Une montée des eaux inquiétante à Mayotte

Le phénomène de fortes marées à Mayotte vient ajouter de l’inquiétude au sein d’une population déjà angoissée par le volcan sous-marin  et l’essaim de séismes.  Le dernier weekend du mois d’août, a vu la mer submerger une partie des routes du littoral de l’île.

Les Communes de Dzaoudzi-Labattoir, Koungou, Dembéni ou même Bouéni étaient particulièrement concernées ce dernier week-end d’Août 2019. La psychose gagne les habitants, beaucoup se demandent ce qu’il se passe réellement. 

La montée des eaux à Mayotte n’a de prime à bord aucun lien avec le phénomène sismique et le volcan sous-marin. Il s’agit de l’attraction gravitationnelle exercée par le soleil et la lune sur notre terre, ce que l’on appelle la marée astronomique, un phénomène qui revient chaque année à la même période précise Laurent Floch, le responsable du centre météorologique de Mayotte

 c’est un phénomène qui est connu, c’est un phénomène astronomique  qui est le résultat en fait d’une combinaison entre la position de la lune, celle du soleil et celle de la terre. La forte marée est de l’ordre de 4m06 pour un maximum potentiel des plus grandes marées astronomiques sur Mayotte qui est de 4m30, donc on est loin encore… et il n’a avait aucun phénomène  météorologique   particulier qui s’y était ajouté, ni vent, ni de la houle, ni de dépression. 


La saison de kashkazi (l’été austral, saison chaude et pluvieuse) ne tardera pas à remplacer le beau temps multipliant le facteur risque.

La marée,  elle risque d’atteindre 4,15 mètres en septembre et 4,25 mètres en  octobre. Conjugués à l’enfoncement de l’île, au volcan sous-marin sans oublier l’essaim de séisme, les dangers sont bien réels … Hachim Said Hachim géographe suit ces phénomènes de très près

ce n’est pas une marée d’équinoxe normale puisque l’île s’est enfoncée de 15 à 20 cm en un an, c’est énorme, c’est comme si on a fait un bon de 700 ans, aujourd’hui les infrastructures ne sont plus exploitables comme elles étaient initialement prévues 

 

Les communes sont-elles préparées pour faire face aux risques ?


Bruno Perrin, un membre actif du groupe STTM Mayotte (Signalement tremblement de Terre Mayotte – 10 900 membres) sur les réseaux sociaux regrette que dans sa communication «  la préfecture oublie systématiquement que 50% des gens ne lisent pas le français, 50% n’ont pas internet, et qu’il faut donc aller dans les communes, dans les villages, à la rencontre de la population pour informer sur ces phénomènes».

A Mamoudzou, Mohamed Moindjié,  l’adjoint au maire chargé de l’aménagement reconnait les lacunes:
Moindjie Mohamed

Nous ne sommes pas encore à la hauteur, en tout cas ce qui est proposé aujourd’hui  n’est pas à la hauteur du danger réel, en cas de Tsunami qu’est-ce qu’on fait ?  A ce niveau-là je pense qu’on n’a pas encore pris la mesure du danger en informant les gens, car il faut expliquer ce qu’est un tsunami par exemple, comment ça se passe et ensuite que faire si ça arrive.


Dans ce contexte, Mansour Kamardine, le député de Mayotte a interpellé la ministre des outre-mer dans un courrier. Il a réclamé la mise en œuvre d'un plan de sauvegarde du littoral et d'un plan d'adaptation des infrastructures de transport et aéroportuaires de Mayotte.

J’attends du gouvernement qu’il prenne la pleine mesure de la situation singulière et particulière de la montée des eaux à Mayotte et qu’il envisage tous les investissements nécessaires.  


C’est en 2020, qu’une vigilance vague submersion sera mise en œuvre. Pour le reste, il faut du temps à l’Etat et aux communes pour mettre en place les moyens nécessaires  pour la population contre d’éventuels risques. Un temps qui court eu égard des évènements.