"Nous ne faisons pas de spéculation foncière", soutient Yves-Michel Daunar, directeur général de l'EPFAM

Yves-Michel Daunar, directeur général de l'EPFAM
Invité du Zakweli ce vendredi 28 mars, Yves-Michel Daunar, directeur général de l’Établissement Public Foncier et d’Aménagement de Mayotte (EPFAM), a défendu son institution face aux critiques sur la gestion du foncier à Mayotte. Accusé d’exproprier les Mahorais et de spéculer sur leurs terres, il assure que l’EPFAM agit dans l’intérêt du territoire et dans le respect des procédures.

"Une enquête publique ne signifie pas expropriation"

Le directeur général de l'EPFAM est revenu sur les tensions autour du foncier à Mayotte, notamment à Kawéni, où des habitants dénoncent une tentative de spoliation de la part de l'EPFAM.

Pour Yves-Michel Daunar, il s’agit avant tout d’un malentendu. "Le porteur du projet est la ville de Mamoudzou. Nous allons entamer des discussions avec l’ensemble de la famille concernée, dans l’objectif d’un accord amiable", a-t-il affirmé. Il a rappelé qu’une enquête publique n’implique pas forcément une expropriation, mais vise à s’assurer que le projet répond aux besoins collectifs.

Quant à la question de l’indemnisation des propriétaires fonciers, le directeur général s'est voulu rassurant. "Le prix sera fixé par le juge d’expropriation en fonction des prix du marché. Nous ne pratiquons pas d’acquisition gratuite du foncier." Il a cité en exemple le projet de Dembéni, où l’EPFAM a déboursé 30 millions d’euros pour acquérir les terrains nécessaires à la construction de 2 500 logements.

L'EPFAM dans l’agriculture et l’aménagement

Autre sujet de tension, l’absence de SAFER (Société d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural) à Mayotte, qui alimente les inquiétudes des agriculteurs. Yves-Michel Daunar a rappelé que l’EPFAM joue ce rôle en l’absence d’une structure dédiée. "Depuis huit ans, qui installe des agriculteurs à Mayotte ? Qui accompagne l’agriculture biologique et la pépinière locale ? C’est l’EPFAM", souligne-t-il.

Il a néanmoins admis que l’accès au foncier agricole reste un défi, en raison de la protection des zones naturelles et de la crise de l’eau. "Nous travaillons avec le département pour récupérer des terrains de l’État et les mettre à disposition d’agriculteurs professionnels, tout en réfléchissant à des solutions pour l’approvisionnement en eau."

"Nous ne faisons pas de spéculation foncière"

Face aux accusations de spéculation, Yves-Michel Daunar s'est défendu fermement, "L’aménagement a un coût. Nous achetons du foncier, nous finançons des études, des travaux, et nous devons rembourser nos emprunts. Lorsqu’il s’agit de logement social, nous revendons le terrain à un prix inférieur à son coût de revient grâce aux aides publiques. Pour le logement libre, nous le revendons à son prix de revient. Nous ne faisons pas de plus-value."

Il a reconnu néanmoins que certains propriétaires vivent mal le fait de voir leurs terres rachetées pour être aménagées. "Je comprends qu’ils aient le sentiment que leur terrain leur est pris pour être revendu. Mais notre objectif est de répondre aux besoins en logements et en infrastructures du territoire."

Quel avenir pour l’EPFAM ?

L’entrée en vigueur de la loi Mayotte a soulevé des questions sur l’avenir de l’EPFAM, notamment avec la création d’un nouvel établissement public présidé par le Conseil départemental. Yves-Michel Daunar précise que l’EPFAM poursuivra ses missions, avec une nouvelle compétence, la coordination de la reconstruction. "Nous ne construirons pas nous-mêmes, mais nous accompagnerons les personnes dans le financement et la mise en œuvre de leurs projets."

Alors que son propre avenir au sein de l’institution semble incertain, il assure que la majorité de ses collaborateurs continueront d’assurer la mission de l’EPFAM. Reste à savoir si cette nouvelle organisation permettra d’apaiser les tensions foncières qui traversent le territoire.