Retour sur l' actualité du 30 Mars 2011 - Mayotte : L' accès pour tous à l' eau potable, un défi de la départementalisation

La Fédération Mahoraise des Associations Environnementales célébrera, dimanche 23 mars 2019, la journée mondiale de l’eau, de la rivière et de la forêt Voici un reportage de Tusevo Diasamvu Emmanuel du 30 Mars 2011. Huit ans après,rien n' a changé, tout le monde n' a pas accès à l' eau potable

MAYOTTE : L’ACCES POUR TOUS A L’EAU POTABLE, UN DEFI DE LA DEPARTEMENTALISATION


Par Emmanuel Tusevo Diasamvu - Rédigé le 30 Mars 2011 (dernière modification le 30 Mars 2011) Podcastjournal.net

L’accès pour tous à l’eau potable constitue un des chantiers auquel devra s’atteler le nouveau département – région de Mayotte qui sera proclamé officiellement jeudi 31 mars 2011. De nombreux habitants de ce 101e département français dans l’océan indien s’approvisionnent en eau dans des rivières polluées au risque de leur santé.

Dans le quartier de Doujani 1 Collège, à cinq minutes de Mamoudzou, la capitale, des scènes de vie quotidienne offrent des images des bidonvilles des zones sous-développées à travers le monde. 

Bassines sur la tête, seaux à la main, des hommes et des femmes descendent en file indienne à la rivière proche pour puiser l’eau. Ces habitants, des immigrés venant des Comores et phénomène récent des réfugiés tibétains, ainsi que des Mahorais français louent auprès des propriétaires sans scrupules des maisons et des bicoques dépourvues d’eau courante. 

"Dans un département français, on considère que les populations qui y vivent devraient avoir accès à l’eau potable. Ce n’est pas le cas à Mayotte où le problème est accentué par la pression migratoire. Il y a une population très importante de clandestins qui n’a pas accès à l’eau potable par définition parce qu’ils sont clandestins, déplore un responsable de l’Agence Régionale de la Santé (ARS)". 

Salim Abdou, la cinquantaine, père d’une famille nombreuse montre le lit de la rivière complètement polluée. 

"C’est grâce à cette eau qu’on arrive à se laver, à boire, à laver nos assiettes. Les habitants d’ici ont peur de la police des frontières (la PAF) et n’osent pas aller chercher de l’eau dans d’autres quartiers… Cette rivière est aussi le terrain de jeux pour nos enfants. Ils se douchent dans cette eau polluée et y font leurs besoins", dit-il. 

Salama, jeune mère de famille d’un vingtaine d’années explique qu’elle vient s’approvisionner très tôt le matin parce que l’eau lui paraît plus claire et donc plus saine. 

"Je veille à faire bouillir l’eau avant de préparer le biberon pour mon bébé mais je suis inquiète parce que si mes enfants tombent malades, je ne peux pas aller à l’hôpital faute d’argent", explique-t-elle. 

Sa voisine descendue à la rivière abonde dans le même sens. 

"Je ne travaille pas, je n’ai pas de moyen pour payer les branchements d’eau potable. Un de nos voisins a été reconduit à la frontière alors qu’il avait attrapé la typhoïde suite à la consommation de l’eau de la rivière".

Le docteur Guy Lajoinie, médecin inspecteur de santé publique à l’Agence Régionale de la santé (ARS en 2011) confirme que l’eau de mauvaise qualité est la plus grande cause de mortalité dans le monde. 

"L’eau de la rivière fait courir des risques… Elle est infectée par des germes infectieux et des polluants chimiques. L’eau polluée ingérée se concentre dans l’organisme et provoque des maladies telles que des entérites, des ulcères, des hépatites et des cancers. Il y a beaucoup de typhoïde à Mayotte.
Il faut savoir également que les eaux des rivières ne sont pas protégées, des animaux peuvent y déféquer et uriner",indique le docteur Guy Lajoinie. 


Au Syndicat Intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte (Sieam en 2011), on explique cette situation par le manque de voirie sur les terrains occupés par certains habitants de Doujani 1 Collège. "Le Sieam ne peut travailler que sur le domaine public", indique-t-on.

EMMANUEL TUSEVO DIASAMVU : 30 MARS 2011 PODCAST JOURNAL

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EMMANUEL TUSEVO DIASAMVU