Au lendemain du premier vol commercial d’Aircalin reliant Nouméa à Paris via Bangkok, la compagnie calédonienne a annoncé l’achat de deux Airbus A350-900 pour environ 600 millions d’euros. L’A350-900 permettra à la compagnie calédonienne d’emporter environ 35 passagers de plus par vol et d’économiser entre 15 et 20% de carburant par rapport à ses avions actuels. La première livraison est prévue fin 2026, la seconde en 2028. La flotte de la compagnie comporte pour l’instant deux Airbus A330neo et deux Airbus A320neo. L’un des deux A330neo sera revendu quand les deux nouveaux appareils seront livrés.
"C’est une volonté stratégique de vouloir renouveler la flotte au moment où on fait une route comme le Nouméa-Paris, explique Georges Selefen, le directeur général d’Aircalin. C’est intimement lié à cette route extra long courrier : l'A350-900 est l’appareil le plus adapté pour le faire."
Tourisme et continuité territoriale
À terme, Aircalin disposera de trois avions très long-courriers. Ils doivent servir deux objectifs principaux : assurer la continuité territoriale et développer le tourisme sur l’archipel en s’appuyant sur la nouvelle liaison avec Bangkok. "La route sibérienne est fermée avec la crise russo-ukrainienne, décrypte Georges Selefen. La route Bangkok est devenue une évidence : on le fait en moins de 24h avec deux heures d’escale."
"Notre objectif cette année, c’est de renforcer notre part de marché sur les longs porteurs", explique Wouter Van Wersch, vice-président international d’Airbus, qui se dit "très fier d’avoir été choisi" par Aircalin. Le constructeur développe des avions capables de rester très longtemps en vol. La première liaison sans escale entre l’Australie et l’Angleterre est prévue pour les environs de 2026. De quoi envisager à terme une liaison directe entre Paris et Nouméa ? "Bien sûr on travaille dessus, commente Wouter Van Wersch. Le vol très long courrier, comme on va le faire entre l’Australie et l’Angleterre, c'est très important. C’est vrai que la Nouvelle-Calédonie, c’est très loin de la France. Il va falloir, techniquement, voir si c’est possible, on continue à améliorer nos avions. Le futur nous dira si c’est possible ou pas."
"Développer d'autres filières"
"Ce qui est essentiel pour la Calédonie, c’est une liaison avec l’Hexagone", estime le sénateur calédonien Georges Naturel, qui voit dans le développement d’Aircalin une chance pour le tourisme. "On a privilégié notre activité économique pendant plusieurs années sur le nickel. C’est un élément important de nos ressources, mais il est essentiel aujourd’hui, on l’a vu avec la crise du nickel, de développer d’autres filières économiques : je pense au tourisme, comme à l’agriculture, etc", liste-t-il.
"Depuis 2020 avec les crises du covid, les crises du nickel, l’année particulière que nous avons vécue dans le pays, c’est important d’ouvrir des perspectives, de proposer des passerelles pour permettre à notre pays, à notre peuple, de s’émanciper", commente Mickaël Forrest, chargé de la jeunesse et des sports au sein du gouvernement calédonien, l'actionnaire principal de la compagnie calédonienne. Même si la situation économique du territoire est particulièrement difficile, il se dit "confiant" dans la capacité du gouvernement à "créer les conditions pour que la relance puisse se faire".