Près de 1000 mineurs délinquants suivis par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) en 2019

Que fait-on pour enrayer la délinquance des jeunes à Mayotte? Cette question revient très souvent. Les mineurs délinquants ou criminels, des jeunes pour lesquels une procédure judiciaire au Tribunal Judiciaire de Mamoudzou est engagée, ces jeunes là passent par la PJJ.
 
Des jeunes qui ont eu des conditions de vie difficiles. Chaque année entre 20 et 30 jeunes délinquants sont envoyés un centre éducatif fermé à l’île de La Réunion.
En 2019, « 953 jeunes » ont été pris en charge, « dont 860 au pénal et 90 au civil » nous précise la directrice territoriale de la PJJ, Liliane Vallois. Ces cas de mineurs délinquants, représentent 7% de l’activité pénale.
« Ainsi, nous suivons des jeunes dans le cadre civil (principalement en investigation) et dans le cadre pénal (avant et après jugement). Il est impossible de lister de manière exhaustive tous les crimes ou délits concernés…Par ailleurs, les atteintes aux biens représentent la part la plus grande des délits poursuivis. Les atteintes aux personnes viennent en seconde position. ».
Ces jeunes sont donc très souvent poursuivis pour des faits de vols.
 

Le CER de Mro Mouhou, quatre mois pour se réinsérer…ou non

En juillet 2019, la PJJ a inauguré le premier centre éducatif renforcé (CER) de Mayotte. Situé à Mro Mouhou, dans la commune de Bandrélé, ce centre géré par Mlézi Maoré accueille des jeunes de 15 à 18 ans pour un séjour de quatre mois et demi. Pour la PJJ, le séjour dans le centre est court, et « très intense, permettant de faire rupture dans le parcours du jeune. C’est un lieu accueillant 8 jeunes, sur décision d’un magistrat, pour une session de 4 mois ½. »

Durant ces quatre mois, les jeunes avec l’aide des éducateurs vont passer par trois phases: la déconstruction, la reconstruction, la réadaptation progressive. Éloigné le jeune de son village ou de son quartier fait donc partie de l’étape, ainsi on l’éloigne de « ses mauvaises influences ».
Par la suite, il doit repartir sur des nouvelles bases avec des « valeurs positives ». Une fois ces deux étapes franchies, il doit se réadapter progressivement au droit commun avec des stages en entreprises, des retours en weekend en famille. « La sortie de CER est travaillée en lien entre l’équipe éducative du CER et l’équipe éducative de milieu ouvert qui continue à suivre le jeune ».
 

Majikavo, le plus grand quartier mineur d’Outre-Mer

Des psychologues et des assistants de service social, soit 70 personnes travaillent à la PJJ pour sortir ces jeunes de la délinquance. Des mineurs qui peuvent être placés dans des centres en milieu ouvert, en famille d’accueil, en insertion ou en détention. La PJJ nous précise que le quartier mineur du CP de Majicavo est le plus grand quartier mineur d’Outre-Mer.

Certains de ces jeunes sont envoyés à l’île de La Réunion, dans un centre éducatif fermé. Tous les ans, il y a environs 20 à 30 jeunes orientés en établissement de placement à la Réunion. « Le coût de ces placements est le même que celui d’un placement en établissement à Mayotte, auquel il faut ajouter le prix du billet d’avion (variable en fonction de la période du voyage) » nous indique la PJJ.
 

Pourquoi n’y a-t-il pas un centre éducatif fermé à Mayotte?

« C’est la population globale d’un territoire, le nombre de ses mineurs, le nombre de jeunes faisant l’objet d’une mesure judiciaire, qui permet d’en définir la dotation, en termes d’infrastructures » répond Liliane Vallois.
Elle ajoute « Mayotte vient de voir créer un CER, qui est un gros investissement de l’Etat, n’existant pas forcément sur tous les départements de France. Cette création très récente doit encore être observée, en termes de fonctionnement et d’utilisation afin de déterminer si elle répond aux besoins de la juridiction. En fonction des besoins objectivement recensés, par les professionnels et experts de la question, les demandes d’extension d’activité et de créations de dispositifs ont jusqu’alors toujours été entendus et suivis de dotations à Mayotte. »