Aircalin : les scénarios de financement présentés au Congrès pour l’achat des deux nouveaux avions

L'annonce de cet achat avait suscité la polémique, en pleine crise calédonienne. Le financement des deux nouveaux avions attendus par Aircalin a été débattu au Congrès, ce mardi 18 mars. Une acquisition qui ne fait pas l'unanimité, surtout sur la forme. Or, la compagnie juge la commande indispensable pour développer son réseau long-courrier.

Se développer pour survivre. Le montant annoncé de la facture pour l’achat de deux nouveaux appareils a fait tousser : plus de quarante milliards de francs CFP. Mais selon la compagnie aérienne, l’investissement s'avère indispensable pour sortir de l’ornière.

Vers Paris via Bangkok

Aircalin aurait en effet perdu 50 % de sa clientèle en raison de la crise que traverse la Nouvelle-Calédonie, et recherche donc de nouveaux marchés. D’où la mise en service de la liaison avec Paris via Bangkok. Ouverte en décembre dernier, elle doit permettre de renouer avec le profit. 

C’est cette ligne que les deux A350-900 commandés à l’avionneur européen Airbus doivent assurer à terme. Ces appareils très longs courrier seraient livrés en 2026, pour le premier, et 2028, pour le second. Ils doivent permettent d’embarquer 35 passagers de plus et d’économiser 15 à 20% de carburant par rapport aux actuels A330 Néo.

Financement encore à sécuriser

Reste que leur financement est loin d’être assuré. La compagnie a besoin d’emprunter entre 14 et 24 milliards de francs, selon les scénarios. Des options qui ont été développées ce mardi matin au Congrès, lors d'une séance plénière à huis clos. La présentation a été faite par les représentants d'Aircalin et de l'Adeanc, l'agence pour la desserte aérienne. Les syndicats de la compagnie ont également été auditionnés, ainsi que le syndicat des agences de voyage.

La synthèse de Charlotte Mannevy

©nouvellecaledonie

Après la séance, les réactions politiques

Suite à cette session spéciale avions, NC la 1ère a recueilli la réaction des groupes.

  • Brieuc Froger, Loyalistes
    "On a eu un vrai débat sur la forme parce qu'il y a un manque de transparence, mais pas de la direction générale d'Aircalin. On a un souci avec la courroie de transmission, le membre du gouvernement en charge du secteur aérien international [qui était alors Gilbert Tyuienon]. Tout a été fait de manière très opaque, sans que le Congrès de la Nouvelle-Calédonie soit informé (…) On a besoin d'éléments."

  • Philippe Michel, Calédonie ensemble
    "Ce qu'on nous a expliqué, c'est que la décision d'aller jusqu'à Paris était justifiée par le sauvetage de la compagnie et des emplois. Ce qu'on nous explique, c'est que pour aller à Paris, les A330, ce n'est pas bien, il faut acheter des A350. Que tout cela est sans risque et que la garantie de la Nouvelle-Calédonie ne sera pas demandée. Sauf que tout ça, il ne suffit pas de le dire,  il faut le démontrer. Ce sera l'objet des prochaines commissions plénières." 
     
  • Omayra Naisseline, UC-FLNKS et Nationalistes
    "On comprend qu'il y a eu des événements. À situation exceptionnelle, prise de décision exceptionnelle. Aujourd'hui, les résultats sont là. Le conseil d'administration a eu raison d'acter cette agilité et de ne pas attendre les décisions politiques, même si de nombreuses commissions ont fait l'objet de présentations de la stratégie d'Aircalin 2030." 

  • Virginie Ruffenach, Rassemblement
    "Ce qui est malheureux dans cette situation, c'est que la forme et la méthode employées par l'ancien membre du gouvernement [ont] mis l'ensemble des élus dans une situation très conflictuelle, vis-à-vis de ce projet. À aucun moment, ils n'ont été associés. Or, les élus représentent le peuple et le peuple finance par ses impôts. Néanmoins, il y a de véritables arguments."

  • Vaimu'a Muliava, Éveil océanien
    "Je crois que ça pose la question fondamentale des processus décisionnels en gestion de crise. On a tendance à oublier qu'il y a eu une période avant le Covid, pendant le Covid, doublée de la crise du 13 mai. C'est dans ce contexte qu'a été prise cette décision pour répondre à des besoins urgents."