Nature : les caïques à queue courte toujours plus nombreux à jacasser dans le ciel guyanais

Depuis quelques semaines, les cancans d'une nuée d'oiseaux colorés agitent le ciel de Cayenne, de Bourda à Buzaré. Il s'agit de caïques à queue courte. Une espèce cousine des perruches et des perroquets, dont la population tend à s'accroître et à étendre son territoire le long du littoral.

Tôt le matin ou avec la fraîcheur de la fin de journée, le ciel de l'île de Cayenne bruisse de causeries, craillements, croaillements, jaseries et autre piaillements. Les coupables : de petits volatiles à la silhouette particulière mais au bec bien pendu : les caïques à queue courte, une espèce endémique des forêts primaires de l'Amazonie, un cousin des aras, amazones, perruches et autres perroquets.

Sa silhouette est assez anodine, et même ordinaire, loin des parures colorées des autres membres de sa famille : une grosse tête, un corps petit et trapu avec une queue très courte paraissant tronquée et dissimulée par les ailes au repos. Le plumage est simplement vert. Les ailes sont bordées de jaune et marquées de rouge aux épaules. Le bec noir, muni d'une cire de même couleur, est puissant. Les iris sont rouges et les pattes grisâtres.

Une espèce en voie d'expansion

Cette espèce de Psittacidae commune en Guyane est donc très localisée sur le centre littoral, à Cayenne, Rémire ou encore Matoury. Depuis quelques semaines, les bandes d'oiseux particulièrement bavards se font entendre et volent en rase-motte. Cette espèce frugivore fréquente le boulevard Jubelin, Bonhomme, la pointe Buzaré ou encore la colline de Montabo. En quête de manguiers, d'amandiers et de pruniers mombin.

D'aprés les dernières observations du Gepog (Groupe d'Etude et de Protection des Oiseaux en Guyane), grand scrutateur des us et coutumes des oiseaux du territoire, les gangs de caïques à queue courte étendraient même leur territoire.

Le caïque à queue courte est une espèce en expansion en Guyane explique Olivier CLAESSENS, ornithologue de l’association GEPOG.

Le caïque à queue courte prend donc ses aises progressivement d'est en Ouest, à chaque coup d'aile. Ce phénomène confirme l'expansion de l'espèce. Un essor qui pourrait se propager au delà même des frontières guyanaises. D'ici quelques temps, Olivier Claessens n'exclue pas l'arrivée du caïque à queue courte au Suriname où il est encore absent.

« Les espèces ont toutes une dynamique qui leur est propre. Le caïque à queue courte est dans une phase d'expansion. Ça veut dire que l'environnement lui convient. Tant qu'il n'y a pas d'interaction particulière avec les activités humaines ou d'autres espèces avec lesquelles il pourrait entrer en compétition, c'est un phénomène naturel. C'est plutôt positif. »

Olivier CLAESSENS, ornithologue de l’association GEPOG

Située au carrefour des principales routes de migration, la Guyane compte prés de 800 espèces d'oiseaux différentes.


Une richesse faunistique qui ne doit pas faire oublier une réalité pour Olivier Claessens : selon le rapport de l'Union internationale pour la conservation de la nature daté de 2015, trois espèces ont disparu, une quinzaine sont en danger critique. Parmi elles, le Manakin tijé, le Kamichi cornu, la Bécassine géante ou encore le Petit Chevalier à pattes jaunes. 

« Dès septembre, la Guyane accueille pendant quelques semaines ou quelques mois une grande partie des limicoles (« oiseaux des rivages » ) nord-américains, dont la majorité sont en déclin. Le Bécasseau semi palmé, qui représente le contingent le plus important sur la côte guyanaise, aurait perdu 80 % de ses effectifs en 30 ans, d’après les comptages effectués par les scientifiques américains. Le Chevalier à pattes jaunes a décliné quant à lui de 70 %. Quant aux espèces nicheuses, Echasse d’Amérique, Gravelot d’Azara et de Wilson, bécassines, leurs effectifs en Guyane paraissent bien fragiles. »

Olivier CLAESSENS, ornithologue de l’association GEPOG


Les causes : la destruction des habitats de nidification, la diminution des ressources, la chasse... Toutes en lien avec les activités humaines.

Le développement urbain est un des facteurs du déclin des populations d'oiseaux. Olivier CLAESSENS, ornithologue de l’association GEPOG.

Pour tenter d'enrayer cette tendance, le Gepog met en place plusieurs actions de protection et de mise en valeur des écosystèmes. L'association était logiquement présente lors du Congrès mondial de la Nature UICN à Marseille pour faire le point sur ses divers programmes et projet, dont le Life BIODIV'OM, un projet européen de 5 ans pour la conservation du Mérou Géant et la protection des Savanes Guyanaises.

Le travail du Gepog récompensé lors du Congrès mondial de la Nature

La Réserve Naturelle de l'île du Grand-Connétable, dont le Gepog est le gestionnaire, s'est ainsi vue attribuer le label Liste verte par le comité international UICN pour récompenser le travail de gestion et de protection des espaces naturels.