La belle photo prise par les élus de Mayotte et le président de la République ne suffit pas à apaiser les tensions. Les représentants mahorais sont ressortis les mains vides à l’issue de la rencontre avec Emmanuel Macron, accompagné du Premier ministre, le garde des Sceaux, le ministre de la Santé, la ministre de l’Éducation nationale et la ministre déléguée aux Outre-mer. « Est-ce que cela signifie que le gouvernement n’est pas prêt ? » questionne d’emblée la journaliste Sitti Daroussi. Ce à quoi répond Marie Guévenoux, « je vous trouve assez dur et inconscient de ce qu’il s’est passé. » Elle rappelle qu’il y a « énormément d’autres sujets, notamment en Outre-mer, mais le président de la République et une grande part du gouvernement, ont pris deux heures pour échanger avec les élus de Mayotte. Cela veut dire que Mayotte est au cœur des préoccupations du chef de l’Etat, du Premier ministre et du gouvernement. »
L’occupante de la Rue Odinot, estime qu’il « ne faut pas se formaliser pour avoir absolument un document. » Le travail autour de ces deux projets de loi est long, et chaque étape est cruciale. Si les élus de l’île n’ont pas eu ce qu’ils sont partis chercher à l’Elysée ce 17 mai, c’est parce qu’il y a eu des échanges entre eux et les membres du gouvernement ce jour-là. « On a vu qu’il y avait un certain nombre de sujets où il fallait aller plus loin et enrichir les propositions qui étaient faites », explique Marie Guévenoux.
Il s’agit d’une opportunité pour enrichir les textes
Marie Guévenoux, ministre déléguée aux Outre-mer
Le calendrier une nouvelle fois chamboulé
La ministre déclare ne pas comprendre la déception que ressentent les Mahorais et leurs élus après cette rencontre à Paris. « C’est une erreur de jugement… Aujourd’hui si on propose des projets de loi, ils vont probablement être jugés décevants, avec peu de chance de les enrichir », continue-t-elle. C’est la raison pour laquelle Emmanuel Macron a proposé « de façon inédite », une consultation des élus mahorais par les membres du gouvernement sous la quinzaine de jours qui arrive. « À la suite de cela, une autre réunion aura lieu sous la présidence du chef de l’Etat, avec la présidente de l’Assemblée nationale, le président du Sénat, et les présidents des différentes commissions pour échanger et travailler sur les projets de loi constitutionnels », explique la ministre déléguée aux Outre-mer. Selon cette dernière, « il s’agit d’une opportunité pour enrichir les textes. »
Il faut que les parlementaires se rendent compte de la réalité de Mayotte
Marie Guévenoux, ministre délguée aux Outre-mer
Se pose maintenant la question du vote de ces deux textes. Ils ne font pas l’unanimité au sein même de la majorité présidentielle, et les membres de l’opposition émettent également des réserves. « Le risque pour Mayotte c’est d’être prisonnier d’un débat politicien parisien… Il faut donc que les parlementaires se rendent compte de la réalité de Mayotte. C’est pour cela que le président de la République organise cette réunion pour qu’ils entendent les élus mahorais », martèle Marie Guévenoux. L’adoption des deux projets de loi n’est absolument pas garantie puisqu’ils sont liés et l’abrogation du droit du sol à Mayotte suscite encore de vives réactions de part et d’autre. « C’est aux députés et aux sénateurs de dire ce qu’ils vont faire… Il faut que chacun prenne ses responsabilités. Si on veut faire voter cette loi, il ne faut pas que ce soit un totem politicien », conclut la ministre déléguée aux Outre-mer. Le calendrier n’est pas tenu et désormais tous les regards se tournent vers les barragistes. Vont-ils bloquer à nouveau les routes de Mayotte ? C’est ce que redoutent certains élus mahorais.