La voix de la population a été entendue, la feuille de route est suspendue

Deux rassemblements populaires ont eu raison d'un document signé entre les diplomaties française et comorienne.
Car la contestation était sur deux niveaux. Les manifestants de Mamoudzou ont d'abord rejeté la méthode. Aucun élu de Mayotte n'avait pris part à la réunion qui a débouché sur la signature de la feuille de route. D'où le sentiment de mépris ressenti sur l'île au lagon.
Quant au contenu, il reste un mystère. Tout ce qui a été publié était déclaré faux sans que le vrai document ne soit rendu public. Une démarche qui a alimenté toutes les hypothèses, même les plus farfelues.
Des milliers de mahorais sont descendus dans les rues. La société civile, les agents des trois fonctions publiques, des syndicats et les simples citoyens étaient les plus nombreux.
La suspension, ou le report de l’application de la feuille de route est une petite victoire qui a débouché sur l’ouverture d’autres revendications.
Dans un communiqué le député Mansour Kamardine écrit :
 
« Les élus de Mayotte ont saisi l’opportunité de cette réunion pour aller plus loin dans les réponses à apporter à la colère des Mahorais, en proposant que tout soit mis en œuvre pour :
-          Avoir une réunion politique avec le Ministre des affaires étrangères ;
-          Rapatrier les services de l’état civil de la préfecture de la Réunion à la préfecture de Mayotte ;
-          Instruire les dossiers de demandes de visa et de titre de séjour au sein des services consulaires français aux Comores.
Le directeur de cabinet de la ministre des Outre-mer a pris l’engagement de convoquer une prochaine réunion en vue de l’examen de ces 3 demandes. »
De toutes les façons, à Mayotte, les manifestants maintiennent la pression sur les services de l’Etat qui accueillent des étrangers en situation irrégulière. La préfecture est la plus touchée depuis lundi 25 septembre dernier, jour de la première mobilisation. L’hôpital Jacaranda et les services fiscaux ont eux aussi été perturbés.
Il n’y a pas de vrai leader médiatique qui se distingue dans cette mobilisation, ni de tentative de récupération politique. Seule la cause est mise en avant, et le gouvernement est sommé d’apporter des réponses aux interrogations de la foule.
Les hommes politiques, notamment les grands élus sont attendus. Après le cafouillage du début avec les nombreux sous-entendus sur ceux qui auraient été au courant de l’existence de la feuille de route, ils semblent avoir parlés d’une même voix.
Le Comité de Défense des Intérêts de Mayotte affirme être vigilant sur la suite qui sera donnée à cette affaire. Ils veillent disent-ils. La devise du Grand Mouvement Populaire Mahorais, qui est devenu celui du département ne dit pas autre chose : « Rahachiri », « Nous sommes vigilants».

©mayotte



 

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