Une nouvelle mobilisation s’est tenue dans la nuit du 9 au 10 juin 2022 à Cayenne. Un nouveau groupe de migrants s’est installé rue François Arago pour dormir. Ils étaient 28, selon la Préfecture. Sandra Trochimara a donc décidé de rester sur place jusqu’à leur prise en charge par les services de l’Etat, responsable de l’asile et de l’accueil des étrangers. L’élue a obtenu gain de cause plus tard dans la soirée.
Les demandeurs d’asile ont des droits et l’Etat a des devoirs. Il faut absolument que ces personnes soient hébergées dignement ou qu’il y ait un arrêt de ce flux migratoire qui vient du Brésil. Je demande que plus jamais des demandeurs d’asile n'arrivent sur ce territoire et soient déposés, jetés, comme des paquets sur les trottoirs de la ville de Cayenne.
Sandra Trochimara, maire de Cayenne
La maire explique que ces personnes, qui partent de la Syrie et passent par la Turquie, obtiennent un visa au Brésil. Elles se rendent ensuite en Guyane pour avoir le statut de demandeur d’asile. "Il y a des célibataires (des personnes seules installées rue François Arago, NDLR) qui n’ont pas accepté une proposition d’hébergement au sein de l’HUDA (Hébergement d'Urgence des Demandeurs d'Asile), car ils ont demandé d’être à l’hôtel", s’indigne-t-elle.
Cinq familles accueillies dans des logements d'urgence
Après plusieurs heures de mobilisation, cinq familles de migrants et une partie des célibataires sont finalement recensées par les services de l’Etat. Des logements d’urgence sont réquisitionnés pour les accueillir. Ce n’est pas la première fois que la maire de Cayenne interpelle la Préfecture afin d’éviter que ces personnes, dont des enfants et des personnes âgées, ne se retrouvent à la rue.
Cette fois, une petite centaine de citoyens, et des candidats aux élections législatives, étaient présents. Des bancs ont été installés dans la rue. Sur place, résonnaient les conversations, les chants et le son des tambours. Une situation parfois pesante pour les riverains. Le président de la CTG, Gabriel Serville, appelle une nouvelle fois l’Etat à respecter ses devoirs en matière d’accueil des étrangers.
C'est une situation qui se répète et ça finira, un jour, par devenir lassant [...] Je continue à penser qu'entre la fermeté qui est nécessaire et l'humanité dont nous devons faire preuve, on se doit de trouver une solution intermédiaire pour gérer cette crise [...] La Guyane ne peut pas rester insensible à cette situation de misère qui se développe sur son territoire. Ce sont des êtres humains qui ont besoin d'être accompagnés. Dès lundi, on va devoir s'organiser pour inviter Monsieur le Préfet à mettre en place cette cellule de travail.
Gabriel Serville, président de la Collectivité Territoriale de Guyane
Reste à savoir quand une réponse pérenne à la problématique de l’accueil des migrants sur le sol guyanais sera trouvée. A l'heure actuelle, "la Guyane n'est pas configurée pour accepter / héberger des vagues de demandeurs d'asile aussi importantes", estime Sandra Trochimara.
Une permanence pour anticiper d'éventuelles arrivées
"Comme à chaque arrivée de familles vulnérables, la Direction générale de la cohésion et des populations, accompagnée de la Croix Rouge française et du Samu social, intervient sur place afin de leur proposer des solutions d’hébergement", nous a répondu la Préfecture.
Les 28 personnes recensées sont des demandeurs d’asile, ayant été reçues en SPADA. "Les services de l’État travaillent actuellement en étroite collaboration avec la Police aux Frontières et assurent une permanence 24h/24 pour anticiper d’éventuelles arrivées de familles vulnérables à Cayenne, ainsi que le la mise à l'abri de celles-ci", a également précisé la Préfecture.