Jusqu'à présent, les pharmacies mahoraises étaient relativement préservées des actes de violences ou de dégradations commis par des groupes de jeunes individus en marge du mouvement des forces vives.
Mais la donne a changé depuis peu. Selon le Conseil de l’Ordre des pharmaciens, près de la moitié des officines de Mayotte ont déjà été la cible d'attaques au cours des derniers jours et semaines.
Des groupes armés de machettes ou de pieds de biche
"Ces actes de violence ont souvent lieu devant les pharmacies", confirme Kadri Mohamed Sofiane, le représentant du Conseil de l'Ordre qui évoque par exemple des "jets de cocktail molotov".
Dans la grande majorité des cas, ces personnes s'en prennent aux personnes, armées le plus souvent de machettes, de barres de fer ou encore de pieds de biche. Et ils n'hésitent pas à agir la plupart du temps en plein jour.
Vers une rupture d'approvisionnement en médicaments ?
Le Conseil de l’Ordre des pharmaciens appelle les autorités à réagir pour garantir la sécurité des personnels et des patients. Certains professionnels n'ont pas d'autres choix que de baisser les rideaux plusieurs jours par semaine.
Plusieurs d'entre eux ont déjà pris la décision de quitter l’île. Les autres professionnels de la place se débrouillent quant à eux tant bien que mal pour assurer l’activité.
Par ailleurs, une rupture d’approvisionnement en produits de santé se profile. Les conteneurs sont bloqués à Longoni et il en est de même à l'aéroport.
Le cabinet médical du Sud fermé
Même cri de détresse chez ces médecins de Chirongui. Ouvert depuis 20 ans, le cabinet médical du Sud a fermé ses portes le lundi 12 février pour une durée indéterminée. La conséquence, là encore, de l'insécurité.
Les praticiens indiquent avoir pris cette décision à contre-cœur pour se préserver. La situation est aujourd'hui insoutenable, déplore le docteur Jean-Marc Roussin, qui est présent à Mayotte depuis 27 ans. "C'est un cri de désespoir", lance-t-il.
"Notre travail est déjà difficile dans les conditions habituelles, mais là ce n'est plus tenable (...) Il faut protéger les services essentiels de l'île !"