VIH à Mayotte : un combat plus que jamais d'actualité

Week-end du Sidaction (21, 22 et 23 mars 2025)
À l’occasion du week-end du Sidaction, du 21 au 23 mars, l’association "À vos dons" relance sa grande collecte de fonds pour soutenir la recherche contre le VIH. Une initiative essentielle à Mayotte, où la situation reste préoccupante.

Mayotte est le deuxième département français le plus touché par le VIH. Chaque année, entre 80 et 100 nouvelles personnes séropositives sont détectées sur le territoire, un chiffre alarmant pour une île de seulement 310 000 habitants.

Le Docteur Niang, du service des maladies infectieuses du Centre Hospitalier de Mayotte (CHM), souligne l’importance de la prise en charge locale. "À Mayotte, nous suivons actuellement 540 patients atteints du VIH. Ils sont adressés ici, au CHM, pour l’annonce du diagnostic, la prise en charge et le soutien thérapeutique."

On estime ainsi que plus de 140 personnes supplémentaires vivraient avec le VIH sans le savoir, faute de dépistage.

Mais ce chiffre ne reflète qu’une partie de la réalité. D'après les médecins interrogés, les chiffres officiels ne sont qu'une partie émergée de l'iceberg et que la médecine actuelle ne permet pas encore d'avoir une connaissance fiable de l'épidémie. On estime que plus de 140 personnes supplémentaires vivraient avec le VIH sans le savoir, faute de dépistage.

Un dépistage encore faible

Le dépistage reste un enjeu majeur. À Mayotte, on réalise 110 sérologies pour 1 000 habitants, un taux bien inférieur à celui des autres départements d’outre-mer, où ce chiffre dépasse les 200.
La première urgence reste le dépistage, un acte compliqué à effectuer à Mayotte puisqu'il est presque exclusivement disponible au CHM. Difficile pour certaines populations enclavées de se rendre à Mamoudzou et de débourser des frais de déplacement pour se faire dépister. A cela s'ajoute les personnes sans titre de séjour qui ne se risquent pas à se déplcaer pour un simple dépistage. 


Pour pallier ces obstacles, des associations comme Nariké M’sada vont à la rencontre des populations les plus éloignées des soins. Leur camion itinérant permet à ceux qui le souhaitent de se faire tester gratuitement, en toute confidentialité. "Le camion permet d’aller au plus près de la population, de leur donner des informations et de leur offrir un dépistage rapide", explique Zainaba Mohamed, secrétaire générale de l’association. Ce camion sillonne les villages de Mayotte toute l'année, sans interruption et va à la rencontre de toute la population, sans distinction. 

Le dépistage contre le VIH reste faible à Mayotte

De nouveaux outils de prévention

Outre le dépistage, la prévention progresse également sur l’île. Depuis un an, Mayotte a accès à la PrEP (prophylaxie pré-exposition), un traitement qui protège du VIH les personnes séronégatives exposées à des risques d’infection. Le Docteur Mortier, du service des maladies infectieuses du CHM, explique, "La PrEP est un traitement préventif qui existe depuis 10 ans en métropole et qui est enfin disponible à Mayotte. Nous espérons qu’elle permettra de réduire le nombre de nouvelles infections".

Malgré ces nouveaux outils, Mayotte est le seul département français où l’Aide Médicale d’État (AME), qui permet aux personnes en situation irrégulière d’accéder aux soins, n’existe pas, selon le Sidaction. Un cas unique, dénoncé par le Défenseur des droits, qui recommande son extension au territoire.

Selon le Sidaction, environ 100 000 habitants ne sont pas affiliés à la Caisse de sécurité sociale de Mayotte et doivent payer leurs consultations. Cette situation entraîne un renoncement aux soins, notamment chez les femmes étrangères sans titre de séjour. Une étude de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Mayotte révèle que 30 % d’entre elles renoncent aux soins, un taux particulièrement préoccupant dans le cadre de la lutte contre le VIH.

Face à ces défis, le week-end du Sidaction, le 21, 22 et 23 mars, est un moment clé pour sensibiliser et mobiliser la population. Chaque don permet de soutenir la recherche et d’améliorer la prévention et la prise en charge du VIH, en particulier dans un territoire où les besoins restent immenses.