À Mayotte, obtenir de quoi se nourrir et se désaltérer relève souvent du parcours du combattant. À Combani, les Associations Communautés Solidaires Citoyennes effectuent des maraudes de porte à porte, en apportant des vivres à une population qui se sent oubliée par les aides officielles.
Une habitante témoigne : “Ils sont déjà passés pour nous donner quelques denrées, mais c’était vraiment pas grand-chose.” Une autre ajoute : “Il y a eu des personnes qui sont venues nous aider, mais concernant les denrées de la mairie, nous n’avons jamais rien eu. C’est la première fois qu’on reçoit de la nourriture.”
Les maraudes de ces associations sont devenues indispensables depuis l’annonce de la suspension des distributions de denrées livrées par l’État français. Cette décision fait suite à un article du Monde, du 14 février dernier, qui accuse des élus locaux de détournement des aides et de discriminations dans les distributions.
Le maire de Mtsangamouji, Ibrahim Said Maanrifa, exprime son inquiétude et souligne d’autres problématiques : “Ce sont des suppositions, il n’y a pas de détails là-dessus. Mais peut-être que les éléments viendront, et que la lumière sera faite. Chacun pourra alors assumer ses responsabilités, car nous sommes tous salis alors qu’il y a eu beaucoup d’efforts de faits par les agents. On parle d’aides, on en entend parler, mais où sont-elles ? Ce sont les questions qu’on se pose tous. Mais nous, on sait qu’il n’y en a pas assez.”
Selon les chiffres fournis par la préfecture de Mayotte, 300 tonnes de denrées ont été acheminées depuis le passage du cyclone. Au vu de la population de Mayotte, cela équivaut à 17 grammes de nourriture par personne et par jour. Concernant l’eau, les 100 000 litres livrés quotidiennement représentent environ 30 centilitres par personne et par jour.
Un bénévole de l’association déclare : “On nous dit qu’il y a des tonnes de denrées alimentaires qui arrivent, mais on ne les voit pas.”
Contactés, le ministère des Outre-mer et la préfecture de Mayotte n’ont pour l’instant pas souhaité s’exprimer sur la situation. Dans certaines communes, comme Dembéni ou Pamandzi, les maires ont annoncé la poursuite des distributions.
Mais à quelques jours du Ramadan, ce sont désormais les mosquées qui prennent en charge les distributions, afin d’éviter que les soupçons de détournement ne perturbent les festivités.