Y aurait-il un climat anti-flic à Mayotte ?

A Mayotte, contrairement à l’Hexagone, les violences policières n’agitent pas la société civile. Pourtant deux événements récents viennent poser le sujet sur la table. Et les policiers craignent d’être rattrapés par un climat anti-flic venus de l’Hexagone.
Les policiers seraint-ils mal-aimés à Mayotte ? Certains policiers ne sont pas loin de le penser. En effet, certains affirment que des médecins du Centre hospitalier de Mayotte surfent sur la vague de manifestations contre les violences policières dans l’Hexagone pour mettre en difficulté les fonctionnaires de police en émettant des faux certificats médicaux des personnes interpellées. Il y a une semaine, un équipage de la BAC (brigade anti-criminalité) a interpellé un jeune de 17 ans habitant Majicavo Koropa impliqué dans un vol de sac et de téléphone près de Hamaha dans la commune de Mamoudzou.
 

Y a-t-il eu usage de taser ?

Embarqué avec des menottes dans la voiture des policiers, il est frappé selon lui à coups de pied et de poings à la machoire. Le jeune homme parle également d’une machine posée sur son coup et qui chauffait. Le certificat médical du médecin évoque sans détour d’un taser, de contusion du visage au niveau de la joue à gauche, avec léger œdème et une incapacité totale de travail de 6 jours.
Le certificat médical de la personne interpellée mentionne des coups de pied et de poing, ainsi que l'usage d'un taser. Des violences réfutées par les policiers.

C’est sur la base de ce certificat médical que le parquet s’est saisi de cette affaire. Une enquête est donc en cours pour savoir si les policiers ont effectivement fait usage de la force de façon inappropriée. Mais cela indigne les policiers.

« On ne comprend pas. Nous contestons ce certificat médical, car nous ne l’avons pas frappé. Et s’il y a un œdème, est-ce que cela vaut 6 jours d’ITT ? Quant à la mention du taser, là aussi on ne comprend pas, puisque dans l’audition du jeune homme, celui-ci est incapable de décrire précisément cette arme. La couleur qu'il donne n'est pas celle de nos tasers. En temps habituel, quand il y a suspicion de violences policières, les avocats des personnes sont les premiers à monter au créneau. Là, l’avocate qui a assisté à la garde à vue n’a fait aucune observation. Quand ce sont les policiers qui viennent à l’hôpital pour faire constater leurs blessures, on remarque que certains médecins font tout pour minimiser nos blessures et limiter les ITT. »

Un policier de la BAC


Celui-ci affirme que certains médecins du CHM profiteraient de l’actualité nationale et la médiatisation des manifestations contre les violences policières pour vouloir mettre le sujet sur la table à Mayotte, quitte à réaliser de faux documents. Il y a quelques semaines, un homme a été tué par un policier à Kaweni. La famille de celui-ci affirme qu’il s’agit d’une bavure policière, alors que les syndicats de policiers ont eux évoqué la légitime défense.
 

Un manque de soutien du parquet et de la hiérarchie ?

Les policiers que nous avons pu joindre affirment que dans l’interpellation du jeune de 17 ans, il n’y a pas eu de violence de leur part. Et ils se disent prêt à attaquer en justice le médecin ayant réalisé le certificat médical de celui-ci. D’autre part, ils estiment également être en permanence surveillés et ne pas avoir le soutien du parquet dans la lutte contre la délinquance ni de leur hiérarchie, alors que leurs conditions d’exercice à Mayotte sont très difficiles.

La BAC est le seul service de la police qui n’a pas eu de fonctionnement aménagé durant la crise sanitaire. Nous sommes sur le terrain, 24 h sur 24, on n’a pas eu d’horaire ou de fonctionnement spécifique pour nous protéger de la Covid-19

Un policier de la BAC


C’est donc pour exprimer un certain ras-le-bol que les langues des policiers ont commencé à se délier.