Rétrospective de l'actualité nickel en Nouvelle-Calédonie

Entre avancées historiques et problématiques majeures, les temps forts de l'actualité de la mine et de la métallurgie en 2013. Le secteur du nickel, poumon économique de la Nouvelle-Calédonie a vécu une année riche en rebondissements.

La grisaille mondiale n'a pas épargné le Caillou


Entrée sur le marché de nouvelles unités de production, concurrence de plus en plus vive des Nickel Pig Iron chinois, de plus en plus compétitifs, le tout dans un contexte économique mondial encore hésitant… 
Tous les ingrédients d’une crise de l’or vert étaient réunis en 2013, les stocks ont atteint jusqu’à 250 000 tonnes et représentent encore en cette fin d’année près de 16 semaines de consommation.
Les cours eux ont littéralement chuté, passant de 18 000 dollars US la tonne en janvier,à 14 000 dollars US douze mois plus tard.
 
Les finances publiques calédoniennes font les frais de cette dégradation prolongée des cours, tout comme – à différents degrés - les trois opérateurs locaux.
 

La SLN : un objectif de survie


Le nombre des années pesant inévitablement sur sa rentabilité, la SLN est probablement la plus affectée, accusant en 2013 une perte sèche d’environ 2 milliards et demi de francs cfp chaque mois.
La maison-mère et son PDG, Patrick Buffet, ont brandi leur combativité comme garantie de jours meilleurs.
Un objectif de survie qui passera d’abord et surtout par la construction de la nouvelle centrale, beaucoup plus économique voir écologique. Patrick Buffet est venu l’annoncer en personne fin novembre, cet investissement de 70 milliards de francs cfp sera financé directement par Eramet. 
L’industriel a gagné la bataille du charbon, validé comme la plus rentable des solutions dans le contexte économique actuel, par le rapport d’expertise commandé par le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel.
 
La vieille dame a vécu d’autres épisodes douloureux en 2013. Les inondations du mois de juillet qui l’ont conduite à  mener plusieurs bras de fer avec les habitants des communes minières, à qui elle concèdera finalement une participation dans le financement des curages des rivières. Quant à l’incendie qui s’est déclenché au mois d’août, il n’a heureusement pas fait de victime, sauf peut-être l’image de la SLN.
La sécurité du site de Doniambo est apparue pour le moins approximative au point que le haut-commissaire s’en mêle et exige la mise en place d’un plan d’intervention d’urgence.
 

Les incidents de l'Usine du Sud
 

Une année chaotique aussi pour l’Usine du Sud.2013 devait être l’année du décollage pour Vale Nouvelle-Calédonie, seulement voilà son tuyau marin en a décidé autrement…
Vale Nouvelle-Calédonie se relevait après la séquence catastrophique de l’effondrement et de la réparation d’une colonne. L’objectif de production de 5 000 tonnes a été atteint en mars mais celui de 25 000 tonnes en fin d’année 2013 s’est effondré avec la rupture de l’émissaire marin observée au mois de novembre. Un énième incident qui sème à nouveau le doute sur la viabilité économique de l’usine et sur sa "soutenabilité" environnementale. A l’occasion du colloque nickel qui s’est déroulé à Nouméa début juillet, la maison-mère, Vale, n’a pas manqué d’expliciter sa menace : sa filiale calédonienne doit s’autofinancer, ou plus précisément, ne doit plus dépendre des transferts financiers de Toronto, à défaut de quoi… L’histoire reste à écrire mais le départ de Vale fait partie des hypothèses que l’ont ne peut exclure.
 

L'Usine du Nord, le seul rayon de soleil ?

 
Et dans cette morosité ambiante,  l’Usine du Nord est devenue réalité. 
Le 10 avril 2013 restera une date historique, celle de la première coulée de nickel sur Vavouto, le rééquilibrage en marche et en mode multinational. Premier chargement et donc première exportation en septembre et le second four terminé fin novembre. La montée en puissance de l’Usine du Nord ne semble pour l’heure souffrir aucune anicroche en tout cas majeure, avec un passage de 4 000 tonnes produites en 2013 à 60 000 tonnes d’ici 2014.
 
Et le véritable "coup de gueule" du nouveau patron de Glencore-Xtrata, Yvan Glasenberg, qui a critiqué le coût pharaonique du projet - 6,2 milliards de dollars - pour une production encore marginale, n’y changera rien.
Au contraire, il s’agit là encore de se lancer au plus vite sur le marché. 

On retiendra également de cette année 2013, l’officialisation de l’extension de l’usine offshore de Gwangyang qui devra désormais produire non pas 30 000 mais 54 000 tonnes avec du minerai fourni par la SMSP ou d’éventuels partenaires…
 

La stratégie commune ?

 
A l’échelle du pays, on pourra regretter que 2013 ait été encore une année de débat et de réflexion sur la nécessaire stratégie commune à mettre place…
Les décisions devront attendre au mieux 2014!
 
L’imposant Comité Stratégique Industriel a laissé place à la confidentielle Conférence des présidents qui vient de mandater le haut-commissaire pour négocier avec les six mineurs de Nouvelle-Calédonie afin de soutenir l’approvisionnement de l’usine coréenne. 
La question de la stratégie commune sera débattue début 2014 dans un contexte – faut-il le rappeler - électoral. 
Avec un dilemme qui attend toujours d’être tranché : la Calédonie a-t-elle plus intérêt à valoriser le minerai localement ou à placer ses pions sur les marchés extérieurs en construisant des usines chez les autres ? 
 
Déception encore : la taxe ou redevance minière censée abreuver un fonds pour les générations futures n’a pas vu le jour en 2013, bloquée par des considérations juridiques. Son principe se heurte avec celui de stabilité fiscale dont bénéficient Vale NC et KNS, et les tentatives du gouvernement pour contourner l’obstacle n’ont pas abouti.
 
Pour conclure : une raison littéralement exceptionnelle de se réjouir en 2013 : l’inestimable cadeau concédé par l’Etat, lequel a tout simplement décidé le 16 juillet dernier d’effacer la dette nickel de la Calédonie à son égard. Une ardoise d’un peu plus de 34 milliards de francs cfp.
 

 Retour en images sur une année de vache maigre riche en rebondissements avec Olivier Jonemann.