La situation a-t-elle évolué depuis la dernière visite ministérielle du 11 février à Mayotte ? Oui, estime Marie Guévenoux.
Durant cette journée réalisée au pas de charge, la ministre déléguée aux Outre-Mer n'a eu de cesse d'appeler à la levée rapide des barrages, tout en rappelant que "la situation était plus tendue" il y a quinze jours, lorsqu'elle se trouvait aux côtés du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Pas de levée des barrages par la force
"A l'époque, il y avait 17 barrages contre cinq ou six aujourd'hui donc la situation s'est améliorée", a-t-elle défendu. Pour la ministre, pas question a priori d'avoir recours à la force. "Aujourd'hui, on est encore dans la recherche du dialogue, on veut discuter avec le collectif des Forces vives, et pas avec du vent".
Marie Guévenoux a répété que la fin des blocages était nécessaire "pour laisser travailler le préfet et les forces de l'ordre" et pour ne pas "aggraver la situation" dans l'île. "Mais moi, je ne suis le chef des barrages, je suis membre du gouvernement français".
"Je pense que je serai entendue, a-t-elle assuré. Nous souhaitons avoir des résultats efficaces et rapides en matière d'insécurité et d'immigration". Mais pour l'instant, les premiers retours des Forces vives sur ces deux thématiques ou encore ceux des acteurs économiques sur les aides financières proposées sont loin d'être enthousiastes...
Des Forces vives partagées
Marie Guévenoux est revenue sur les engagements pris par écrit avec Gérald Darmanin sur la fin prochaine du droit du sol et du titre de séjour territorialisé et d'autres mesures drastiques pour contrer l'immigration illégale.
"Depuis, un certain nombre de collectifs ont appelé à la levée des barrages et tous les élus l'ont également fait, non pas pour nous faire plaisir mais parce que c'est dans l'intérêt de mayotte", argumente-t-elle encore.
Pas convaincue par la solution de l'état d'urgence
S'agissant de l'état d'urgence sécuritaire réclamée par les barragistes, la ministre a assuré une nouvelle fois que cela ne permettrait pas "d'atteindre les objectifs visés".
"Je n'y suis pas opposée par principe mais moi ce qui m'intéresse, c'est qu'on retrouve de la sécurité durable à Mayotte", lance-t-elle. "L'état d'urgence permet l'assignation à résidence mais ces individus n'ont pas d'adresse, il permet de faire des perquisitions, mais est-ce qu'on va perquisitionner des caillous ? Il permet les couvre-feu, une option intéressante, mais les maires peuvent déjà le faire !"
"Ce n'est pas la solution en revanche, avec le gouvernement, nous allons prendre des mesures efficaces pour apporter la sécurité aux Mahorais", conclut-elle à ce sujet.
Wuambushu 2 en avril après le "succès" de la première opération
La ministre confirme aussi le lancement de l'opération Wuambushu 2 en avril prochain. "Il faut travailler sur Wuambushu 2 et le nouveau préfet François Xavier Bieuville va définir les actions avec les élus qui connaissent le territorire pour commencer les premières opérations dès avril".
"Wuambushu 1 a été un succès avec 25 000 étrangers situation irégulier, 70 décasages et 60 chefs de bande interpellés. Ca ne s'est peut-être pas ressenti sur le terrain mais les résultats sont là", défend-elle d'ailleurs.
Marie Guévenoux indique que le gouvernement va ainsi poursuivre ses actions contre l'habitat illégal, la luttre contre l'immigration et la lutte contre la délinquance, sans compter le déploiement promis du "rideau de fer" maritime entre Mayotte et les Comores de manière "à mieux contrôler l'immigration clandestine".