Entre 2019 et 2021, une jeune basketteuse mahoraise, formée au BCM, a pu intégrer le pôle espoir basket de La Réunion. Aujourd'hui, elle évolue dans les équipes de jeunes de Basket Landes, l'un des meilleurs clubs français. Et si elle a pu intégrer le pole espoir, c'est seulement car elle a réussi à se domicilier dans sa famille, à La Réunion.
Les deux ligues se rejettent la faute
Pourtant, le système fonctionne en football, en handball ou en rugby. Après avoir été formés à Mayotte, certains ont intégré le pôle espoir à La Réunion pour ensuite rejoindre des clubs professionnels voire la sélection nationale. On pense notamment à Samir Saïd Haribou en football ou encore Rakchina Ibrahim en rugby. Pour le basket mahorais, malgré le talent, c'est le néant et pour Hakim Ali Abdou, le président de la ligue mahoraise de basket, le responsable de cette situation, c'est Johan Guillou, son homologue de la ligue réunionnaise.
Il a tout suspendu, il ne veut plus des jeunes de Mayotte. Il y avait un problème financier avant ma prise de fonction en 2015, mais tout avait été liquidé par le président du CROS de Mayotte à l'époque.
Hakim Ali Abdou, président de la ligue mahoraise de basket
Johan Guillou, lui, se défend : "il y a eu des chèques en bois, des problèmes disciplinaires qui doivent faire évoluer la convention et on souhaite que Mayotte participe financièrement à hauteur du nombre d'enfants engagés au pole espoir" . Le président réunionnais pointe également du doigt une détection de jeunes talents mahorais complètement ratée, une année à Mayotte.
Ce n'était pas sérieux, car Mayotte n'a pas convoqué tous les jeunes de la génération d'âge pour entrer au pôle espoir. Le conseiller technique professionnel s'est retrouvé avec beaucoup de gamins qui n'avaient pas l'âge de rentrer au pôle espoir et parmi ceux qui restaient, il n'y avait pas le potentiel.
Johan Guillou, président de la Ligue de basket de La Réunion
Contactée sur la situation, la Fédération Française de Basket a préféré botter en touche par la voix de son directeur technique national, Alain Contensoux : "les jeunes joueurs mahorais qui ont le potentiel pour intégrer un pôle espoir et de nationalité française doivent intégrer cette structure. Il faut absolument que ça se mette en place."
La Fédération Française de Basket évite le sujet
Hakim Ali Abdou, lui, annonce jouer l'ouverture pour en finir avec cette situation et permettre aux jeunes basketteurs mahorais, pour les meilleurs, de retrouver le pôle espoir : "Je lui ai envoyé un message pour qu'il puisse envoyer le conseiller technique professionnel pour faire une détection, ici à Mayotte, ou nous on fait une sélection qu'on envoie à La Réunion pour qu'eux fassent la détection mais je n'ai toujours pas de réponse." La réponse de Johan Guillou n'a pas tardé : "depuis quand un message Whatsapp, c'est une demande officielle."
En attendant, alors que chez les hommes, Mayotte prend régulièrement le meilleur sur La Réunion lors des finales zones océan indien de coupe de France ou de Nationale 3, les jeunes talents mahorais restent toujours à quai.