Dans les foyers calédoniens, le smartphone est devenu un compagnon inséparable pour les jeunes. Véritable prolongement de leur vie sociale, il leur permet de partager des moments du quotidien, de consommer des contenus en masse et de suivre les dernières tendances. Mais derrière cette connectivité permanente se cachent des dangers : addiction, dérives en ligne et exposition à des contenus inappropriés. Face à ce constat, la société calédonienne s'interroge sur les mesures à prendre.
Un phénomène de société
Les réseaux sociaux occupent une place centrale dans le quotidien des jeunes Calédoniens. Ils ne se contentent pas de consommer passivement ces plateformes : ils y construisent leur identité, échangent avec leurs pairs et suivent l’actualité. Cette omniprésence des écrans redéfinit les codes sociaux. “C’est une nouvelle manière de se connecter au monde, mais cela peut aussi renforcer l’isolement dans le monde réel”, analyse un éducateur spécialisé. Selon plusieurs études, une utilisation excessive serait liée à des troubles du sommeil, une baisse de concentration et un risque accru de dépendance. Pourtant, les adolescents peinent à décrocher, tant ces outils numériques font désormais partie de leur univers.
Une consommation intensive
Le réseau social que j’utilise le plus, c’est Instagram. J’y passe environ cinq heures par jour, et ça passe très vite.
Evans, un adolescent calédonien
Comme lui, de nombreux jeunes jonglent entre Instagram, Facebook et Twitter, avec parfois une préférence marquée pour Facebook. Cette utilisation intensive des réseaux sociaux expose les adolescents à divers risques : vidéos violentes, fausses informations et cyberharcèlement. Ces phénomènes, bien que dénoncés, restent difficiles à endiguer.
Interdire les réseaux sociaux ? Une fausse solution ?
L’idée d’interdire l’accès aux réseaux sociaux pour les moins de 16 ans, comme cela a été envisagé en Australie, fait débat. En Nouvelle-Calédonie, cette solution est perçue comme inadaptée.
L'interdiction des réseaux sociaux me semble inappropriée en Nouvelle-Calédonie. Lorsque TikTok a été interdit au début des émeutes du 13 mai, on a vu des moyens de contournement mis en place par les jeunes, que ce soit via d’autres réseaux sociaux ou en créant des groupes privés d’échange.
Éric Olivier, ancien responsable de l’Observatoire du numérique
Cette tendance à contourner les interdictions représente un nouveau défi : "Le risque, c’est qu’on perde toute visibilité sur les contenus partagés dans ces groupes privés", explique Éric Olivier, ancien responsable de l’Observatoire du numérique. Une situation qui pourrait accroître les dérives sans possibilité d’intervention.
Un espoir dans l’intelligence artificielle
Malgré ces inquiétudes, les spécialistes du numérique restent optimistes. Les progrès de l’intelligence artificielle offrent des perspectives intéressantes pour réguler les contenus en ligne. Dans les prochaines années, ces technologies devraient permettre de mieux détecter les contenus problématiques, qu’il s’agisse de vidéos violentes, de fausses informations ou de propos haineux. En attendant, la sensibilisation et l’éducation au numérique restent des outils essentiels pour aider les adolescents à naviguer dans cet univers connecté, tout en les protégeant des dangers qui l’accompagnent.
Un reportage de Valentin Deleforterie et Hélèna Kambérou.