Le magistrat Hakime Karki, ancien juge d’instruction au tribunal de Mamoudzou, comparaît en ce moment devant la Cour d’Assises de Paris, accusé de viol sur une enseignante à Mayotte en 2014. Le magistrat clame son innocence et parle d’un « complot pour le piéger ». Il met en cause l’entreprise de cimenterie Lafarge sur laquelle il enquêtait à l’époque.
Le journaliste Nicolas Goinard a mené une enquête sur une autre affaire dans laquelle le juge Karki est intervenu : l’affaire Roukia, cette jeune femme morte d’une overdose dont le corps avait été découvert sur la plage de Trévani en 2011. L’instruction menée par le juge Karki a mis en cause le GIR, le Groupe d’Intervention Régional de la Gendarmerie dont les méthodes controversées ont été révélées.
Les gendarmes entretenaient des « indics » pour lutter contre l’immigration clandestine et les trafics de drogue, en leur fournissant des récépissés de cartes de séjour ou de l’argent, dans le but d’avoir des informations sur ces filières clandestines.
explique Nicolas Goinard
La justice n’a pas conclu à la responsabilité des gendarmes dans la mort de Roukia Soundi, « En revanche le juge Karki s’est taillé une réputation de défenseur des petites gens, il s’est servi de son étiquette de chevalier blanc » dit-il.
Le journaliste Nicolas Goinard n’est pas en mesure d’établir la réalité ou non d’un complot contre le juge Karki, « ce sera à la cour d’Assises de le faire, mais les débats ont lieu à huis-clos ». En revanche il estime que « l’action du juge Karki a mis fin au système des indics, une méthode couramment employée en métropole. Elle est contestable moralement, mais elle permet d’obtenir des résultats. Ce qui se passe à Mayotte en ce moment est peut-être une conséquence du comportement du juge, on ne sait plus ce qui se passe dans les bidonvilles».