Après 30 ans de carrière, l'artiste Adjé prend le large

Arrivé en Calédonie à l’âge de 17 ans, le sculpteur d’origine franco-palestinienne tourne la page d’une carrière au long cours. Avant de larguer définitivement les amarres de la culture, il livre une dernière expo jusqu’au 31 octobre, au château Hagen. 
L’histoire d’amour entre Adjié et son public ressemble à la célèbre chanson de Serge Rezvani, interprété par l’actrice Jeanne Moreau, Le tourbillon de la vie. Depuis 30 ans, ils se rencontrent autour d’une exposition, se séparent le temps de la création, puis se retrouvent dans une galerie, sur un îlot ou un bout de trottoir.
Un tourbillon artistique qui s’achève au château Hagen : Adjé y présente une quinzaine de pièces, des oiseaux, des femmes et des poissons, bien sûr. « En peinture, déjà, je faisais des poissons, souligne l’artiste. C’est un truc qui me plaît. Il n’y a pas de limites à la diversité et à l’imaginaire des poissons. Il y en a des milliers… »
Les poissons, sujet fétiche de l'artiste
 

Une matière sans fard

Autre constante : le travail du métal, avec une nette préférence pour l’inox, une matière précieuse et exigeante. 
« A l’inverse du fer, c’est un métal où tu ne peux pas tricher. Tu ne peux pas rajouter de la peinture, il n’y a pas de patine, il n’y a rien qui adhère dessus. C’est un métal qui ne rouille pas, qui garde toujours le même aspect, plus ou moins. J’aime bien parce que c’est un peu l’équivalent du bois. Sur le bois, tu fais une erreur, tu as perdu ta pièce. Avec l’inox, l’erreur n’est pas permise non plus. »

Tu ne peux pas camoufler une soudure avec l'inox. Il n’y a pas de triche. C’est cash. 

Adjé

Un défenseur de la nature

Cash, comme l’artiste qui sans cesse rend hommage à la beauté de la nature et dénonce sa destruction. « Celui qui ne voit pas le massacre que l’on fait, c’est quelqu’un qui ne voit rien en fait. Tout fond, tout disparait, la mer monte. Bientôt, on ne va plus avoir de terre… Vous savez nagez ? », interroge Adjé avec humour et impertinence.
Adjé, lui, sait nager et s’apprête à prendre le large. Il nous offre en cadeau d’adieu une dernière exposition. « Je me sépare du public, qui m’a toujours été fidèle, qui m’a soutenu. Je le remercie mais il n’y a plus moyen de jouer. Je prends le large du public, en fait. » Bon vent l’artiste. Tu nous manques déjà...