Après le chaos : le procès du nickel aura bien lieu.

Matthew Chamberlain est le directeur-général de la Bourse des métaux de Londres (LME)
Il était inévitable qu'à un moment donné, la Bourse des métaux de Londres se retrouve face à des actions en justice pour sa décision de suspendre puis d'annuler les transactions sur le nickel dans la nuit du 7 au 8 mars.

Le cours du nickel était devenu fou. La perspective de sortie du marché international de la production russe, en raison d'un potentiel embargo sur ses métaux lié à la guerre en Ukraine, avait provoqué de fortes inquiétudes sur un marché du nickel déjà tendu, en raison de stocks au plus bas.

Indemnités

La première de ces poursuites a maintenant été déposée, les sociétés affiliées au fonds spéculatif américain Elliott Management Corp demandent plus de 456 millions de dollars à la Bourse des métaux basée à Londres.

Le fonds a porté plainte contre la Bourse des métaux de Londres (LME) au Royaume-Uni pour avoir annulé une journée d'échanges en pleine panique sur le marché du nickel en mars, ont affirmé les deux groupes.

Chaos

Dans des échanges chaotiques au début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le nickel avait connu une journée folle le 8 mars avec un prix décuplé à plus de 100.000 dollars, contre un peu plus de 20.000 dollars au début de l'année. 

Ce vent de panique avait conduit le LME à recevoir à Londres des industriels présents en Nouvelle-Calédonie face à l'éventuelle rupture des livraisons russes.

L'extrême volatilité des cours avait été provoquée par le pari à la baisse malheureux d'un géant chinois du nickel, qui avait été contraint de liquider sa position en achetant coûte que coûte des contrats à terme.

Défense

Le LME avait tout simplement annulé les échanges de la séance, une mesure vivement critiquée par des investisseurs et qui a déjà attiré l'attention des régulateurs britanniques. "Elliott estime que quand le LME a annulé les échanges de nickel du 8 mars 2022 il a agi de façon illégale et au-delà des pouvoirs qu'il possède", a expliqué un porte-parole du fonds d’investissement joint par l'AFP.

La Bourse des métaux de Londres, une des plus anciennes institutions financières de la City crée il y a près d'un siècle et demi, avait argué qu'il était nécessaire d'agir car certains des participants du marché risquaient la faillite, ajoutant que plus personne n’achetait de nickel à ce prix-là et qu’il fallait rétablir un cours réaliste même face à un risque de pénurie.

Les échanges ont été annulés "pour ramener le marché au dernier instant auquel le LME était certain qu'il fonctionnait de manière cohérente", poursuit le LME dans un commentaire envoyé à l'AFP. "Le LME a constamment cherché à agir pour le bénéfice du marché (…) et se défendra vigoureusement." 

Une seconde société commerciale américaine, Jane Street, a décidé, elle aussi, de porter plainte. Elle réclame 15,3 millions de dollars au LME.