C’est une première pour des associations de sapeurs-pompiers : quatre ONG se sont regroupées au sein d’un même détachement pour se mobiliser à Mayotte, meurtrie par le passage du cyclone Chido.
Depuis le dimanche 22 décembre, 17 volontaires, 15 sapeurs-pompiers et deux médecins, tiennent notamment un dispensaire à la Maison pour Tous de Dembéni, à côté de la poste en face de la mairie.
Une interprète français-shimaoré
Dans la grande salle municipale, des chaises sont alignées le long d’un mur en guise de file d’attente. Une dizaine de patients attendent leur tour à la mi-journée ce mercredi 25 décembre. Deux tentes sont déployées pour les consultations. Un homme sort de l’une d’entre elles en boitant.
Un autre arrive avec la même démarche, le pied gonflé au travers de sa savate. “Je coupais une branche chez moi, elle m’est tombée sur le pied. Je n’avais pas d’autre choix que de venir ici”, explique Oussen en shimaoré. Une médecin l’examine tandis qu’une femme mobilisée par la mairie assure la traduction.
Une cinquantaine de patients en une demi-journée
Dans une tente, un homme âgé à également la main gonflée. “L’essentiel des consultations va concerner des plaies, des plaies infectées, sales”, explique Pierrick Eyral, médecin à l’association GIS-France. “Ensuite on a aussi une tranche pédiatrique importante, avec pas mal d’épisodes d’infection. Enfin, on a des patients qui ont tout perdu pendant le cyclone que ce soit leurs ordonnances ou leurs traitements”
Les cas les plus graves sont transportés, quand c’est possible, par le SAMU à l’hôpital de campagne installé au stade de Cavani à Mamoudzou. Les autres repartent avec des médicaments ou des ordonnances pour les pharmacies qui sont parvenues à rouvrir. En une demi-journée, une cinquantaine de patients sont pris en charge. Le dispensaire sera fermé l’après-midi, l’équipe va se déplacer dans les hauteurs de la commune pour les malades et les blessés qui ne peuvent pas se déplacer.
Distribuer de l’eau et dégager les routes
Un peu plus loin, à Iloni, le reste du détachement dégage des arbres qui bloquent la route de la plage, leur mission depuis le début de la semaine avec les distributions de bouteilles d’eau. Les sapeurs-pompiers tronçonnent les branches avant d’attacher l’obstacle à un camion, mis à disposition par le SDIS de Mayotte.
Certains portent des uniformes rouges, d’autres bleus, selon l’association à laquelle ils appartiennent : GIS-France, PHF, FAUSI et PICA. Leur équipement est rassemblé sous une tente blanche, dont un drone.
“C’est celui de FAUSI”, précise Alexandre Pertin, le chef du détachement et président de l’association France Aide Urgence Secours International. “On a mutualisé nos hommes, nos compétences, mais on essaye aussi de mutualiser notre matériel, l’un prend l’unité de potabilisation, l’autre le poste médical”. Un moyen d’éviter “les doublettes ou les oublis.”
Des secouristes mobilisés sur leur temps libres
Contrairement aux sapeurs-pompiers professionnels, ces secouristes se mobilisent dans le cadre de leurs associations sur leur temps libre, sous l’égide de la fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. “Le fait de partir en un seul détachement, ça permet de faciliter l’organisation et d’organiser la relève”, ajoute Alexandre Pertin.
Ces 17 volontaires seront relayés à partir de samedi par une autre équipe de 12 secouristes jusqu’à la mi-janvier. “On reste pompiers, on a aussi nos missions en métropole. En cette période de fête, ça reste compliqué de poser des congés. Ceux qui sont là sont ceux qui avaient déjà prévu leurs vacances”, précise le chef du détachement.
Si l’équipe est mobilisée pour le moment dans la commune de Dembéni, elle sera amenée à changer de site “selon les besoins des autorités locales”.