Entretien réalisé au cours de la manifestation contre le projet de suppression du visa Balladur.
Question : Quel sens donnez – vous à votre présence dans cette manifestation ?
Payet Bichara Bouhari : Je suis là en tant que Conseillère départementale mais aussi en tant citoyenne. Je soutiens ce mouvement parce que j’estime que Paris ne doit pas prendre des décisions aussi importantes concernant Mayotte sans associer les Mahorais, notamment les élus, les parlementaires qui œuvrent pour le bien être de leur peuple.
Je trouve tout à fait normal que les Mahorais se révoltent et décident de descendre dans la rue pour exprimer leur colère envers le gouvernement actuel.
Par contre je trouve qu'il y a des incohérences dans cette manière de faire de la politique et je me demande si en continuant à faire de la politique de cette manière, on fera réellement bouger les choses sur ce territoire.
Je constate qu'il y a un vrai problème par rapport à l'organisation de cette manifestation car j'estime que, s'il y a réellement eu une décision prise par le gouvernement concernant notre département, d’une manière que je qualifie de « méprisante », la première réaction , pour celui ou celle qui a fait la découverte de l’info, aurait été de nous réunir, nous élus locaux et parlementaires pour nous faire partager l'information, nous transmettre le document.
Cela nous aurait permis d'échanger entre élus sur cette question, de nous organiser pour mieux nous armer sur le sujet parce qu’il ne faut pas oublier que la question de l’immigration est une vraie question qui nécessite des débats et réflexions entre nous Mahorais.
Je constate que cela n’a pas été le cas, en tout cas, je n’ai pas entendu qu’il y a eu mobilisation des élus pour débattre de cette question. Aujourd'hui, on m'invite à descendre dans la rue, j'y suis par solidarité, comme beaucoup de gens dans cette foule mais pour l'instant, je n'ai aucune information sur le contenu de ce document « feuille de route » et je ne trouve pas ça normal.
Question : Mais la manifestation connaît un grand succès avec la participation de plus de 4 ou 5 milles personnes selon les sources ?
Payet Bichara Bouhari : Chaque population d’un territoire est représentée par des élus, des parlementaires. Quand il y a un problème, ces derniers doivent se réunir pour échanger sur la suite à donner et pour décider d’une réaction commune.
Comment voulez-vous que Paris nous écoute si on fait des choses dans la précipitation sans vraiment nous concerter au préalable, notamment sur le fléau de l’immigration clandestine.
Question : Quelle approche jugez – vous utile pour traiter avec efficacité cette question de l’immigration clandestine avec les autorités parisiennes?
Payet Bichara Bouhari : La meilleure manière n’est pas seulement de démontrer un grand nombre de manifestants et dire après « invitez-nous sur la table de discussions à Paris sinon on vous montrera de quoi on est capable ».
A mon avis, la question est, d’abord, d’adopter un comportement susceptible de nous rendre crédible et de prouver que nous sommes réellement des citoyens responsables et souhaitons réellement que cette question d’immigration soit résolue une bonne fois pour toute.
La question de l'immigration clandestine à Mayotte est une question assez lourde et délicate qui mérite des vraies réflexions entre élus et les Mahorais eux mêmes, n’ayons pas peur de nous dire les choses. Nous crions dans la rue mais il y a une réalité que nous vivons et cette réalité contredit nos revendications. La question de visa ou pas visa ne réglera en rien la question de l'immigration à Mayotte, disons-nous la vérité avant d'aller crier à Paris.
Question : Mais est ce qu'il n’y a pas une certaine défiance de la population de Mayotte envers les élus ?
Payet Bichara Bouhari : Justement notre gros problème est là. Les Mahorais ne nous font plus confiance et encore une fois, j'insiste pour dire que nous devons changer notre manière de faire de la politique, c'est à dire de prendre l'habitude d'échanger entre nous élus sur des questions importantes qui touchent cette île. Nous devons adopter un comportement exemplaire vis à vis de nos électeurs qui croient en nous, et vis-à-vis du gouvernement pour constituer une force respectable.
Nous savons tous que la question de l'immigration est une question qui inquiète Mayotte, la France « et tout le monde. Il est bien évident que celui ou celle qui soulèverait la question serait aussitôt suivi par les Mahorais mais n’en n’abusons pas, organisons-nous car nous devons surtout penser à la suite. Avons-nous la volonté de nous impliquer réellement pour régler efficacement le problème ? Voilà une réelle question à la quelle nous devrions répondre devant ce gouvernement. Et c’est aussi une question qui nécessite des échanges entre nous élus, parlementaires, représentants des associations etc...
Question : Mais pourquoi les mahorais n’ont plus confiance en vous les élus ?
Payet Bichara Bouhari : Beaucoup de Mahorais n’ont effectivement plus confiance en nous élus parce qu’ils désapprouvent ce qui se passe, notamment notre manière de mener la politique. Les choses vont dans tout les sens. Il y a des alliances politiques contre nature, même au niveau des partis représentés sur le plan national, qu’on ne comprend pas. Par exemple les LR et PS dans certains cantons ou aux sénatoriales, comme l’exemple de ce qui vient de se passer entre le candidat LR et le sénateur sortant socialiste investi par LRM….. C'est incompréhensible tout ça, comment voulez- vous que l’on soit crédible et que Paris nous respecte si même entre nous on ne se comprend pas.
Question:Est-ce par rapport à ça que vous parlez d’incohérences dans la politique à Mayotte?
Payet Bichara Bouhari : Hier, j’ai suivi les informations à la télé sur Mayotte 1ere. J'ai vu les résultats des élections sénatoriales. Ca m'a d'abord choquée de constater que, dans mon département 976, un sénateur sortant PS déclare devant le peuple mahorais qu'il vient d'être investi par la République en Marche alors que, lors des campagnes présidentielles et après son élection, Emmanuel Macron, notre Président de la République actuel, élu sous l'étiquette de LRM n'a pas, jusqu'à présent, démontré que le règlement de la question de l’immigration clandestine à Mayotte faisait partie de ses priorités. Sinon, que quelqu’un m’explique le contraire.
Pour en revenir au sénateur PS réélu LRM, j'ai bien suivi et vu sa déclaration sur Mayotte 1ère, quand le journaliste lui a posé la question suivante : " Participerez-vous à la manifestation de demain contre la suppression du visa Balladur à la Place de la République ? ". Notre parlementaire, sénateur élu sous l’étiquette LRM était très gêné parce qu'il ne s'y attendait pas et il a mis du temps à y répondre. Et même par sa manière de répondre, on sentait bien que c’était du « oui bien sûr je ferai semblant mais, Mr le président de la République, ne vous inquiétez pas, vous devriez comprendre que je viens d'être élu par le peuple mahorais et je dois montrer ma solidarité mais je suis avec vous ». (avec vous, monsieur Macron dont le gouvernement veut supprimer le visa Balladur, Ndlr)
Même si le sénateur réélu ne l'a pas dit clairement de cette manière mais on l'a senti, ses mots ont parlé, il fallait être un enfant pour ne pas percevoir ses inquiétudes en se demandant comment dois-je me comporter pour faire plaisir à tout le monde.
C'est pareil pour le député et président LR de Mayotte, Mansour Kamardine. Pendant des années, il nous a nettoyé nos cerveaux, quand je dis « nous » je parle des LR pour nous faire comprendre que nous avons des valeurs de notre parti de droite à défendre contre les socialistes. Pour nous, il est notre « vrai leader » sur ce territoire, notre modèle, l’homme le plus respecté de notre territoire. Aujourd'hui lui aussi part dans tous les sens parce qu'il voulait faire passer à tout prix un candidat que les électeurs LES REPUBLICAINS ne voulaient pas.
Il sait qu'il est le chef du parti et pense que ce qu'il dira sera automatiquement suivi et il décide donc que le parti doit soutenir le candidat SOCIALISTE, sénateur sortant Thani Mohamed Soilihi. Il décide donc d’abandonner Mr Assani ABDALLAH MDM, un parti de droite arrivé juste en deuxième position au premier tour face au candidat socialiste Thani MOHAMED.Où est la logique dans une telle situation ?
Comment voulez-vous que nos militants nous respectent ou qu’ils aient confiance en nous. Mansour Kamardine a bien compris que, par sa casquette du président LR et Député de Mayotte, il peut apaiser les choses au niveau national mais la question n’est pas là. Montrons-nous crédibles pour nous faire respecter, même par nos propres militants car la déception peut aussi casser notre mouvement.
D’ailleurs nous venons de subir les résultats, les conséquences de cette déception due à nos incohérences. Nous sommes un grand mouvement mais aucun de nos candidats LR aux sénatoriales n’a été élu. Les militants LR n'ont rien compris. Beaucoup se sont révoltés et ont préféré discrètement faire leur choix. Quelles seront les conséquences pour la suite au niveau du mouvement LR ? L’avenir nous le dira.
Question : C’est quoi ces alliances LR et PS ?
Payet Bichara Bouhari : En fait, au deuxième tour des sénatoriales, cette alliance LR et PS prévoyait que le candidat PS demande à ses électeurs de voter pour le candidat LR de Kani Keli et que le groupe LR demande à ses électeurs de voter pour le candidat PS. (Excusez-moi je parle tout le temps de PS et non de LRM parce que je ne crois pas trop aux opportunistes qui prennent des étiquettes politiques tous les jours ou dissimilent leurs étiquettes pour se faire élire)
Bref, quand on analyse bien la situation, quels sont les électeurs du candidat PS ? Ce sont nos électeurs LR. D’ailleurs je parle toujours "d'un candidat" pas du groupe PS car sa candidature n’est pas vraiment défendue par son parti, ses collègues PS au niveau de notre département.
Sinon, à Mayotte, combien y a-t-il de commune socialiste ? Combien de commune de la République en Marche ? 0 Zéro Commune.
Alors posez-vous donc la question, par qui a-t-il été élu dès le premier tour ? Par nous les LR.
Pourquoi notre président LR de Mayotte n’a pas voulu retenir certaines candidatures et même pourquoi d’autres personnes, hommes et femmes, ont hésité à se présenter ? C’est qu’il y a un vrai malaise au sein de ce parti LR à Mayotte.
Mais, pour moi, la vraie question n'est pas là. La vraie question que je me pose, comment est-ce que Mansour KAMARDINE peut me demander de voter pour un PS ou un LRM sachant qu'au niveau de Paris, lui même ne va jamais travailler avec cette personne, ce n'est pas cohérent tout ça.
Déjà aussitôt après les résultats définitifs des sénatoriales publiés au niveau national, nous venons de découvrir une vraie bombe. Le parti de La République en Marche est complètement minoritaire au Sénat. C’est la droite qui est largement majoritaire au sénat et d’après ce qui est annoncé dans tous les médias nationaux, ces derniers ne feront pas du tout du copinage avec LRM. Comment vont-ils travailler en se disant que l'autre est notre ami mais au Sénat, on va se retrouver de l'autre côté LRM ? Et en plus au moment où on nous parle des sanctions pour ceux qui n'ont pas obéi aux consignes des responsables LR à Paris ? Ces histoires d’alliances LR et LRM à Mayotte est une vraie question qui me préoccupe et que je compte même aller aborder au niveau National car ce n’est pas la première fois qu’on nous fait subir ces genres de situations, en tout cas dans ma propre commune de Dembeni, c’est déjà arrivé.
Question : Qu’est ce qui s’est passé à Dembeni ?
Payet Bichara Bouhari : Il y a quelques années, nous avions fait une alliance avec un parti de droite, le MPM. Le maire actuel Ambdi HAMADA pour les municipales et les cantonales mais je m’étais présentée sans étiquette puisqu’ils avaient refusé de m’investir. Mon parti LR avait préféré faire son alliance avec le PS de Dembeni et l’a fortement soutenu jusqu’à faire élire un maire PS, un parti qui n’existait quasiment pas avant cette élection. Conséquence : au bout de 6 ans, nos amis LR sont tous restés avec leur maire PS et font leurs réunions naturellement avec le PS mais nous disent « ne vous inquiétez-pas, nous sommes toujours LR mais pour les élections qui touchent le Territoire ou le niveau national ».
Notre actuel maire se dit de droite et prétend qu'en aucun moment il ne favoriserait un candidat PS, et pourtant, c’est lui-même qui a orchestré toutes ces manipulations de coalitions PS - LR, ok pas de soucis, mais quel discours il tiendra prochainement devant ses électeurs, même pour soutenir ses proches au cas où il déciderait de se retirer ?
Voilà pourquoi je dis qu'il n'y a aucune cohérence dans nos actes. Ca va dans tous les sens et je pense qu’il est peut-être temps que nous, élus, adoptions une autre manière de faire de la politique pour nous faire respecter et nous faire entendre.
PROPOS RECUEILLIS PAR EMMANUEL TUSEVO DIASAMVU.
Payet Bichara Bouhari : Je suis là en tant que Conseillère départementale mais aussi en tant citoyenne. Je soutiens ce mouvement parce que j’estime que Paris ne doit pas prendre des décisions aussi importantes concernant Mayotte sans associer les Mahorais, notamment les élus, les parlementaires qui œuvrent pour le bien être de leur peuple.
Je trouve tout à fait normal que les Mahorais se révoltent et décident de descendre dans la rue pour exprimer leur colère envers le gouvernement actuel.
Par contre je trouve qu'il y a des incohérences dans cette manière de faire de la politique et je me demande si en continuant à faire de la politique de cette manière, on fera réellement bouger les choses sur ce territoire.
Je constate qu'il y a un vrai problème par rapport à l'organisation de cette manifestation car j'estime que, s'il y a réellement eu une décision prise par le gouvernement concernant notre département, d’une manière que je qualifie de « méprisante », la première réaction , pour celui ou celle qui a fait la découverte de l’info, aurait été de nous réunir, nous élus locaux et parlementaires pour nous faire partager l'information, nous transmettre le document.
Cela nous aurait permis d'échanger entre élus sur cette question, de nous organiser pour mieux nous armer sur le sujet parce qu’il ne faut pas oublier que la question de l’immigration est une vraie question qui nécessite des débats et réflexions entre nous Mahorais.
Je constate que cela n’a pas été le cas, en tout cas, je n’ai pas entendu qu’il y a eu mobilisation des élus pour débattre de cette question. Aujourd'hui, on m'invite à descendre dans la rue, j'y suis par solidarité, comme beaucoup de gens dans cette foule mais pour l'instant, je n'ai aucune information sur le contenu de ce document « feuille de route » et je ne trouve pas ça normal.
Question : Mais la manifestation connaît un grand succès avec la participation de plus de 4 ou 5 milles personnes selon les sources ?
Payet Bichara Bouhari : Chaque population d’un territoire est représentée par des élus, des parlementaires. Quand il y a un problème, ces derniers doivent se réunir pour échanger sur la suite à donner et pour décider d’une réaction commune.
Comment voulez-vous que Paris nous écoute si on fait des choses dans la précipitation sans vraiment nous concerter au préalable, notamment sur le fléau de l’immigration clandestine.
Question : Quelle approche jugez – vous utile pour traiter avec efficacité cette question de l’immigration clandestine avec les autorités parisiennes?
Payet Bichara Bouhari : La meilleure manière n’est pas seulement de démontrer un grand nombre de manifestants et dire après « invitez-nous sur la table de discussions à Paris sinon on vous montrera de quoi on est capable ».
A mon avis, la question est, d’abord, d’adopter un comportement susceptible de nous rendre crédible et de prouver que nous sommes réellement des citoyens responsables et souhaitons réellement que cette question d’immigration soit résolue une bonne fois pour toute.
La question de l'immigration clandestine à Mayotte est une question assez lourde et délicate qui mérite des vraies réflexions entre élus et les Mahorais eux mêmes, n’ayons pas peur de nous dire les choses. Nous crions dans la rue mais il y a une réalité que nous vivons et cette réalité contredit nos revendications. La question de visa ou pas visa ne réglera en rien la question de l'immigration à Mayotte, disons-nous la vérité avant d'aller crier à Paris.
Question : Mais est ce qu'il n’y a pas une certaine défiance de la population de Mayotte envers les élus ?
Payet Bichara Bouhari : Justement notre gros problème est là. Les Mahorais ne nous font plus confiance et encore une fois, j'insiste pour dire que nous devons changer notre manière de faire de la politique, c'est à dire de prendre l'habitude d'échanger entre nous élus sur des questions importantes qui touchent cette île. Nous devons adopter un comportement exemplaire vis à vis de nos électeurs qui croient en nous, et vis-à-vis du gouvernement pour constituer une force respectable.
Nous savons tous que la question de l'immigration est une question qui inquiète Mayotte, la France « et tout le monde. Il est bien évident que celui ou celle qui soulèverait la question serait aussitôt suivi par les Mahorais mais n’en n’abusons pas, organisons-nous car nous devons surtout penser à la suite. Avons-nous la volonté de nous impliquer réellement pour régler efficacement le problème ? Voilà une réelle question à la quelle nous devrions répondre devant ce gouvernement. Et c’est aussi une question qui nécessite des échanges entre nous élus, parlementaires, représentants des associations etc...
Question : Mais pourquoi les mahorais n’ont plus confiance en vous les élus ?
Payet Bichara Bouhari : Beaucoup de Mahorais n’ont effectivement plus confiance en nous élus parce qu’ils désapprouvent ce qui se passe, notamment notre manière de mener la politique. Les choses vont dans tout les sens. Il y a des alliances politiques contre nature, même au niveau des partis représentés sur le plan national, qu’on ne comprend pas. Par exemple les LR et PS dans certains cantons ou aux sénatoriales, comme l’exemple de ce qui vient de se passer entre le candidat LR et le sénateur sortant socialiste investi par LRM….. C'est incompréhensible tout ça, comment voulez- vous que l’on soit crédible et que Paris nous respecte si même entre nous on ne se comprend pas.
Question:Est-ce par rapport à ça que vous parlez d’incohérences dans la politique à Mayotte?
Payet Bichara Bouhari : Hier, j’ai suivi les informations à la télé sur Mayotte 1ere. J'ai vu les résultats des élections sénatoriales. Ca m'a d'abord choquée de constater que, dans mon département 976, un sénateur sortant PS déclare devant le peuple mahorais qu'il vient d'être investi par la République en Marche alors que, lors des campagnes présidentielles et après son élection, Emmanuel Macron, notre Président de la République actuel, élu sous l'étiquette de LRM n'a pas, jusqu'à présent, démontré que le règlement de la question de l’immigration clandestine à Mayotte faisait partie de ses priorités. Sinon, que quelqu’un m’explique le contraire.
Pour en revenir au sénateur PS réélu LRM, j'ai bien suivi et vu sa déclaration sur Mayotte 1ère, quand le journaliste lui a posé la question suivante : " Participerez-vous à la manifestation de demain contre la suppression du visa Balladur à la Place de la République ? ". Notre parlementaire, sénateur élu sous l’étiquette LRM était très gêné parce qu'il ne s'y attendait pas et il a mis du temps à y répondre. Et même par sa manière de répondre, on sentait bien que c’était du « oui bien sûr je ferai semblant mais, Mr le président de la République, ne vous inquiétez pas, vous devriez comprendre que je viens d'être élu par le peuple mahorais et je dois montrer ma solidarité mais je suis avec vous ». (avec vous, monsieur Macron dont le gouvernement veut supprimer le visa Balladur, Ndlr)
Même si le sénateur réélu ne l'a pas dit clairement de cette manière mais on l'a senti, ses mots ont parlé, il fallait être un enfant pour ne pas percevoir ses inquiétudes en se demandant comment dois-je me comporter pour faire plaisir à tout le monde.
C'est pareil pour le député et président LR de Mayotte, Mansour Kamardine. Pendant des années, il nous a nettoyé nos cerveaux, quand je dis « nous » je parle des LR pour nous faire comprendre que nous avons des valeurs de notre parti de droite à défendre contre les socialistes. Pour nous, il est notre « vrai leader » sur ce territoire, notre modèle, l’homme le plus respecté de notre territoire. Aujourd'hui lui aussi part dans tous les sens parce qu'il voulait faire passer à tout prix un candidat que les électeurs LES REPUBLICAINS ne voulaient pas.
Il sait qu'il est le chef du parti et pense que ce qu'il dira sera automatiquement suivi et il décide donc que le parti doit soutenir le candidat SOCIALISTE, sénateur sortant Thani Mohamed Soilihi. Il décide donc d’abandonner Mr Assani ABDALLAH MDM, un parti de droite arrivé juste en deuxième position au premier tour face au candidat socialiste Thani MOHAMED.Où est la logique dans une telle situation ?
Comment voulez-vous que nos militants nous respectent ou qu’ils aient confiance en nous. Mansour Kamardine a bien compris que, par sa casquette du président LR et Député de Mayotte, il peut apaiser les choses au niveau national mais la question n’est pas là. Montrons-nous crédibles pour nous faire respecter, même par nos propres militants car la déception peut aussi casser notre mouvement.
D’ailleurs nous venons de subir les résultats, les conséquences de cette déception due à nos incohérences. Nous sommes un grand mouvement mais aucun de nos candidats LR aux sénatoriales n’a été élu. Les militants LR n'ont rien compris. Beaucoup se sont révoltés et ont préféré discrètement faire leur choix. Quelles seront les conséquences pour la suite au niveau du mouvement LR ? L’avenir nous le dira.
Question : C’est quoi ces alliances LR et PS ?
Payet Bichara Bouhari : En fait, au deuxième tour des sénatoriales, cette alliance LR et PS prévoyait que le candidat PS demande à ses électeurs de voter pour le candidat LR de Kani Keli et que le groupe LR demande à ses électeurs de voter pour le candidat PS. (Excusez-moi je parle tout le temps de PS et non de LRM parce que je ne crois pas trop aux opportunistes qui prennent des étiquettes politiques tous les jours ou dissimilent leurs étiquettes pour se faire élire)
Bref, quand on analyse bien la situation, quels sont les électeurs du candidat PS ? Ce sont nos électeurs LR. D’ailleurs je parle toujours "d'un candidat" pas du groupe PS car sa candidature n’est pas vraiment défendue par son parti, ses collègues PS au niveau de notre département.
Sinon, à Mayotte, combien y a-t-il de commune socialiste ? Combien de commune de la République en Marche ? 0 Zéro Commune.
Alors posez-vous donc la question, par qui a-t-il été élu dès le premier tour ? Par nous les LR.
Pourquoi notre président LR de Mayotte n’a pas voulu retenir certaines candidatures et même pourquoi d’autres personnes, hommes et femmes, ont hésité à se présenter ? C’est qu’il y a un vrai malaise au sein de ce parti LR à Mayotte.
Mais, pour moi, la vraie question n'est pas là. La vraie question que je me pose, comment est-ce que Mansour KAMARDINE peut me demander de voter pour un PS ou un LRM sachant qu'au niveau de Paris, lui même ne va jamais travailler avec cette personne, ce n'est pas cohérent tout ça.
Déjà aussitôt après les résultats définitifs des sénatoriales publiés au niveau national, nous venons de découvrir une vraie bombe. Le parti de La République en Marche est complètement minoritaire au Sénat. C’est la droite qui est largement majoritaire au sénat et d’après ce qui est annoncé dans tous les médias nationaux, ces derniers ne feront pas du tout du copinage avec LRM. Comment vont-ils travailler en se disant que l'autre est notre ami mais au Sénat, on va se retrouver de l'autre côté LRM ? Et en plus au moment où on nous parle des sanctions pour ceux qui n'ont pas obéi aux consignes des responsables LR à Paris ? Ces histoires d’alliances LR et LRM à Mayotte est une vraie question qui me préoccupe et que je compte même aller aborder au niveau National car ce n’est pas la première fois qu’on nous fait subir ces genres de situations, en tout cas dans ma propre commune de Dembeni, c’est déjà arrivé.
Question : Qu’est ce qui s’est passé à Dembeni ?
Payet Bichara Bouhari : Il y a quelques années, nous avions fait une alliance avec un parti de droite, le MPM. Le maire actuel Ambdi HAMADA pour les municipales et les cantonales mais je m’étais présentée sans étiquette puisqu’ils avaient refusé de m’investir. Mon parti LR avait préféré faire son alliance avec le PS de Dembeni et l’a fortement soutenu jusqu’à faire élire un maire PS, un parti qui n’existait quasiment pas avant cette élection. Conséquence : au bout de 6 ans, nos amis LR sont tous restés avec leur maire PS et font leurs réunions naturellement avec le PS mais nous disent « ne vous inquiétez-pas, nous sommes toujours LR mais pour les élections qui touchent le Territoire ou le niveau national ».
Notre actuel maire se dit de droite et prétend qu'en aucun moment il ne favoriserait un candidat PS, et pourtant, c’est lui-même qui a orchestré toutes ces manipulations de coalitions PS - LR, ok pas de soucis, mais quel discours il tiendra prochainement devant ses électeurs, même pour soutenir ses proches au cas où il déciderait de se retirer ?
Voilà pourquoi je dis qu'il n'y a aucune cohérence dans nos actes. Ca va dans tous les sens et je pense qu’il est peut-être temps que nous, élus, adoptions une autre manière de faire de la politique pour nous faire respecter et nous faire entendre.
PROPOS RECUEILLIS PAR EMMANUEL TUSEVO DIASAMVU.