« Nous voulons sauvegarder nos valeurs, notre culture »
Mayotte la 1ere a rencontré l’un des notables présents dans la vidéo le 08 janvier. Mchami Ibrahim, notable et enseignant de son état explique « que la décision a été prise à l’unanimité ». « Nous voulons sauvegarder nos valeurs, notre culture », a-t-il martelé. Raison pour laquelle « toutes les familles qui enfreindront cette décision seront excommuniés durant 5 ans, elles auront également à payer 5000 euros d’amende pour leur réintégration ». La notabilité qui a aussi prévu des sanctions pour ceux qui prendront part aux festivités d’un mariage mixte : « bannissement de 5 ans et 2000 euros demande pour leur retour dans la vie sociale de la communauté ». La mesure suscite la polémique. Ce qui fera dire à Mchami Ibrahim :
nous avons pris notre décision, pour pouvoir sauver ce qui peut l’être nous ne voulons pas d’ingérence dans notre ville.
« Dans notre société, les femmes sont considérées comme inférieures aux hommes »
Pour Abdoul-malik Ahmad, enseignant chercheur à Aix-Marseille Université, « cette interdiction s’inscrit dans une longue tradition africaine dans laquelle on a du mal à voir les individus exister en tant que tels ; nous avons migré, nous sommes partis en Europe, nos enfants naissent là-bas, mais il est inenvisageable pour beaucoup qu’un franco-comorien puisse choisir sa conjointe, et la situation se durcit encore plus quand il s’agit de femmes », a-t-il analysé.
Ce docteur en sociologie qui a épousé une étrangère subit encore des remarques déplaisantes suite à cette union « non conventionnelle ». Mais selon lui, si les femmes sont surtout visées par la décision des notables, c’est pour une raison. « Nous sommes dans une société patriarcale et les femmes ne sont pas considérées comme des individus à part entière ; elles peuvent étudier mais elles restent des êtres inférieurs, quand il s’agit d’elles, on met en jeu des questions d’honneur, de respect. En fait, ces questions-là, au-delà de l’aspect social, c’est pour leur dire pensez à l’honneur, soumettez-vous et évidemment aux hommes, on ne dit pas ça ».
Toujours est-il qu’il y a un peu moins de 4 ans, la notabilité de la capitale, Moroni, avait pris la décision d’interdire les grands-mariages mixtes. Pour elle, le anda ( grand-mariage, ndlr) est une alliance entre deux familles comoriennes, une institution qu’il faut préserver mais elle n’avait pas pour autant interdit les unions mixtes.