Le procès, prévu sur trois jours, en aura duré deux. La cour d'assises a rendu son verdict ce mardi après-midi dans l'affaire des coups mortels qui ont entraîné la mort de Guy Tamaï, et condamné Seleone Tuulaki à dix ans de prison.
Malia-Losa Falelavaki, avec F.T. •
[MISE A JOUR DE MARDI SOIR]
Le ministère public, comme les avocats des parties civiles, ont étayé des propos de l’accusé, notés par l’expert psychiatre. Le soir du 5 juin 2014, Guy Tamaï, homme politique connu, pose une question pendant le repas à Seleone Tuulaki: «Tu es qui, toi ? Tu viens d’où ?»
Blessé dans sa fierté
Ce dernier, qui ambitionne une place en politique, est blessé dans sa fierté. Sa légitimité auprès d’Anthony Lecren, membre du gouvernement, est mise en cause. Ce qui expliquerait le coup de pied, le seul reconnu par Tuulaki. Sauf que la victime a reçu de nombreux coups, notamment au visage.
Douze ans de prison requis
L'avocat général Pasta va requérir douze années de réclusion criminelle. De ce dernier jour de procès, il retient le moment où la veuve et la fille de la victime sont venues à la barre réclamer vérité, et justice, pour la mort de deux êtres chers. Le père, et le fils qui s’est suicidé sept mois après le décès du premier.
Dernier témoin
Plus tôt dans la journée, la cour d’assises entendait le dernier témoin du procès: l’ex-petite amie d’Anthony Lecren. Celle qui est venue le soir du 5 juin 2014 récupérer le membre du gouvernement au restaurant et déposer Seleone Tuulaki au Congrès.
Contradictions
Des contradictions ont été soulevées. Le téléphone oublié dans la voiture, argument avancé par Anthony Lecren pour expliquer son silence durant plusieurs jours, alors qu’il a bien répondu à sa petite amie. Concernant le comportement de Seleone Tuulaki ce soir-là, certains points évoqués par le témoin ont été contestés par l’accusé, surtout les propos tenus.
«L'important est là»
Après une heure de délibéré, la cour d’assises a rendu son arrêt. Seleone Tuulaki écope d’une peine de dix ans de réclusion pour coups mortels. «Pour la famille, et notamment les frères que je représente, l'intérêt était de voir reconnaître la culpabilité, réagit Maître Patrice Tehio, un des avocats des parties civiles. L'important est là, il est acquis. Maintenant, la peine qui a été infligée est assez lourde. Il s'agit de savoir quelle va être la décision du coupable quant au devenir de cette sanction.»
La défense plaidait l'acquittement
Dans ce dossier, beaucoup de doutes persistent, selon Maître Servane Garrido-Lucas, pour la défense. L’alcoolisation massive a pu provoquer la détresse respiratoire et l’arrêt cardiaque de Guy Tamaï. Seleone Tuulaki ne peut être tenu responsable, dit-elle, tout en plaidant l’acquittement.
«J'ai pour instruction de faire appel»
«J'estime que l'on n'a pas été entendus, développe l'avocate, sur les nombreuses zones d'ombre, les nombreuses pistes qui n'ont pas été exploitées, les portes qui n'ont pas été refermées. Pour moi, cette décision n'est pas du tout satisfaisante et j'ai déjà pour instruction de faire appel.» En attendant, Seleone Tuulaki, qui n’avait jamais connu la détention, passe sa première nuit au Camp-Est.