Mission de l'ONU en Nouvelle-Calédonie: une visite "normale" ou "inopportune"?

A l'invitation du FLNKS, les émissaires de l'ONU ont débuté leur travail d'observation en Nouvelle-Calédonie. Au cours des entretiens avec les représentants des partis non indépendantistes, le ton, bien que respectueux à l'égard de l'institution, n'a pas été franchement accueillant...
Les émissaires de l'ONU, qui ont répondu à l'invitation du FLNKS et obtenu l'accord officiel de la France, vont "observer" en s'intéressant aux détails de la mise en oeuvre de l'Accord de Nouméa.
Mais cette mission intervient dans un contexte où la polémique sur la composition du corps électoral calédonien bat son plein, en provoquant un climat de tension entre les blocs indépendantiste et non indépendantiste.
 
Au cours de cette semaine de visite, les représentants de l'ONU ne pourront pas notamment éviter de s'intéresser au travail réalisé au sein des commissions administratives spéciales, chargées de décortiquer les listes électorales de Nouvelle-Calédonie...
 
Les indépendantistes rappelent que la Nouvelle-Calédonie est inscrite sur la liste des pays à décoloniser de l'ONU depuis 1986. Depuis cette date, les représentants du FLNKS vont d'ailleurs régulièrement plaidé la cause indépendantiste au siège de Nations Unies. Sans compter, insiste aussi le FLNKS, qu'il est clairement indiqué dans l'Accord de Nouméa que " le cheminement vers l'émancipation sera porté à la connaissance de l'ONU..." ( Article 3.2.1. de l'Accord de Nouméa).
 
Pour Roch Wamytan, cette visite des émissaires de l'ONU et donc parfaitement "normale", car elle s'inscrit dans le respect de l'Accord de Nouméa et du droit international.
 
La délégation de l'ONU n'a pas communiqué de programme officiel de sa visite en Nouvelle-Calédonie.
Une des nos équipes a rencontré les émissaires, lors de leur passage au sénat coutumier à Nouméa.
 

Le reportage de Norbert Taofifenua, de RObert Tamanogi et de Cédric Michaut de NC 1ère.

 
Invitée par le FLNKS, cette mission de l'ONU a reçu l'accord du gouvernement français pour se rendre sur le sol calédonien.
La marge de manoeuvre des non indépendantistes, partisans du maintien de la Nouvelle-Calédonie, est donc étroite!
De toutes façons, les prises de positions sont avant tout symboliques, car dans les rangs non indépendantistes circulent  aussi l'idée que l' ONU a actuellement des préoccupations beaucoup plus importantes que la situation politique du "Caillou"....

Extraits des réactions de l'Union pour Une Calédonie dans la France ( MPC et RPC), du Rassemblement-UMP et de Calédonie Ensemble:
 
Union pour une Calédonie dans la France : 
"Nous rappelons que l’Union pour la Calédonie dans la France était défavorable au principe de cette visite. La France est un Etat de droit. En Nouvelle-Calédonie, comme dans tous les territoires de la République, les droits de l’Homme sont respectés et la démocratie s’exprime librement. Nous respectons l’ONU, la France fait partie des cinq membres permanents du conseil de sécurité. Mais cette mission apporte de la tension et de la confusion, alors que nous avons besoin de clarté et de sérénité.
En tant que représentante de l’Union au gouvernement, Sonia Backes a rencontré cette délégation en début d’après-midi(lundi). Elle a eu l’occasion de leur dire fermement ce que pensent de nombreux Calédoniens de l’action de Roch Wamytan.Ces manœuvres d’exclusions sont contraires à l’esprit et à la lettre de l’Accord de Nouméa, soutenu en 1998 par 72% des Calédoniens. C’est aujourd’hui la seule feuille de route qui a la légitimité démocratique. Ces manœuvres scandaleuses s’ajoutent au gel du corps électoral, qui est déjà une entorse au pacte social issu de l’Accord de Nouméa...Nous appelons le FLNKS à mettre un terme à sa politique d’exclusion. Pour l’y contraindre, l’union des forces loyalistes est nécessaire. L’heure n’est pas aux querelles politiciennes et aux calculs électoraux..."
 
 
Discours de Jean-Claude Briault, membre du gouvernement ( Rassemblement-UMP) 
"Messieurs les représentants du Comité spécial des 24,conformément aux engagements contenus dans l’Accord de Nouméa, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie expose chaque année devant le Comité des 24 l’évolution de cet accord.La Nouvelle-Calédonie accueille volontiers, en outre, les visites de délégations soucieuses de s’informer sur place de cette évolution.Vous venez en Nouvelle-Calédonie avec l’accord du gouvernement de la République française. Je suis républicain, et respectueux des relations internationales de la France, sur cette partie intégrante de la République.Il est donc de notre devoir de vous accueillir et de vous assurer les meilleures conditions de séjour dans ce territoire.
 Toutefois, le calendrier choisi fait que votre visite est considérée ici comme un contrôle de nos opérations électorales, contrôle qui serait inacceptable. 
 La France est la patrie des Droits de l’Homme et du Citoyen, et les opérations électorales en Nouvelle-Calédonie respectent strictement les règles de sa Constitution démocratique...Je dois donc vous dire, Messieurs, que cette visite, par la date choisie, dans une période d’élections locales importantes, date qui génère le sentiment d’une d’immixtion dans le déroulement de nos scrutins, est tout à fait inopportune."
 
 
Calédonie Ensemble
"Depuis 25 ans, nous avons réalisé de considérables progrès en Nouvelle-Calédonie en matière d’émancipation, de développement, de rééquilibrage et de bien vivre-ensemble. Comme convenu par l’accord de Nouméa, le processus engagé doit être "porté à la connaissance de l’ONU", mais cela n’autorise pas l’organisation d’une visite impromptue, à l’initiative du FLNKS, et ciblée sur un sujet monté en épingle avec des arrières pensées électorales, d’autant plus que la présence de Fidji dans la délégation, pour vérifier le bon fonctionnement de notre démocratie, et plus particulièrement le bon déroulement des opérations de révision des listes électorales, apparaît pour le moins surprenante…
Lorsque le « gel » du corps électoral a été voté par le Parlement en 2007, il n’a jamais été question que celui-ci puisse priver du droit de vote des personnes arrivées avant le 8 novembre 1998. Les indépendantistes étaient à l’époque d’accord sur ce point, et nous communiquerons à la délégation des documents démontrant que cette interprétation était parfaitement admise..."