2023, année du nickel pour l’Indonésie qui dévoile sa stratégie

Séance de négoce du nickel et des métaux industriels au LME
L’Indonésie veut un écosystème complet du nickel. Du minerai à la voiture électrique, en passant par les batteries, sans oublier l’alliage de l’inox. C'est la vision du président indonésien. Dans un marché calme, à l’approche du réveillon de fin d’année, le nickel s’apprête à finir 2022 sur un gain annuel de près 50 %.

Joko Widodo vante les mérites des constructeurs automobiles allemands. Le président indonésien a accordé une interview au quotidien économique Handelsblatt dans laquelle il demande ouvertement à l'industrie automobile allemande d'investir massivement en Indonésie. Il a présenté sa vision d'un futur écosystème complet du nickel, allant de l'extraction des matières premières à la voiture électrique. Le tout serait produit dans son pays.

Dans l'interview, le journaliste a également évoqué les quantités problématiques de carbone produites par l'industrie indonésienne du nickel, souvent critiquées par les écologistes. Le chef de l'État indonésien n'a pas abordé le sujet. Il a préféré évoquer les emplois et la valeur ajoutée que son pays doit à sa richesse en nickel.

Le nickel dépasse les 30.000 dollars la tonne

Le prix du nickel monte, à quelques jours de la fin de l’année, profitant de la dynamique haussière générale des métaux de base avec les espoirs de redémarrage économique de la Chine, important importateur de métaux, et du manque d'offre à venir en Occident. Le nickel bénéficie aussi de l'annonce par le groupe minier russe Nornickel de son intention de réduire de 10% sa production en 2023.

Commerzbank relève également les investissements croissants des géants chinois du secteur en Indonésie, important pays producteur, "afin d'éviter de futurs goulets d'étranglement dans les échanges à la Bourse des métaux de Londres".

"L'augmentation attendue de la production indonésienne de nickel devrait donc être expédiée principalement vers la Chine, ce qui va dans le sens des efforts déployés par le gouvernement de Pékin pour stimuler son industrie nationale des véhicules électriques", explique Thu Lan Nguyen.

En effet, de nombreux métaux comme le nickel, le lithium ou encore le cobalt sont essentiels pour la fabrication des batteries des voitures électriques, en permettant de limiter leur taille.

La situation de l'offre de nickel en Occident pourrait ainsi rester tendue, "d'autant plus qu'il existe un risque que le nickel de Russie soit également de plus en plus exporté vers l'Asie en raison du conflit en Ukraine", relève l'analyste. Il faudra suivre de près les projets et les capacités de Glencore, Vale et Trafigura, les principaux fournisseurs de l'industrie européenne des batteries électriques.

Londres, Shanghai, Chicago ?

Afin de réduire leur dépendance et de sécuriser leurs approvisionnements, les Etats-Unis réagissent. Le Chicago Mercantile Exchange (CME) pourrait introduire un contrat sur le nickel en 2023. Il séparerait le marché du nickel pour les batteries et celui pour les autres applications comme l’acier inoxydable. La tentation est là de concurrencer le LME de Londres et le SHEFE de Shanghai par une troisième place de cotation aux Etats-Unis.


Sur le LME, vers 15:30 GMT, mercredi 28 décembre, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s'échangeait à 30.584 dollars, en progression de plus de 3 %.