L'Institut de la statistique et des études économiques (Isee) vient de dévoiler de nouvelles analyses sur la population résidant en tribu. Ces analyses se basent sur le dernier recensement réalisé sur le Caillou en 2019. Voici ce que l'on peut en retenir.
1 Les "terres coutumières" sont constituées de trois types de fonciers
La terre coutumière est une catégorie de foncier instituée par la Loi organique du 19 mars 1999. Elle regroupe les terres de réserve affectées à une tribu, les terres de clans et les terres rétrocédées par l'Adraf à un GDPL, un Groupement de droit particulier local.
2 Les jeunes femmes kanak diplômées quittent de plus en plus les tribus
En l'espace de trente ans, depuis les accords de Matignon et la provincialisation, la population sur terres coutumières s'est trois fois moins développée que dans les zones urbaines ou rurales. Ainsi, le poids des tribus a diminué, passant de 29 à 22%. En 2019, la moitié des kanak vit en tribu contre 62% en 1989. Autre observation de l'Isee, les tribus se caractérisent par leur sur-masculinité. En effet, les jeunes Kanak, notamment les femmes diplômées, quittent plus facilement le milieu tribal pour rejoindre les zones urbaines. Ainsi, au sein de la communauté kanak de 18 à 44 ans, 13 500 femmes sont recensées hors tribu en 2019, pour 10 600 en tribu.
3 Les habitants des tribus toujours à l'écart des emplois "classiques"
Parmi les 40 600 personnes en âge de travailler, un peu moins de la moitié occupent un emploi dit "formel". En l'espace de trente ans, l'emploi des personnes qui vivent en tribu a peu progressé et l'écart s'est même creusé avec le reste du pays. Le taux d'emploi n'a augmenté que de deux points, passant de 40 % en 1989 à 42 % en 2019, alors que celui de l'ensemble de la Nouvelle-Calédonie a bondi de huit points. Parallèlement, le taux de chômage est deux fois supérieur en tribu. Si des habitants continuent de privilégier une économie dite "traditionnelle", basée sur un système de productions vivrières, beaucoup de Kanak concilient aussi, désormais, la vie en tribu avec un travail à proximité.
4 Le niveau de formation s'est amélioré mais le retard en termes de diplôme persiste
La part des bacheliers en tribu a été multipliée par dix, passant de 2 à 20 %, en trente ans. Néanmoins, le retard en termes de diplômes ne s'est pas comblé. En 2019, une personne sur cinq est bachelière contre une sur deux ailleurs. Plus grave, selon l'Isee, la moitié des jeunes de 16 à 29 ans, ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation.
5 1 logement sur 4 ne dispose pas d'un confort élémentaire
L'équipement des tribus a nettement progressé en trente ans. Désormais, 94 % des logements disposent de l'eau courante (contre 64 % en 1989) et 91 % sont raccordés au réseau électrique ou équipés de panneaux solaires. Toujours selon l'Isee, la moitié des ménages en tribu possèdent une voiture. Néanmoins, de réels écarts persistent puisque environ 4 500 familles, soit un quart des ménages en tribu, n'ont pas accès à ce confort élémentaire. Notamment ceux vivant dans les tribus les plus isolées.