5 ans après sa création, la CADEMA (Communauté d'Agglomération Dembéni Mamoudzou) pourrait être dissoute, elle ne répond plus aux attentes de la commune chef-lieu. Le divorce semble consommé, et le projet phare de réseau de transport collectif urbain CARIBUS pourrait être menacé.
Ambdilwahédou SOUMAILA veut quitter la CADEMA. C’est par un courrier, en date du 19 novembre 2020, que le maire de Mamoudzou, a informé le préfet de Mayotte, Jean-Français Colombet, qu’il engageait la procédure de dissolution la CADEMA. Et c’est sur la base de l’article L5216-9 du code général des collectivités territoriales qu’il lance cette procédure.
Courrier Mamoudzou - Préfet / CADEMA
6 mois après l’installation des nouvelles municipalités, le mariage entre la commune de Mamoudzou et Dembeni vole en éclat. La mise en place des nouvelles équipes à Mamoudzou, Dembéni puis à la CADEMA a été source de beaucoup de tensions au mois de juin et juillet dernier. Et la majorité de Dembéni a fait le choix de travailler avec l’opposition de Mamoudzou.
«Cette confiance est rompue depuis les dernières élections qui ont amené à une majorité politique au sein de la CADEMA et qui a fait le choix, d’écarter la majorité municipale de la ville chef-lieu dans la gouvernance, alors que les sujets et les enjeux majeurs de la communauté se passent à Mamoudzou.»
Le conseil municipal de Mamoudzou sera amené à délibérer sur cette décision. La majorité municipale menée par Ambdilwahédou SOUMAILA regrette qu'elle ne soit pas représentée à la CADEMA, la majorité de Dembeni ayant fait le choix de travailler avec l’opposition de Mamoudzou.
«Nous marquons en tout cas notre volonté de sortir et dans les jours et les semaines à venir nous prendrons des actes officiels. La mairie de Mamoudzou délibérera pour proposer en tout cas sa décision, sa volonté de manière officielle auprès de la préfecture et partout où ce sera nécessaire.»
Créé en décembre 2015, la CADEMA c’est plus de 87 000 habitants sur une superficie de 80 km2. La commune de Mamoudzou concentre plus des 4/5ème de la population total donc un apport financier non négligeable. L’adjoint au maire veut que la commune chef-lieu retrouve toute sa place dans cette intercommunalité.
« La loi effectivement dit que quand il n’y a que deux communes, la répartition se fait de manière égale, mais quand vous regardez toutes les interco en Métropole qui sont à deux, les deux collectivités sont plus ou moins égaux au niveau de la population, donc en principe on s’arrange pour essayer de trouver donc la solution de gestion ; nous allons entamer une longue procédure mais nous sommes patients, nous mettons les premières pierres aujourd’hui en espérant que ça se fera très rapidement.»
La décision de la majorité de Mamoudzou de se retirer de la CADEMA aura de lourdes conséquences sur l’un de grands projets de cette union avec CARIBUS le projet ambitieux de réseau de transport en commun qui devrait désengorger la ville de Mamoudzou.
Elle suscite questionnements et craintes à Mohamed Mohamed Moindjie, ancien adjoint au maire de mamoudzou et ancien vice-président en charge des transports à la CADEMA pour qui sans la CADEMA, il n’y aura pas de CARIBUS, donc pas de service public de transport…
« C’est très difficile de réaliser un projet structurant sur une ville chef-lieu sans le maire de cette ville, c’est très compliqué. Maintenant il appartient effectivement aux deux exécutants de la commune et de l’agglo de se mettre d’accord, parce que je le rappelle l’Interco c’est d’abord une union, un mariage de projets. Ce n’est pas un mariage de fonctionnement, là nous sommes sur des projets structurants, donc nous ne sommes pas là dans la gestion des petits détails entre guillemets pour les 2 communes que composent l’ agglo ; je rappelle qu’ avec le CARIBUS nous avons affaire à des financements croisés, fonds européens, contrat de convergences et d’autres financements ( 140 millions d’euros) donc il est clair que les financeurs attendent du porteur de projet, ici la CADEMA, une certaine sérénité et une visibilité dans le temps. Si effectivement cette histoire de dissolution de la CADEMA par la ville se confirmait, ça crée une instabilité et donc ce n’est pas bon pour les investisseurs, le projet est en danger et nous avons tous chacun à son niveau, une responsabilité, du maire au président pour ramener de la sérénité.»
Mais la majorité actuelle se veut rassurante, cette dissolution n’altérera le projet de transport en commun. Pour Ambdilwahédou SOUMAILA, le projet CARIBUS existait bien avant la CADEMA et elle continuera donc et elle se ferra même sans la CADEMA.
«Nous continuons de travailler avec la CADEMA parce que nous n’avons pas envie en tout cas dans cette démarche politique de mettre en danger les actions qui sont engagées »
Mais l’actuelle majorité de Mamoudzou a aussi engagé avec les communes et intercommunalité limitrophes un travail de réflexion pour une autre alternative… en clair, Mamoudzou cherche des nouveaux alliés pour former une nouvelle communauté de commune.