Quand les présidents voyageaient en Concorde

L'époque où les présidents français se déplaçaient à bord du Concorde semble déjà lointaine. Petit retour sur l'histoire d'un appareil hors du commun, alors que le président François Hollande s'apprête à fouler dimanche soir le tarmac de l'aéroport de La Tontouta, en Nouvelle-Calédonie, 
L’avion présidentiel français est aujourd’hui un Airbus A330-200, entré en fonctions le 11 novembre 2010, à l'occasion du déplacement de Nicolas Sarkozy à Séoul. Certains nostalgiques se souviennent encore de l’époque, pas si ancienne, où les présidents effectuaient leurs vols long courrier à bord de celui qu’on surnommait « l’oiseau blanc ». 
 
L’histoire de l’avion le plus célèbre du monde, le Concorde, remonte aux années 1950, alors que la France et le Royaume-Uni se lancent dans des études sur les avions supersoniques, c’est à dire pouvant dépasser le mur du son. En 1962, le général de Gaulle et le premier ministre britannique Harold Macmillan signent un protocole d'accord pour construire l'avion. L’année suivante, et en référence à un discours du président français, l’avion est baptisé "Concorde".
 
Il faudra encore attendre six années avant qu’un premier vol d’essai de l’appareil ne soit mis en place en 1969. Ce dernier durera 42 minutes, au départ de l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Pour la première fois dans l’histoire aéronautique, l’appareil atteint la vitesse supersonique, dépassant la vitesse du son qui est de 1 224 km/h.
 
Quelques années plus tard, en 1976, le premier vol commercial du Concorde est affrété par Air France et relie Paris à Rio de Janeiro, en passant par Dakar. 
 
Techniquement l’appareil semble viable. Par contre, au niveau commercial, le succès est loin d’être acquis. Le Concorde, qui consomme quatre fois plus d’essence par passager qu’un avion subsonique, coûte cher. Antoine Pinay, qui fut ministre des Finances sous la président de De Gaulle, qualifiait même l’appareil d’"avion pour milliardaires américains". 
 
Le contexte économique est lui aussi hostile à l’expansion d’une stratégie commerciale à grande échelle : en effet, à la fin des années 1970, la crise pétrolière bat son plein au niveau mondial et le prix du kérosène flambe. La plupart des commandes sont annulées. 
 
Jusqu’en décembre 1986, l’Etat français remboursera tous les ans à Air France les pertes générées par le Concorde, et c’est donc le contribuable français qui financera en partie l’avion. 
 
La conséquence directe des coûts prohibitifs est aussi une réduction des vols en Concorde de la part d’Air France. A partir de 1983, les Concordes d’Air France desservent uniquement la liaison Paris-New York. Mais malgré les difficultés commerciales, les qualités techniques de l’appareil parlent d’elles-même : le vol Paris-New York s’effectue ainsi un temps record de seulement trois heures trente minutes.  
 
Parallèlement, le Concorde devient un symbole du pouvoir politique et de la présidence française. 
 
Le premier Chef d’Etat français à avoir volé dans un Concorde est le président Georges Pompidou. En 1971, il utilise ainsi cet avion pour un voyage officiel aux Açores. Pour les besoins du président, la cabine était alors transformée en bureau et comportait même des chambres à coucher.
 
Mais le président français qui incarnera le mieux l’image du président volant en Concorde fut François Mitterand. Dès son élections en 1981 et jusqu’en 1995, lors d’un dernier déplacement officiel en Chine, tous les voyages présidentiels lointains seront effectués à bord du Concorde. Un deuxième avion se tenait même toujours prêt à décoller en cas de défaillance éventuelle du premier.
 
Le 25 juillet 2000, un accident dramatique se déroule à Gonesse, en région parisienne : la premier crash du Concorde, qui fera 117 morts. Une minute trente après son décollage de l’aéroport de Paris Charles de Gaulle, l’appareil s'écrase sur un hôtel à Gonesse.
 
Bien que l’appareil ait repris le service régulier l’année suivante, en 2001, l’accident a précipité la fin des vols supersoniques. La rentabilité chute et la baisse de confiance du public auront raison de sa carrière. Le dernier vol commercial du Concorde aura lieu le 24 octobre 2003, pour British Airways. 
 
En 2010, en pleine cohabitation difficile entre le président Jacques Chirac et son Premier Ministre Lionel Jospin, deux Airbus A319 gouvernementaux, surnommés« "Chirac" et "Jospin" par les militaires de la base aérienne de Villacoublay, étaient commandés. Ceux-ci seront remplacés en 2010 par un Airbus A330-200.