La Nouvelle-Calédonie dispose de presque un quart des réserves mondiales de nickel, et trois usines de traitement du minerai toutes déficitaires depuis dix ans. Elles sont parmi les seules au monde à ne pas gagner d’argent. Les coûts de production du minerai transformé en métal sont ici bien plus élevés qu’ailleurs. Notamment à cause d’une main-d’œuvre et d’un tarif de l’énergie plus cher que presque partout.
En mars dernier, Gérald Darmanin rappelait que l’État français avait injecté plus de 250 milliards de francs CFP en six ans pour aider les entreprises locales en difficulté, appelant déjà à la définition d’un nouveau projet industriel. Emmanuel Macron a insisté sur ce dernier point lors de son discours adressé aux Calédoniens ce mercredi à Nouméa. "Pour être compétitif, il faut faire deux choses, a-t-il souligné. Il faut bouger la doctrine nickel parce que s’il y a zéro export, il y a peu de chances que ce soit compétitif pour ces trois usines. Et il faut un peu bouger les équilibres de production."
Un débat politique
La doctrine nickel édictée en 2015, par les indépendantistes, vise à maîtriser la ressource, à transformer localement le minerai en nickel et à suspendre les exportations de minerai brut valorisables en Calédonie. Il s'agit d'une vision politique pour la nationalisation de la ressource. Elle unissait alors Calédonie ensemble et le Palika, tandis que le Rassemblement et l’Union calédonienne étaient favorables aux exportations de minerai.
En attendant le diagnostic de la filière nickel, demandé par le ministre Darmanin à l’inspection générale des finances et au Conseil général de l’économie pour apporter les perspectives sur une nouvelle orientation stratégique, le débat doit d’abord être politique. Et ce, dans le but de trouver un consensus autour du nickel, vecteur de l’émancipation économique des indépendantistes et garant de l’équilibre économique du pays.
Une analyse d'Erik Dufour