L'association départementale des aidants familiaux de Mayotte (Adafm) a recensé 350 aidants, "mais ce chiffre reste inférieur à la réalité sur le territoire", explique Djamila Mikidadi, la secrétaire générale de l'association. Un aidant est une personne qui vient en aide bénévolement à une personne en perte d'autonomie. Dans la plupart des cas, il s'agit de s'occuper de ses parents vieillissants.
"Dans nos traditions, on a cette manière de faire qui fait que ça reste normal de s'occuper d’un proche en perte d’autonomie", explique-t-elle. "Il faut un travail de recensement réel pour répertorier les aidants dans le département. Aujourd'hui, nous n'avons pas les moyens pour sillonner le département pour ça." L'Adafm dispose d'un local à Mtsapéré où elle organise des permanences "pour permettre aux aidants de s'informer et d'être aidés dans leurs démarches." L'association a également un module de formation "sur les postures et les gestes à adopter avec les personnes malades."
Des dispositifs qui ne sont pas assez utilisés
"Comme il n’y a pas de structure pour accompagner les personnes malades, les aidants se retrouvent en difficulté" ajoute Djamila Mikidadi. "Le département a un dispositif qui fait qu'une personne intervient à domicile. Mais c'est environ deux heures par jour, ça reste insuffisant pour ceux en forte dépendance." Elle regrette aussi que beaucoup de dispositifs nationaux ne soient pas utilisés par les aidants. "Il faut souligner que toute démarche à Mayotte reste difficile et prend du temps. C'est aussi notre rôle, les encourager à aller jusqu'au bout de ces démarches", ajoute-t-elle.
Un enjeu complexe dans le département, où la tradition veut qu'il soit normal que les enfants s'occupent de leurs parents. "Hier j'ai reçu l'appel d'une personne qui se retrouve seule car son aidant est parti en métropole", raconte Djamila Mikidadi. "Dans ce genre de cas, peut-être qu’on aurait besoin d'un Ehpad." L'association a déjà constaté plusieurs cas de maltraitance, notamment durant la période du Covid. "Il faudrait peut-être mettre plus de campagnes pour sensibiliser sur cette question, j’ai l’impression que les personnes qui maltraitent, ne savent pas qu’elles maltraitent. Il y a une ignorance sur le sujet", précise la secrétaire générale de l'Adafm.