Les soignants de Kahani durcissent leur droit de retrait

Soignants à Kahani
Plutôt épargnés jusqu'alors, les hôpitaux de Mayotte se retrouvent eux aussi confrontés à la violence. Mais les soignants en ont assez et veulent plus de protection pour eux et pour les patients qui se rendent à Kahani.

« Rentrez chez vous, aujourd’hui nous n’accueillons personne ! »


La formule est lapidaire pour les patients qui souhaitent se faire examiner au centre de référence de Kahani. Depuis 10 jours, le personnel soignant effectue un droit de retrait partiel pour demander un renforcement de la sécurité du dispensaire et de la maternité. Mais ce matin, les soignants ont décidé de durcir leur mouvement en effectuant un droit de retrait total. A part les urgences, aucun patient n’est admis. Et si les infirmières, aides-soignantes, agents de nettoyage et agents administratifs dansaient et riaient à l’entrée de l’établissement, c’est bien de la colère qu’elles ont au fond de leur cœur.

« Nous demandons plus de sécurité, aussi bien aux urgences que quand on sort ou on arrive au boulot. Nous venons au travail la boule au ventre » expliquent-elles.


Il y a 10 jours, à 2 h du matin, un patient a voulu rentrer de force aux urgences mécontent du temps d’attente qu’il estimait trop long. Il y a deux jours, un malade qui sortait du dispensaire s’est fait voler son téléphone par des jeunes qui l’avait repéré en allant se soigner. La coupe est pleine.
"Dispensaire en pleurs", les banderoles témoignent du désespoir d u personnel face à une insécurité grandissante.

Vendredi, la directrice du Centre hospitalier de Mayotte (CHM), Catherine Barbezieux s’était rendue sur place et a annoncé des mesures pour tenter de rassurer les agents hospitaliers.

" Nous avons doublé le nombre d’agents de sécurité et nous verrons avec leur employeur dans quelle mesure ils peuvent élargir leur rayon d’action. Nous avons demandé à la gendarmerie de passer plus souvent et à la police municipale d’être présente aux heures d’embauche et de sortie des agents » avait-elle déclaré.


Mais cela ne suffit pas pour le personnel du dispensaire de Kahani. Ils réclament des agents de sécurité aux urgences, à l’accueil et aux abords de l’établissement. A ce propos, la mairie de Ouangani a procédé au débrouissaillage de la parcelle devant accueillir un lotissement et qui fait face à l’hôpital de Kahani. Désormais, les délinquants ne pourront plus s’y cacher pour attaquer les soignants et les patients.
La commune de Ouangani a débroussaillé les abords du dispensaire pour éviter que des agressuers s'y cachent en attendant la sortie du dispensaire des soignants et des patients.

« Là, on continuera jusqu’au bout ! » affirment certains soignants pour montrer leur détermination. Evidemment, ce n’est pas une bonne nouvelle pour les patients de la zone qui ne peuvent se faire soigner à l’hôpital alors que Mayotte est un désert médical. Mais les agents ne veulent plus risquer leur vie en se rendant au travail. Et pour faire monter la pression, le Collectif des citoyens de Mayotte a tenu à les soutenir.