Les attentes du Département de Mayotte vis-à-vis du gouvernement de François Bayrou

Ben Issa Ousseni
Dans un communiqué diffusé mardi, Ben Issa Ousseni, le président du Conseil départemental de Mayotte, développe son plan pour "sortir de la phase d'urgence" et "entrer dans la phase de stabilisation" évoquée par le président Emmanuel Macron lors de son déplacement dans l'archipel sinistré après le passage de Chido.

À la suite de l’annonce du nouveau gouvernement, lundi 23 décembre, Ben Issa Ousseni, le président du Conseil départemental de Mayotte insiste sur la nécessité de "mobiliser tous les moyens" pour sortir de la crise actuelle et reconstruire le département dévasté après le passage du cyclone Chido.

Un plan en trois phases

Dans un communiqué, l'élu et sa majorité présente "un plan d'action en trois phases", comprenant d'abord la gestion de l'urgence immédiate avec une population sinistrée et encore sous le choc, celle de l'urgence économique et sociale pour relancer et accompagner les acteurs locaux, et enfin de "la reconstruction durable".

Pour le président Ben Issa Ousseni, la formation du gouvernement François Bayrou est une "étape cruciale" pour l'avenir des Outre-mer et en particulier pour Mayotte "dans un contexte post-cyclonique délicat" qui nécessite "des engagements forts", selon l'élu saluant au passage la nomination de Manuel Valls à la rue Oudinot, ainsi que la reconduction du Mahorais Thani Mohamed Soilihi à la Francophonie.

La population prioritaire

S'agissant de la première phase, celle de l'urgence immédiate, le Département rappelle les enjeux visant à protéger et soutenir la population sinistrée, du rétablissement nécessaire des réseaux d'eau, d'électricité et de téléphonie au renforcement des équipes médicales afin de prévenir une crise sanitaire, en passant par le relogement des familles.

Il s'agit aussi de communiquer "un plan logistique clair pour la distribution des aides en précisant le rôle de toutes les forces locales". Elle demande également le maintien du couvre-feu en vigueur, "aussi longtemps que nécessaire pour assurer la sécurité des biens et des personnes".

Comment redémarrer l'économie ?

Concernant la phase de l’urgence économique et sociale, la collectivité réclame pour la population l'organisation une opération massive de nettoyage de l’île, l'évacuation des déchets non traitables, mais aussi la suspension des échéances des crédits immobiliers pour les propriétaires ayant perdu leurs biens.

Pour les entreprises, la relance doit passer par la mise en place de dispositifs de sauvegarde des emplois (chômage partiel, suppression ou gel des charges sociales et fiscales), la continuité des soutiens fiscaux existants (CICE, zone franche, etc.), le recours aux dispositifs de trésorerie (prêts d’honneur, avances remboursables) et enfin l’indemnisation des secteurs sinistrés (agriculture, pêche, artisanat).

Pour un plan "urgence retour à l'école"

Côté collectivités, le Département défend l'importance d'encadrer la reconstruction pour éviter la réapparition des bidonvilles, tout en demandant la prise en charge des pertes financières liées aux marchés publics affectés par la catastrophe ainsi que la mise en place d'un plan "urgence retour à l’école" pour garantir une reprise rapide de l’Éducation.

S'agissant enfin de la troisième et dernière phase, le Département préconise de soutenir la reconstruction des logements privés et d'accélérer celle des logements sociaux. Pour les collectivités locales, il s’agit de lancer un plan national de reconstruction sur trois ans pour renforcer la résilience de l’île, de mobiliser architectes, ingénieurs et grandes entreprises pour repenser les infrastructures et d’élaborer un nouveau contrat d’engagement État-Région pour planifier les grands projets structurants sur cinq ans (port, aéroport, fibre optique, mobilité, énergie).

Les engagements du président Macron

L’objectif de ce plan, indique Ben Issa Ousseni, est de sortir de la phase d’urgence pour entrer dans la phase de stabilisation évoquée par le président de la République Emmanuel Macron, dans sa feuille de route pour Mayotte.

Une feuille de route qui inclut un certain nombre d’annonces, rappelle la collectivité, de la loi spéciale pour la reconstruction de Mayotte à la création d’un établissement ad hoc pour faire face à la crise migratoire.

"Éviter les erreurs du passé"

"Le passage du cyclone Chido nous offre l’opportunité de repenser en profondeur notre vision de l’avenir de Mayotte, de repenser notre futur, presque comme si nous repartions d’une feuille blanche", défend Ben Issa Ousseni.

"Nous attendons du ministre des Outre-mer qu’il s’empare rapidement du plan d’actions annoncé et qu’il engage une collaboration étroite avec nous pour le construire et le concrétiser ensemble. Il est essentiel d’éviter les erreurs du passé et de transformer notre vision de développement pour Mayotte en une réalité concrète".

"Plus que jamais, l’unité et la résilience des Mahoraises et Mahorais sont notre plus grande force", conclut l'élu.