Mansour Kamardine a porté la parole du groupe LR pour cette séance.
Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, Mes chers Collègues,
Nous présumions que l’abandon du déni concernant l’immigration, l’asile et l’intégration trouverait une traduction budgétaire.
Nous fondions nos espoirs sur le débat national dédié à l’immigration organisé sous l’impulsion du Président de la République, sur la mise en abîme, lors du déplacement présidentiel d’octobre à Mayotte, du thème de l’immigration et sur les annonces des membres du Gouvernement, aujourd’hui même.
Enfin, nous semblait-il, il y aurait consensus national sur les risques de crises migratoires en Europe et donc en France. Enfin, le détournement massif de notre tradition d’asile était reconnu. Enfin, le développement du communautarisme était considéré comme une bombe à fragmentation de la Nation.
C’est pourquoi nous attendions que des réponses soient apportées aux problématiques posées sur la table. Bref, qu’après les débats et les constats, vienne le temps des décisions et de l’action.
Or la mise en place de quotas annuels d’immigration économique ne réduit en rien l’immigration clandestine. La modification pour la 18ème fois les conditions du regroupement familiale ne limite en rien le flux illégal. Une période de carence de 3 mois pour l’accès à l’AME des demandeurs d’asile ne diminue en rien la pression migratoire.
Las ! Nous ne découvrons que des mesures insuffisantes et inefficaces pour limiter l’immigration clandestine directe ou déguisée. En fait, trois éléments symbolisent la réalité de votre politique :
- Les 129 millions d’euros d’augmentation des crédits de la mission budgétaire sont totalement mobilisés par les 139 millions d’augmentation des crédits consacrés au droit d’asile compte-tenu de l’augmentation en 2018 de 22% des demandes d’asile. En la matière, votre seule politique est le suivisme et l’acceptation du détournement du droit d’asile ;
- Les crédits de paiements de la lutte contre l’immigration clandestine s’effondrent de 26,39% alors même que le problème migratoire est devant nous. En matière de lutte contre l’immigration clandestine, votre politique est celle du renoncement ;
- La lutte contre l’immigration clandestine représente seulement 6% des crédits 2020 de la mission, alors même qu’elle est le précurseur de la dépense publique sur de nombreux postes budgétaires. Ainsi, plus nous serons efficaces en matière de lutte contre l’immigration clandestine, plus nous serons en mesure d’accueillir dans des conditions dignes ceux que nous acceptons. Vous risquez donc de courir longtemps derrière la dignité.
Le projet de budget ne répond donc en rien aux pressions migratoires actuelles et futures. Il est totalement inactif quant au détournement massif du droit d’asile. Il n’endigue pas le délitement de l’intégration.
Monsieur le Ministre, nous constatons, à grand regret, que le gouvernement ne fait finalement qu’agiter le chiffon rouge de l’immigration et du communautarisme pour mieux installer un duel politicien à finalité électoraliste. Je le dénonce car c’est irresponsable dans un contexte de fragmentation du corps social qui peut mener aux plus grands périls.
Il n’y a point d’impulsion nouvelle. Il n’y a qu’agitation pour former un rideau de fumée ; de l’immobilisme grimé en action !
Le groupe Les Républicains, quant à lui, propose des solutions :
- En premier lieu, il est nécessaire de réaffirmer clairement que la France n’est pas une terre sans maître, qu’il appartient au peuple, à travers ses représentants, d’accueillir ou non sur le territoire national les candidats à l’immigration. En second lieu, il est également nécessaire de réaffirmer avec force que la France est une nation multiculturelle dans laquelle il y a suffisamment de diversité pour que ceux qui deviennent français s’y émancipent sans avoir à importer des us et coutumes, des mœurs contraires à l’idéal républicain ;
- Nous proposons que les décisions d’obligation de quitter le territoire soient systématiquement suivies d’une expulsion ;
- Nous proposons, également, d’expulser les délinquants étrangers, le pays possédant déjà ses propres délinquants qui suffisent à mobiliser nos forces de l’ordre ;
- Nous proposons, de plus, de recentrer sur le droit d’asile sur le droit d’asile politique et de judiciariser les abus de procédures ;
- Enfin, notre législation sur le droit de la nationalité, du séjour, de l’asile et de l’intégration ayant été élaborée sur la base d’une politique favorisant l’immigration dans le contexte des « 30 glorieuses », nous proposons de la revoir en profondeur avec un « logiciel » élaboré sur la base des risques de crises migratoires à long terme et en tenant compte de l’offensive communautariste qui met à mal l’intégration à notre modèle républicain.
Tant que ces propositions ne seront prises en compte, le groupe Les Républicains ne pourra adhérer à la politique de la majorité, ni à ses instruments budgétaires.
Je vous remercie de votre attention.