Opération Wuambushu vue de Paris : Mayotte, la jungle et les « Mayottiens »

La jungle. On emploie ce mot sans modération : « les CRS s’enfoncent dans la jungle de Mayotte » peut-on entendre sur les images télévisées des hommes en uniforme casqués et armés traversant les bananeraies des hauteurs de Tsoundzou.

« Mayotte, c’est un département français mais c’est loin, très très loin ! c’est le plus éloigné de tous ! » clame un chroniqueur, oubliant que la distance vers la Réunion est supérieure de 2000 kilomètres »

Les commentaires des lecteurs sur les sites des journaux s’enflamment : « il faut donner l’indépendance à ce confetti du Pacifique ! » clame l’un, « il faut envoyer la légion ! » ajoute un autre,  ignorant que Mayotte abrite précisément l’unique base de légionnaires… dans l’Océan Indien.

Les analyses sur la situation économique de l’archipel sont tout aussi approximatives. On lira que les Mahorais ont un PIB par habitant six fois supérieur à celui des Comoriens, mais d’autres affirment huit fois, qui dit mieux ? Dix fois assure un troisième… le vrai chiffre est six fois, et cela suffit à décrire le fossé entre les îles.

Les analyses politiques ne font pas dans la nuance : « Wuambushu est une opération coloniale et raciste » affirme un syndicaliste, entraînant cette réponse surprenante d’un député LR : « Je suis d’accord, mais c’est à l’inverse une opération coloniale des Comoriens clandestins qui viennent toucher les allocations familiales »… ignorant que seuls les nationaux ou les familles en situation régulière perçoivent ces allocations minorées, et interdites aux sans-papiers.

La perle du jour nous est offerte par  l’homme politique  Eric Zemmour. Il n’a visiblement pas effectué de mise à jour sur Mayotte qui pourtant alimente son cheval de bataille du « grand remplacement ». Il déclare : « Les Comoriens sont en train de submerger la population Mayottienne ». Un fois précédente, il avait évoqué les « Mayottais ».