."

Suite à cette décision, deux membres du comité de direction ont assuré à un des clubs plaignants : " Vous avez raison mais vu que l’affaire est déjà traitée, ils ne veulent pas se ridiculiser. Vu qu'on n'a pas donné raison au premier club, c'est pas maintenant qu’on va prendre une décision contraire."

Contacté, le président de la ligue mahoraise de football, Mohamed Boinariziki, n'a pas souhaité s'exprimer. On ne sait pas combien de personnes, aujourd'hui à Mayotte, ont recours au passeport provisoire comorien pour faire leur licence.