C'est un grand gaillard, tatoué jusqu'au cou et coiffé de longues dreadlocks, qui se présente à la barre. L'homme est malgache et ne parle pas français. Il est marin sur le Drennec, ce thonier battant pavillon français, appréhendé en mer par les forces de l'ordre de Mayotte, samedi 28 octobre.
À bord, les autorités découvrent 46 kilos de drogues, en grande majorité de la résine de cannabis, cachés dans des bidons servant à stocker des produits d'entretien. Dans le bateau, les chiens de l'office antistupéfiants s'arrêteront uniquement sur un sceau vert et un sac à dos présents dans la cabine du marin malgache, à la barre ce vendredi. Ils ont servi à faire monter la drogue à bord lors de l'escale du thonier français au port de Diego Suarez, à Madagascar, à partir du 11 octobre.
Le "Rip-Off" une technique courante des trafiquants de drogue
"C'est une technique bien connue des trafiquants de drogue, le rip-off" assure le parquet, on se sert des bateaux de commerce pour y dissimuler la drogue. D’autant plus que la drogue comme le navire semble avoir la même destination, l'île Victoria aux Seychelles. Un trajet que fait régulièrement le bateau.
Première alerte le 14 octobre. Les autorités malgaches montent à bord. La fouille s'avère négative. Une heure après leur départ, une cuisinière, à bord durant l'escale, découvre 6 kilos de drogue dans la poubelle de la cuisine du bateau français. À la suite de cette découverte, l'homme à la barre, va avoir un comportement suspect. Il va notamment dormir deux nuits sur le pont, à proximité de l'endroit où la drogue est dissimulée. C'est surtout le seul malgache à bord du bateau et le seul à être descendu à terre pour dormir, notamment chez lui avec sa famille, lui l'homme marié et père de deux enfants. D'autres kilos de drogue seront retrouvés dans le bateau par l'équipage.
Comportement suspect dès que la drogue est découverte
À bord, les soupçons des 22 membres d'équipage, se portent sur le marin malgache. "Il nous demande des bidons de toute sorte depuis qu'il est à bord". Du capitaine aux autres marins, tout le monde pense que c'est lui qui a fait le coup. "Je ne devais pas le garder à l'issue de la campagne de pêche et il le savait" dira le capitaine au sujet de son marin, sur le Drennec depuis un an pour 600 euros par mois.
Après la découverte de la drogue, le capitaine décide de couper internet à bord, après avoir prévenu les autorités. Il enferme à double tour la drogue découverte. "Il ne va pas bien, il me demande s’il peut appeler sa femme" ou ses complices car "quand on est une mule, on a des garanties. Si on est interpellé, on s'occupe de ta famille" déclare le parquet lors de l'audience.
La justice française s'intéresse au trafic de drogue dans l'océan indien
L'affaire intéresse la justice française car le bateau bat pavillon français. Le parquet de Quimper s'en saisit puis celui de Saint-Denis de La Réunion et enfin celui de Mayotte. Le navire est dérouté dans le 101e département pour être perquisitionné.
Au final, jugé en comparution immédiate, l'homme est condamné à deux ans de prison ferme avec mandat de dépôt. Son avocat souhaitait faire appel car " il n'y a rien dans ce dossier, il n'y a pas de test pour approuver la preuve que les colis retrouvés sont des stupéfiants". Son client l'en a dissuadé, décidant d'accepter sa peine.
Le parquet annonce dans un communiqué " en raison de sa situation géographique sur la route des trafics organisés sur l'océan indien, la lutte contre le trafic de stupéfiants va s'intensifier à Mayotte."