Conflit des rouleurs : que disent les politiques ?

En Nouvelle-Calédonie, après plus de deux semaines de mobilisation et malgré deux tentatives avortées de protocole, le conflit des rouleurs est toujours dans l'impasse. Retour sur la position des politiques.
Concernant l'échec de la signature du protocole d'accord à l'issue de la réunion de jeudi, qui a duré une dizaine d'heures et réuni les mineurs et la SEM (Syndicat des exportateurs de minerai), en plus du gouvernement et de ContraKmine, le gouvernement et ContraKmine se renvoient la responsabilité de cet échec.

"Je rappelle et c'est important que nous avons travaillé sur leurs propositions de protocole", a commenté le président du gouvernement, Philippe Germain. "C'est le syndicat des exportateurs miniers qui a imposé un protocole et on a travaillé dessus. Nous sommes prêts à le signer, ils ont consulté leur base et devaient revenir une fois que c'était fait. Nous n'avons jamais été contacté, ni par le Haut-Commissaire, ni par eux".

Le président du gouvernement a confirmé sa position concernant le protocole. "Moi j'attends qu'ils viennent signer le protocole. On est favorable, on a trouvé les points d'équilibre. Il faut maintenant que chacun respecte ses engagements."

Du côté de ContraKmine, autre son de cloche. Pour son représentant, Max Foucher, vice-président du syndicat, c'est l'absence de Philippe Germain au retour des rouleurs à la table des négociations qui aurait fait échouer le protocole. "Ce qui s'est réellement passé, c'est que le président du gouvernement n'a pas voulu s'engager sur notre protocole d'accord", a déclaré Max Foucher.

Ecoutez les propos de Philippe Germain et Max Foucher au micro de Claudette Trupit pour NC1ère La Radio :

ITW Germain Foucher 21/08/15


Pour la maire de Nouméa, Sonia Lagarde, la situation, avec la grève des rouleurs et les nombreux blocages qui paralysent le pays, a assez duré.

"J'ai proposé au Haut-Commissaire d'enfermer tout ce petit monde, sans portable, sans boire, sans manger", a-t-elle déclaré. "Le protocole a quasiment réussi et il a capoté au dernier moment. Donc peut-être qu'aujourd'hui, les gens sont prêts. Il faut les enfermer, il n'y a que comme ça que ça marche. Parce que ça a trop duré."

Ecoutez les propos de Sonia Lagarde au micro de Claudette Trupit pour NC1ère La Radio :

ITW Lagarde 21/08/15


Sur le fond, on constate des divergences au niveau des politiques entre une politique menée par la Province Nord, opposée à une politique décrite comme "libérale" par la Province Sud.

Le président du Congrès, Thierry Santa, souligne ainsi un "problème d'affrontement de deux politiques". "D'un côté, une politique minière qui s'avère aujourd'hui d'un côté une politique plus dirigiste, plus contrôlée, que veut nous imposer la Province Nord, avec une volonté d'interdire toute exportation de minerai, quelle qu'elle soit, en dehors de l'utilisation de la SMSP", explique-t-il. "D'un autre côté, une politique qui est la notre, plus ouverte, plus entrepreneuriale, plus respectueuse des libertés du commerce, des entreprises et des sociétés."

Ecoutez les propos de Thierry Santa au micro de Martine Nollet pour NC1ère La Radio :

ITW Santa 21/08/15


Du côté des politiques, plusieurs voix se font entendre pour demander l'autorisation des exportations de minerai vers la Chine, point jugé comme essentiel dans le conflit qui oppose les mineurs au gouvernement.

"Si le point central qui nous permet de sortir de cette impasse, c'est l'exportation du petit minerai vers la Chine, dans les semaines ou les ours qui viennent, alors allons-y, pour tenter de trouver un compromis autour de cette problématique-là," commente Roch Wamytan (groupe FLNKS). "Il faut aussi se mettre d'accord sur l'interprétation que nous avons les uns, les autres, sur le schéma minier concernant l'exportation."

Ecoutez les propos de Roch Wamytan au micro de Claudette Trupit pour NC1ère La Radio :

ITW Bernut 21/08/15


"Ils [le gouvernement, NDLR] se fondent sur des arguments comme le schéma de mise en valeur des richesses minières ou des montants à l'exportation, qui sont contradictoires par rapport à ceux que les mineurs et les rouleurs avancent", commente Grégoire Bernut (Républicains). "Il faudrait, pour être capable de résoudre ce problème, autoriser ces exportations de latérites vers la Chine, encore une fois dans des quantités limitées, pour des teneurs limitées, pour des durées limitées".

Ecoutez les propos de Grégoire Bernut au micro de Martine Nollet pour NC1ère La Radio :

ITW Bernut 21/08/15


De son côté, le Haut-Commissaire Vincent Bouvier a rappelé son rôle de représentant de l'Etat dans ce conflit et encouragé à la poursuite du dialogue. "Il faut que chacun fasse un pas et qu'on continue à avancer dans cet esprit de discussion, de compromis, de dialogue, de consensus", déclare-t-il. "En tant que représentant de l'Etat, j'ai parfaitement conscience de mes responsabilités. Quelle que soit la méthode utilisé, la question est d'en sortir".

Le Haut-Commissaire a toutefois envoyé un message concernant les blocages qui ont paralysé une grande partie du territoire ces derniers jours. "Je comprends les inquiétudes des rouleurs sur une profession, sur un métier. Cependant, cette inquiétude peut s'exprimer par des moyens moins pénalisants."

Ecoutez les propos de Vincent Bouvier au micro de Martin Charmasson pour NC1ère La Radio :

ITW Bouvier 1 21/08/15

ITW Bouvier 2 21/08/15