"Mayotte n'a pas à endosser seule cette vague migratoire, on doit la partager", soutient le porte-parole de LFI

Abdullah Mikidadi invité du Zakweli du jeudi 27 mars
Abdullah Mikidadi, porte-parole de La France Insoumise (LFI), était l'invité du Zakwéli du jeudi 27 mars. Opposition au durcissement du droit du sol voté par le Sénat, critique du projet de loi pour Mayotte et positionnement sur les municipales... il a répondu aux questions de Kalathoumi Abdil-Hadi.

Un droit du sol inefficace selon LFI

Adopté cette semaine au Sénat, le projet de loi visant à restreindre l’accès à la nationalité française pour les enfants nés à Mayotte ne convainc pas Abdullah Mikidadi. Le porte-parole de La France Insoumise a soutenu que cette "mesurette ne freinerait pas l'immigration" à Mayotte et risquerait au contraire d'accentuer les tensions.

Il plaide pour une approche plus globale, avec un appui national et plus particulièrement des autres départements français, et estime que Mayotte ne doit pas supporter seule cette pression migratoire.

“Je vois mal Mayotte construire de plus en plus d’habitats sociaux alors qu’on n’a pas beaucoup de surface sur cette île. L’idée de partager ces migrants est simple. Par exemple, des départements avec une faible densité de population comme la Creuse ou la Corrèze ont besoin d’immigration, donc ce serait idéal de répartir.”

Autre point de discorde ; la suppression de la carte de séjour territorialisée, qui empêche les étrangers en situation régulière à Mayotte de circuler en métropole. Il y voit une discrimination contraire aux principes républicains. "On est pour l'alignement, pour le droit commun. Si on est un département, il faut respecter le droit commun et arrêter avec les spécificités pour Mayotte", a-t-il soutenu. 

Si on veut bâtir Mayotte, il faut répartir les migrants dans l'espace Schengen, au nom de l'égalité républicaine.

Abdullah Mikidadi

Un projet de loi pour Mayotte insuffisant

Concernant le texte de loi de programmation pour Mayotte, actuellement entre les mains des élus, Abdullah Mikidadi s'est montré sceptique. Il a notamment critiqué la volonté de l’État de prendre le contrôle du port de Longoni, estimant qu’un "simple cahier des charges suffirait à améliorer son fonctionnement".

“Je ne suis pas du tout d’accord que le port de Longoni passe à l’État. Les problèmes du port ne viennent pas du port lui-même.”

Quant aux mesures visant à sanctionner plus durement les mineurs étrangers délinquants et leurs parents, il a déploré des "propositions superficielles". Il a réclamé un chiffrage précis des investissements à venir et une véritable politique sociale pour Mayotte. “On nous balance des créations, des vérifications de radars… des choses inutiles", a-t-il maintenu.

Une implantation politique en vue des municipales

Alors que les élections municipales se profilent, Abdullah Mikidadi a confirmé que LFI présentera des candidats à Mayotte sans se positionner personnellement pour le moment. Il a insisté sur la nécessité d’un ancrage local pour défendre les intérêts des Mahorais, tout en dénonçant le "manque d’investissements de l’État".

Interrogé sur l’image négative que LFI peut avoir à Mayotte, souvent accusée d’être “pro-comorienne”, il a réfuté cette critique. Il a renvoyé la faute aux partis politiques de l'hexagone et leur comportement vis-à-vis de l'islam. “Quand les gens auront compris comment on traite les musulmans en métropole, ils verront qu’il faut se tourner vers LFI", a-t-il martelé.

Enfin, il a soutenu que la question migratoire ne peut être résolue qu’à travers des négociations avec les pays d’origine, citant l’exemple de Madagascar, où les départs vers Mayotte ont, selon lui, diminué grâce à un contrôle renforcé des autorités locales. Une information qui ne va pas dans le sens des chiffres de l'INSEE car, d'après l'institut, Mayotte a vu augmenter le nombre de femmes malgaches venant accoucher sur l'île ces dernières années.