Après un sixième décès lié au choléra aux Comores, l'Agence Régionale de Santé a présenté ce mardi 20 février sa stratégie pour prévenir et traiter d'éventuels cas importés à Mayotte. Un circuit de prise en charge des patients est en cours de préparation au CHM, pour les soigner sans contaminer d'autres patients. Le médecin infectiologue et conseiller à l'ARS, Maxime Jean, a répondu à nos questions sur les risques et le traitement de cette maladie.
- Comment savoir si on est contaminé ?
Maxime Jean : Le choléra, c'est avant tout un diagnostic biologique. Une personne qui est suspecte est conduite au CHM qui va réaliser des tests qui nous permettent d'avoir une réponse certaine en huit heures. Les choses seront sûrement amenées à évoluer en cas d'une éventuelle introduction du choléra sur le territoire, mais aujourd'hui, ce qui doit inquiéter les personnes, c'est une symptologie digestive, même une petite diarrhée, au retour d'un pays où circule de façon certaine le choléra. Ce qui n'empêche pas les personnes qui ne reviennent pas de ces régions de consulter un médecin, et le médecin sera amené, s'il le désire, à faire un test de choléra. Il n'y a pas d'alerte sur une forme de diarrhée particulière, en dehors d'une forme d'eau de cuisson de riz, qui est une forme rare mais typique de choléra et qui doit amener la personne à appeler immédiatement le 15. Si la maladie arrive sur le territoire, ce qui sera embêtant, comme avec beaucoup de maladies digestives, c'est que certaines personnes ne présentent pas de symptômes.
- Et comment cette maladie est-elle soignée ?
Le traitement repose sur la réhydratation. Il faut compenser ce qui est perdu dans la diarrhée, à la fois l'eau et un certain nombre de minéraux. C'est le même principe qu'une gastro pour les enfants, ce sont des sels ou des solutés de réhydratation qu'on trouve en pharmacie, mais aussi en grande surface, c'est un produit de santé qui est disponible partout. Si la forme est plus sévère, une réhydratation par voie injectable sera mise en place au CHM. Les antibiotiques ne sont pas nécessaires dans la majorité des cas, car le corps élimine de façon naturelle cette bactérie, ce n'est que pour les formes sévères pour diminuer un petit peu la quantité de bactérie qui rend les diarrhées majeures, et qui exposent au risque de décès par déshydratation.
- Que faire si on a été en contact avec une personne contaminée ?
Il y a les cas contacts et les personnes coexposées dans la mesure où c'est une transmission de personne à personne, mais aussi via l'environnement. Les équipes de l'ARS seront amenées à identifier ceux qui pourraient être exposés à la même source de contamination. Pour les personnes qui vivent dans le même foyer, nous les prendrons en charge à la fois sur le plan médical et sur le plan environnemental, nous distribuerons des solutés de réhydratation, des bouteilles d'eau. Les personnes n'ont pas de questions à se poser, elles doivent nous attendre. Les conseils restent les mêmes : toute l'eau qui est utilisée doit être contrôlée, eau en bouteille, de la rampe ou du réseau, le lavage des mains doit être régulier particulièrement après être allé aux toilettes, avant de cuisiner, avant de manger ou de s'occuper de son enfant. L'application de ces simples gestes permet d'éviter de l'attraper. Si la bactérie a déjà contaminé la personne, elle doit déjà commencer les solutions de réhydratation en attendant l'ambulance, car certaines diarrhées peuvent être très sévères et arriver très vite.