Les artistes calédoniens réclament une redevance pour copie privée

Manifestation devant le gouvernement pour demander l'instauration d'une redevance pour copie privée, en 2016.
En Nouvelle-Calédonie, de nombreux artistes ont manifesté ce mercredi matin devant le gouvernement pour réclamer l'instauration de la redevance pour copie privée. Ce dispositif, qui permettrait aux créateurs de bénéficier de revenus supplémentaires, est demandé par la SACENC depuis 2008.
Aujourd'hui, avec le développement technologique de ces dernières décennies, rien de plus facile pour le tout venant que de copier de la musique sur un CD vierge ou une clé USB, ou encore de filmer ou de prendre en photo une oeuvre avec un smartphone. Si certains s'accordent pour dire que cette évolution a permis de rendre la culture plus abordable, la question de la redevance en faveur des auteurs et de leurs producteurs se pose réellement. 
 
"On est à l'ère du numérique, de l'impalpable, tout se passe sur Internet et sur des supports", commente le chanteur calédonien Rémy Villemain-Goyetche. "Il est de plus en plus difficile de vendre des albums. On voit au fil des années les ventes d'albums qui chutent".
 
"En Nouvelle-Calédonie, c'est difficile, premièrement parce qu'on n'a pas une grande population, donc on est obligé d'avoir un travail à côté", explique Dick Buama, chanteur et membre de la Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Nouvelle-Calédonie (SACENC). "La copie, c'est une redevance, c'est un droit pour nous. Beaucoup de gens mangent grâce à la musique, mais pas les artistes. Pas ceux qui créent la musique, mais ceux qui utilisent la musique, les restaurateurs, les boîtes de nuit...".  
 
Ecoutez les propos de Dick Buama au micro de Malia Noukouan pour NC1ère : 

ITW Buama 281216

En métropole, la rémunération pour copie privée a été introduite en 1985. Il s'agissait de préserver l'intérêt des créateurs mais aussi celui des consommateurs. En effet, on n'interdit pas au consommateur de copier pour son utilisation personnelle, mais on instaure une rémunération sensée composer la perte de revenus entraînée par une copie.
 
Concrètement, cette rémunération est collectée auprès des fabricants et importateurs d'appareils permettant de copier des oeuvres. La liste de ce type d'appareils est assez étendue : clés USB, CD ou DVD vierges, smartphone, tablette, etc. Ensuite, le fabricant et l'importateur répércutent cette rémunération sur le prix de vente de leur appareil, ce qui fait que le consommateur final paie une partie de cette redevance.    
 
Sur le Caillou, il n'existe encore aucune réuméneration pour copie privée. Pourtant, la SACENC réclame une version locale de ce dispositif depuis déjà 2008.
 
"L'objectif qu'on souhaiterait atteindre en 2017, c'est la mise en place d'une commission paritaire composée de redevables et de bénéficiaires de la copie privée, et qui aura pour mission de fixer les supports et les barêmes de cette redevance pour que la SACENC puisse ensuite percevoir cette redevance en Calédonie", commente Evariste Wayaridri, Directeur Général de la SACENC.
 
Ecoutez les propos de Evariste Wayaridri au micro de Malia Noukouan pour NC1ère : 

ITW Wayaridri 281216

 

"C'est une manne supplémentaire, qui pourra par répartition au niveau du gouvernment gonfler l'enveloppe de la culture qui était amoindrie depuis quelques temps", conclut Rémy Villemain-Goyetche. "Et surtout pour les artistes, on espère, une nouvelle manne qui permettra de vivre un peu plus décemment".
 
Ecoutez les propos de Rémy Villemain-Goyetche au micro de Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry pour NC1ère : 
©nouvellecaledonie

 

Selon une étude organisée par l'Observatoire du numérique, cette redevance pourrait générer sur le Caillou 200 à 300 millions par an de recettes brutes.

Des images de la manifestation de ce mercredi 28 décembre 2016 devant le Gouvernement de Nouvelle-Calédonie par Gaël Detcheverry pour NC1ère :
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