Un tel changement permettrait aux quelque 900.000 personnes qui s'identifient comme indigènes, sur les 25 millions d'habitants que compte l'Australie, d'être représentés au Parlement et d'avoir ainsi leur mot à dire sur l'élaboration des politiques nationales.
Les indigènes australiens ne figurent pas dans la Constitution adoptée en 1901 et toute modification était sujette à controverse politique. Le gouvernement de centre-gauche élu en mai avait promis d'organiser un référendum sur la question.
A l'occasion d'un festival traditionnel mercredi, le premier ministre Anthony Albanese a souhaité "réaffirmer, fièrement et clairement, la volonté de (son) gouvernement d'inscrire une voix indigène au Parlement dans la Constitution australienne".
Réactions politiques
Selon Anthony Albanese, ce changement pourrait aider l'Australie à "se réunir en tant que nation et à saisir la main tendue" par les indigènes. Le lobby Reconciliation Australia a estimé qu'inscrire cette proposition dans la Constitution éviterait aux indigènes d'être "réduits au silence" par un gouvernement différent et désireux de revenir sur ce changement.
Le Parti national d'Australie, une formation conservatrice mineure, a déjà annoncé qu'il ferait campagne contre cette "voix". Le Parti libéral, de centre-droit, principale force d'opposition, ne s'est pas encore prononcé. Certains critiques ont qualifié ce projet de "nouvelle couche de paperasse bureaucratique" et se sont montrés sceptiques quant à ses effets réels sur la communauté indigène.
Deux précédents existent dans d'autres pays, la Norvège et le Canada, qui ont amendé leur Constitution dans les années 1980.
De fortes inégalités perdurent
Selon le musée national, les Indigènes australiens se sont installés il y a 65.000 ans mais souffrent de discrimination depuis la fin du XVIIIe siècle, marquée par l'arrivée des colons britanniques et le début de l'oppression. Jusqu'aux années 1960, le droit de vote leur était refusé dans quelques Etats et territoires australiens.
Les inégalités sont toujours fortes : cette minorité est confrontée à des conditions de vie plus difficiles, avec un moindre accès aux soins, à l'éducation, une espérance de vie plus faible et des salaires plus bas. Selon la Commission des lois australienne, elle représente 27% de la population carcérale, contre 2% de la population nationale.