A Sudbury, la longue grève des travailleurs canadiens du nickel est terminée

Une pièce géante de 5 cents en nickel, symbole de la ville de Sudbury en Ontario au Canada
Les travailleurs syndiqués de la mine et de la fonderie géante de Vale à Sudbury ont voté à 85 % pour les dernières propositions de la multinationale, mettant fin à une grève de 2 mois.

Les travailleurs de la mine, de l'usine et de la fonderie de Sudbury, en Ontario, se sont mis en grève le 1er juin, pour la première fois depuis dix ans. Il s'agit du plus long conflit dans le secteur du nickel au Canada. En 2006, Vale avait absorbé le producteur minier et métallurgique Inco dont il a repris les activités. Inco fut à l’origine du projet de l’usine du Sud de la Nouvelle-Calédonie.

Sudbury et ses visiteurs calédoniens

Dans le courant des années 2000, plusieurs centaines de calédoniens sont partis se former aux métiers de la mine et de la métallurgie chez Inco (Vale) et Falconbridge (Glencore) à Sudbury en dépit des rigeurs de l'hiver et de températures pouvant atteindre -30 degrés. Auparavant, en juin 1994, une délégation du FLNKS et de la SMSP avait visité les installations industrielles de la ville au lendemain de la signature à Toronto de l'accord de pré-faisabilité de l'usine du Nord avec Falconbridge, aujourd'hui Glencore.

Fin de grève chez Vale à Sudbury

A Sudbury, la capitale canadienne du nickel, le fond de l’air n’est plus rouge. Les membres de la section locale 6500 des Métallos (United Steelworkers Local 6500) ont ratifié un accord de 5 ans et reprendront le travail lundi prochain, indique un communiqué publié mardi sur le site Internet du syndicat. 

"Les membres du comité de négociation de la section locale 6500 des Métallos ont déjà prouvé qu'ils sont des comparses de l'entreprise achetés et payés par Vale" a dénoncé le World Socialist Web Site (WSWS) animé par des métallurgistes et militants trotskystes canadiens très actifs dans le conflit. Après deux moins de grève, la multinationale a finalement cédé sur la plupart des revendications syndicales.

Vale a présenté un calendrier de retour à la production qui ne verra pas le site de Sudbury pleinement opérationnel avant plusieurs semaines, quand la maintenance en cours dans les mines et les usines sera terminée. La montée en puissance commençant en septembre, a déclaré la société depuis son siège à Rio de Janeiro

Pour séduire, Vale annonce qu'il va investir

Pour montrer sa bonne volonté et sans doute aussi pour peser avant le vote des grèvistes, Vale avait annoncé la veille un investissement de 150 millions de dollars dans l'infrastructure industrielle de Sudbury pour prolonger de 10 ans la durée de vie de son exploitation minière de Thompson. La société indiquant qu’elle effectuerait également des forages d'exploration pour potentiellement prolonger la durée de vie de la mine au-delà de 2040. Le grand gisement de Thompson a été découvert en 1956 par Inco (Vale). L'exploitation minière a commencé en 1961.

Vale a confirmé que les employés retourneraient au travail la semaine du 9 août, la production augmentant progressivement dans les semaines à venir.

"Les deux derniers mois ont été difficiles pour tout le monde", a déclaré Dino Otranto, directeur de l'exploitation des opérations de Vale, avant de poursuivre : "Nous sommes ravis que l'entreprise et le syndicat aient pu trouver un terrain d'entente et une voie à suivre. Nous avons de nombreuses opportunités devant nous, avec le marché croissant des véhicules électriques. Le nickel, le cuivre et le cobalt que nous produisons sont des métaux essentiels pour parvenir à un avenir à faible émission de carbone. Ce que nous produisons, et comment nous le produisons, compte et notre succès collectif à l'avenir nécessitera une collaboration pour faire de cette entreprise un succès pour nous tous" a conclu M. Otranto.

Les propositions de Vale

La nouvelle offre de la multinationale " a donné du grain à moudre" pour reprendre la formule d’André Bergeron l’ancien secrétaire général de F.O. Vale accorde aux salariés de Sudbury le maintien des prestations de santé post-retraite payées par l’entreprise, une augmentation des salaires de six pour cent sur cinq ans, en plus des rajustements au coût de la vie, un paiement de reconnaissance de 2 500 $ pour les efforts déployés pendant la pandémie, une prime à la signature de 3 500 $, à payer en septembre. Un syndicaliste de Vale a déclaré, sous couvert d'anonymat, que l'augmentation des salaires était juste, voire optimale, et qu'elle "se rapproche de la norme de l'industrie".

La grève de 2 500 travailleurs à Vale a fait perdre  des millions de dollars à l'économie de Sudbury, selon un professeur d'économie de l'Université Laurentienne de Sudbury.

Le risque de pénurie recule. Anticipant un retour à la normale sur le front de la production du nickel au Canada, le LME de Londres a réagi. Le cours du métal a baissé de 1,42% à 19 252 dollars.

Mine de nickel souterraine de Vale à Sudbury en Ontario