Mise en place de l’OVM, l’observatoire des violences à Mayotte.

Le Rectorat, le Conseil de la Culture, de l'Education et de l'Environnement, l'ARS , le Tribunal judiciaire, la FCPE et le Département mettent en place un observatoire des Violences.
Qui est impliqué dans ces violences ? Qui en sont les victimes ? Comment les faits sont arrivés ? C’est pour répondre à ces questions qu’a été créé l’Observatoire des violences à Mayotte. La finalité : prévenir et apporter des solutions aux violences.
L’OVM, l’observatoire des violences à Mayotte, qu’est-ce c’est ?
C’est un outil d’aide à la décision pour les pouvoirs publiques. Son rôle sera dans un premier temps de recenser les faits de violences par le biais d’acteurs de terrain et ensuite de procéder à une analyse des faits. « D’abord, il faut comprendre quels sont les différents protagonistes et comprendre comment ces faits-là sont arrivées. Pour ensuite faire une sorte d’état des lieux et voir comment les prévenir et trouver quelles solutions on peut apporter. » explique Bacar Achiraf, vice-président du CCEEM, le conseil de la culture de l’éducation et de l’environnement de Mayotte.
En attendant de lui attribuer une gouvernance,la CCEE porte l’observatoire des violences


Comment va-t-il fonctionner ?
"Il va s’appuyer sur deux grands groupes : un comité scientifique qui va produire de la formation, de l’information et de la matière scientifique et un comité de pilotage qui va prendre cette matière pour la traduire en action. C’est ça l’observatoire de la violence" énonce Mouhoutar Salim le représentant de l’ARS. Pas de noms dévoilés pour le moment, justes des fonctions : universitaires, doctorants (des étudiants mahorais), des sociologues, des anthropologues et des juristes. Pour l’heure, l’observatoire se structure. “C’est un début de chantier” annonce Zalifa Assani co-présidente de la FCPE. Les travaux de réflexion ont débuté en février dernier.  "Nous avons réfléchi d’une manière globale avec l’ensemble des acteurs de ce territoire. Et aujourd’hui nous sommes là pour rendre compte des résultats que nous avons obtenus au cours de toutes nos actions de travail" se félicite Mouhoutar Salim.

Pourquoi a-t-il été créé ?
Car jusqu’à présent, la prévention et la répression ne sont pas suffisantes pour endiguer ce phénomène de violence. " On s’est dit qu’il faudrait peut-être repenser le problème autrement. Avoir une autre approche pluridisciplinaire qui nous permettra avec d’autres regards, de pouvoir apporter d’autres types de solutions. Des solutions que l’on n’a pas envisagé jusque-là " réagit Bacar Achiraf. C’est dans cette optique que le Rectorat, l’ARS et le tribunal judicaire entre autres, œuvrent ensemble.

« Très heureux que nous mettions en place cet observatoire qui va être d’une nécessité absolue »

Issa Issa Abdou, 4eme vice-président au CD chargé de l’action sociale, de la solidarité et de la santé

Des données nécessaires
Les éléments collectées serviront à orienter la politique publique contre l’insécurité "Ça manquait dans le dispositif et au fond, c’est une façon de faire le bilan de la départementalisation et de reconnaitre qu’il manquait d’outils, d’instruments pour pouvoir aborder cette question cruciale qui sape tous les efforts de développement de ce territoire" se réjouit Issa Issa Abdou.
 Pas de solution miracle pour le président de l’association des maires. Les élus de proximité doivent être force de proposition "C’est nous qui sommes les yeux de l’Etat.Nous devons donc leur proposer des idées afin de participer à cette réflexion dans la lutte contre les violences. Mais cette lutte ne peut aboutir sans la participation de tout le monde, familles associations etc … " constate Madi Souf

« Une maison sans fondation c’est une maison qui va tomber donc il faut les mahorais aient une fondation et leur fondation c’est leur culture. »

Zalifa Assani, co-présidente de la FCPE

Pour la co-présidente de la FCPE, parents et culture sont les bases.
Le rôle des parents
Pour la co-présidente de la FCPE, la cuture mahoraise est le pilier de l’éducation. " Et dans l’éducation, il n’y a pas que l’éducation nationale. Il y a aussi les madrasas, les fundis, les grands parents, il y la cité en générale qui doit intervenir dans l’éducation de l’enfant pour montrer à celui-ci le bon chemin à prendre pour éviter la déviance voire la délinquance" déplore Zalifa Assani.
Mettre les parents en avant, c’est l’une des idées que préconise la FCPE afin de remédier aux phénomènes de violences. Une idée à laquelle se rallie Gilles Halbout, recteur de Mayotte. " Il faut amplifier le rôle des parents. Nous de notre côté, ce qu’on voit, c’est le travail de formation, le travail collaboratif qu’on doit mener avec les parents."

"L'observatoire que l'on vient d'installer aujourd'hui doit s'inscrire dans la durée"

Gilles Halbout recteur de Mayotte

Le travail passe donc par les phases : répression, sanction et rôle des parents. « La partie sanction, on parle d’isoler, de déplacer les éléments les plus perturbateurs ou aussi de les amener à des formes de réparations via les travaux d’intérêts généraux comme on peut le voir ailleurs. Donc, il faut qu’on joue sur tous les niveaux. »

Le soutien de l'Etat
Pour Issa Issa Abdou, le soutien de l’Etat est primordial pour sortir de cette violence. « Je suis heureux que le Préfet reconnaisse pour la 1 ère fois que le lien entre migration et sécurité est une réalité. J’ai plaidé qu’on réfléchisse à l’adhésion de Mayotte dans l’espace Schengen parce que ce faisant nous allons pouvoir avoir des éléments liés à un contexte qui protège les frontières des eaux mahoraises pour que nous limitions les entrées clandestines sur ce territoire. C’est un élément important mais pas le seul. » affirme le 4 eme vice-président au Conseil Départemental.
Pour Issa Issa Abdou le soutien de l'Etat est primordiale.
Le lancement officiel de la préfiguration de l’observatoire aura lieu le 7 décembre. Et afin d’envisager des actions concrètes, les assises de la jeunesse auront lieu en début d’année prochaine.